En Algérie, les tensions sociales sont atténuées grâce aux recettes des hydrocarbures. Mal gérées et mal ciblées, ces subventions ne profitent pas toujours aux plus démunis.
L’Algérie est classée parmi les pays où le prix du carburant est le moins cher au monde. Or, conserver cette politique coûte de plus en plus cher. La différence du prix à la pompe avec les pays voisins fait que de grandes quantités de carburants traversent quotidiennement les frontières vers le Maroc et la Tunisie, sans compter les pays riverains du Grand Sud.
Il en est de même du prix de l’électricité/gaz, avec une différence entre le prix aux ménages et celui aux clients industriels.
Un rapport du ministère de l’Énergie montre clairement qu’à cette allure, la consommation intérieure en énergie classique risque de dépasser les exportations actuelles en 2030.
Abdelmadjid Tebboune vient d’ordonner une régularisation globale et définitive des commerçants du cabas, qui ne doivent plus être considérés comme des importateurs illégaux, mais comme des acteurs à part entière de l’économie nationale.
Les subventions du prix du pain, de la semoule et du lait.
Bon nombre d’Algériens vivent dans la pauvreté, se nourrissant essentiellement de pain et de lait, reflet de la fracture sociale.
Les subventions de l’eau
Son prix de cession demeure faible malgré des coûts croissants pour l’eau dessalée qui nécessite de lourds investissements, problème aggravé par les déperditions du réseau de distribution.
Les subventions de la santé
On se soigne gratuitement dans les hôpitaux publics, sans compter le coût des prises en charge à l’étranger.
Les subventions des transports
Le transport par rail est subventionné. Air Algérie souffre d’une gestion défectueuse et de sureffectifs. Les compagnies étrangères s’alignant sur les prix élevés d’Air Algérie bénéficient d’une rente de monopole.
Les subventions pour le soutien au logement social et à l’emploi
Les subventions s’appliquent également au logement social. L’entreprise qui recrute bénéficie d’importantes facilités financières et fiscales, ainsi que de substantiels abattements.
Les subventions aux étudiants
Les subventions à la restauration et à l’hébergement de 2 à 3 millions d’étudiants à travers les œuvres universitaires et sociales.
Nous avons aussi l’allocation chômage et les exonérations fiscales et de TVA accordées aux investisseurs.
Intégrer les jeunes opérant dans la sphère informelle
D’une manière générale, le ciblage des subventions suppose une large concertation sociale, et un système d’information fiable en temps réel. Une enquête précise sur la répartition du revenu national et du modèle de consommation doit être menée afin de déterminer le pouvoir d’achat de chaque catégorie sociale, notamment les couches défavorisées, tout en ne pénalisant pas les couches moyennes par un nivellement par le bas. L’instauration d’une chambre nationale de compensation indépendante, devrait permettre des subventions ciblées, par un système de péréquation intra socioprofessionnelle et interrégionale.
Une importante décision a été prise le 18 mai 2O25 par le président de la République concernant les commerçants du cabas, opérant dans la sphère informelle. En majorité des jeunes, ils importent à petite échelle des marchandises pour les revendre sur le marché local, souvent dans une situation précaire, sans statut légal clair, ce qui les expose à des saisies fréquentes de leurs marchandises aux ports et aéroports. Tenant compte de la réalité, le Abdelmadjid Tebboune a décidé de mettre fin à cette précarité en ordonnant une régularisation globale et définitive des commerçants du cabas ; ils ne doivent plus être considérés comme des importateurs illégaux, mais bien comme des acteurs à part entière de l’économie nationale. Il s’agit de leur attribuant un statut officiel d’acteur économique afin de leur permettre de bénéficier de droits sociaux et commerciaux reconnus par la loi, en particulier celle relative à l’entrepreneur individuel.
La raison est que ces jeunes entrepreneurs au sens propre du terme jouent un rôle important pour l’approvisionnement de produits de consommation courante qui satisfont une demande solvable selon la loi du marché, en investissant leurs faibles moyens dans une activité souvent informelle, mais essentielle pour une grande partie de la population du fait de la faiblesse de la production nationale. Dans ce contexte, le Président a chargé le Premier ministre de constituer rapidement une commission spéciale qui aura pour mission de définir précisément les mécanismes d’activité des commerçants du cabas, notamment en déterminant quels produits ces jeunes pourront importer et ce en conformité avec les règles fiscales et commerciales du pays.
Les pressions du FMI et de la Banque mondiale
Cette mesure va dans le bon sens. Elle apaise les tensions sociales. La crise du logement de son côté renforce la solidarité familiale (même marmite, charge en commun, salaire collectif). Désormais, la priorité absolue est de relancer la machine économique. Mais on ne peut absolument pas à court terme aligner les prix sur ceux du marché international car le salaire moyen national mensuel net est de 58 400 dinars, soit moins de 20 % du salaire moyen européen.
De son côté, la Banque mondiale a fait remarquer qu’en moyenne dans le monde, 20 % des plus riches bénéficient six fois plus que 20 % des plus pauvres des subventions. Elle recommande que les programmes d’aide sociale soient ciblés de manière à aider les ménages pauvres et vulnérables. Pour l’Algérie, la même institution note que les montants des subventions sous forme de comptes spéciaux du Trésor alloués au soutien de services productifs, à l’accès à l’habitat et aux activités économiques représentent une fraction croissante du total des dépenses de l’État en dehors des dépenses de fonctionnement.
Abderrahmane Mebtoul est professeur des universités, expert international.
@AB
Source: New African/Le Magazine de l’Afrique