Un appel à l’action pour l’agriculture

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La nécessité de nourrir l’Afrique et le monde suppose un meilleur accès aux financements mixtes dans l’agriculture, la recherche de la résilience climatique, l’innovation et l’intégration régionale.

La Chambre de commerce Union européenne-Afrique (EUACC) a détaillé son programme de financement destiné à transformer l’agrobusiness continental, doté de 100 millions d’euros. Ce, lors d’un forum intitulé « Financer l’agro-transformation en Afrique » qui s’est déroulé en marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement.

L’urgence est évidente : le financement des systèmes agroalimentaires, qui était déjà insuffisant, n’a pas augmenté de manière substantielle ces dernières années, regrette la FAO dans une étude publiée début mai. À l’échelle mondiale, les flux totaux de financement agroalimentaire restent inadéquats et sont également fragmentés dans leur ciblage des pays et des personnes les plus exposés aux crises alimentaires.

Dans de nombreux pays, les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables ne bénéficient finalement que d’une très faible part des financements, juge la FAO.

L’alourdissement de la dette publique et la réduction de la marge de manœuvre budgétaire compliquent les investissements publics. Et la FAO d’alerter sur l’importance de la quatrième Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet 2025. Celle-ci « devra donner la priorité à l’augmentation des investissements dans la transformation des systèmes agroalimentaires », juge l’institution onusienne. « Les systèmes agroalimentaires sont un pilier essentiel de l’économie mondiale, générant une valeur économique importante et fournissant des emplois à plus d’un milliard de personnes, ce qui en fait la première source d’emplois et de moyens de subsistance dans le monde. »

Les investissements dans la transformation des systèmes agroalimentaires pourraient générer des avantages économiques mondiaux d’au moins 5 000 milliards de dollars par an, tout en fournissant des ressources essentielles pour la prévention et l’atténuation des crises alimentaires.

 

 

En Afrique, le déficit de financement du secteur agricole est estimé à 65 milliards $. Aussi, le forum d’Abidjan a-t-il été marqué par un « Appel à l’action » autour de dix piliers prioritaires, dont l’accès aux financements mixtes, la résilience climatique et l’innovation portée par les jeunes et intégration régionale. Un document stratégique sera présenté à l’occasion de la COP30 prévue en novembre 2025 au Brésil.

 

 

Une voie stratégique vers la résilience

Pour les organisateurs du forum, les membres de l’EUACC, le message était clair : « Assurer l’avenir agricole de l’Afrique nécessite des stratégies de financement audacieuses, des solutions inclusives et un engagement régional fort. »

Cet « Appel à l’action » est directement aligné avec le programme Financing Agribusiness Finance de l’EUACC (véhicule de 100 millions d’euros en financement mixte) et le programme Youth Empowerment for a Sustainable Future (YES) qui envisage de soutenir un millier de jeunes via des laboratoires d’innovation, des bootcamps et un fonds de démarrage.

À noter qu’au cours du Forum, Une session a permis de mettre en lumière huit projets agricoles à fort potentiel. Le prix du meilleur projet a été décerné à Mathila Soumahoro (Côte d’Ivoire) pour son initiative en aquaponie durable, combinant élevage aquatique et culture hors-sol. Son projet, comme plusieurs autres, a été intégré dans le portefeuille d’investissements de l’EUACC et bénéficiera d’un accompagnement technique et d’un appui au financement.

 

 

« Financer l’agrobusiness n’est pas seulement une opportunité économique, c’est une voie stratégique vers la résilience, la durabilité et la croissance inclusive de l’Afrique », commente Sonia Toro, directrice exécutive, de l’UEACC.

 

Pour la FAO, « il est essentiel de promouvoir un processus de transformation des systèmes agroalimentaires plus durable, plus efficace et plus inclusif pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), notamment la réduction de la pauvreté et des inégalités, la promotion d’une bonne santé et l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets ».

L’organisation sise à Rome considère que le ciblage des financements destinés à la transformation des systèmes agroalimentaires au sein des pays « doit être amélioré ». Car dans de nombreux pays, les personnes les plus pauvres et les plus vulnérables ne bénéficient finalement que d’une très faible part des financements.

Les petits exploitants agricoles, les femmes, les jeunes et les autres populations marginalisées des zones rurales dépendent davantage des systèmes agroalimentaires pour leur subsistance et sont les plus susceptibles d’être touchés par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, mais ils sont souvent hors de portée des flux financiers destinés au secteur.

En outre, le financement climatique destiné aux systèmes agroalimentaires provient encore principalement des donateurs, le secteur privé ne contribuant qu’à hauteur de 5 %. « Des réformes du financement des systèmes agroalimentaires sont nécessaires pour remédier à ces lacunes », en conclut la FAO.

@AB

Source: NewAfrican/Le Magazine de l’Afrique

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