Une initiative dotée de 8,7 millions de dollars unit plusieurs pays contre les phénomènes météorologiques extrêmes dans le bassin de situé sur la rive droite du fleuve Congo.
S’écoulant entre la République centrafricaine, la RD Congo et la République du Congo, l’Oubangui s’étend sur 2 272 kilomètres. La rivière est le principal affluent de la rive droite du fleuve Congo. À ce titre, il fait partie du bassin du fleuve Congo, le deuxième plus grand bassin fluvial du monde et un haut lieu de la biodiversité mondiale, comptant un millier d’espèces de poissons.
La forêt tropicale du bassin fluvial abrite également un millier d’espèces végétales et 2 500 espèces animales, dont les deux tiers de tous les primates, qui sont menacés par la déforestation et le défrichage. Parallèlement, les changements dans les régimes hydrologiques, l’érosion des berges, la sédimentation et la pollution minière menacent les poissons et la faune riveraine du fleuve, qui se font de plus en plus rares, ainsi que le rôle de l’Oubangui en tant que régulateur des climats régional et mondial.
Au cours des trente dernières années, les changements dans les régimes pluviométriques ont progressivement fait baisser le niveau des eaux et ont réduit le débit de l’Oubangui jusqu’à 18 %. Conjuguée à l’érosion, cette situation a accentué l’envasement du fleuve, ce qui non seulement nuit à la biodiversité, mais entrave également la navigation, limite le commerce et restreint l’accès aux zones résidentielles. Alternant avec des périodes de sécheresse, les inondations destructrices sont une autre réalité difficile qui touche des centaines de milliers de personnes dans la région depuis une dizaine d’années, entraînant le déplacement de populations vers les pays voisins.
C’est pourquoi l’Oubangui fait l’objet de toutes les attentions des parties prenantes, notamment du Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Lequel accorde son concours à une initiative transfrontalière pionnière visant à préparer cette région aux phénomènes climatiques extrêmes et à élaborer des stratégies communes de gestion des ressources en eau. Le FEM accorde un financement de 8,7 millions de dollars.
Approuvé le 2 juin 2025 par le Conseil du FEM, le « Programme régional pour la gestion intégrée des ressources en eau dans le bassin transfrontalier de l’Oubangui » entre la République centrafricaine et la RD Congo vise à renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays africains tout en améliorant les capacités techniques et institutionnelles, afin d’affronter les inondations, les sécheresses et les précipitations irrégulières de plus en plus extrêmes qui affectent le bassin de l’Oubangui.
Une approche intégrée
Les agences d’exécution du projet pour le FEM sont l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la Banque africaine de développement. Un organisme régional et deux ministères nationaux assurent la mise en œuvre de l’initiative : la Commission internationale du Congo-Oubangui-Sangha (CICOS), le ministère du Développement rural de la RD Congo et le ministère du Développement de l’énergie et des ressources en eau de la République centrafricaine.
Dont le ministre, Thierry Kamach, expose les motifs du programme : « La dégradation des ressources naturelles est indéniable. L’Agenda 2030 des Nations unies est un message inspirant et fédérateur pour renforcer la résilience autour d’un projet transformateur qui renforcera encore
l’interdépendance des écosystèmes pour un avenir plus vert et plus durable. »
Ces défis seront abordés de manière intégrée par la nouvelle initiative du FEM, en tenant compte des liens entre la biodiversité, le climat et la dégradation des écosystèmes, ainsi qu’entre les écosystèmes aquatiques et terrestres.
« Cette initiative est essentielle car elle rassemble les communautés et les institutions de deux pays afin de préserver l’un des bassins fluviaux les plus importants d’Afrique sur le plan écologique et économique. En travaillant au-delà des frontières, ces pays renforceront leur résilience face au changement climatique tout en protégeant la biodiversité et les systèmes naturels qui soutiennent la vie », considère Grethel Aguilar, directrice générale de l’UICN.
« Grâce à sa forte présence sur le terrain dans le bassin du Congo, l’UICN mobilisera les acteurs des secteurs forestier et environnemental afin de promouvoir une gestion collaborative du bassin et des solutions fondées sur la nature et menées par les communautés aux niveaux régional, national et local. Nous nous concentrerons autant sur la biodiversité et les ressources en eau que sur la sauvegarde des moyens de subsistance des 25 millions d’habitants de la région, dont beaucoup dépendent du fleuve Oubangui pour la navigation, le commerce et l’agriculture. »
Une démarche pédagogique
Pour Carlos Manuel Rodriguez, directeur du FEM, « cette initiative s’inscrit dans le prolongement de l’engagement de longue date et des investissements du FEM en faveur de la gestion durable du bassin du Congo ». Qui considère qu’« en finançant cet effort crucial en faveur de la gestion durable des ressources en eau et en terres tout en prévenant la pollution et la dégradation des sols, le FEM contribue également à maintenir les fonctions écosystémiques de cet immense système forestier et à soutenir la stabilité du cycle hydrologique régional et mondial ».
Selon le FEM, cette initiative permettra une coopération binationale plus efficace en matière de prise de décision et de suivi politique des crises hydriques grâce à la création d’un observatoire conjoint et à l’échange d’outils et de protocoles de données entre la RD Congo et la Centrafrique, afin d’améliorer les mesures de prévision, de prévention et de gestion commune des crises. Afin de lutter contre la perte de biodiversité causée par les activités humaines dans le bassin fluvial, des démonstrations pratiques de solutions fondées sur la nature, telles que l’agroforesterie, l’agriculture de conservation et la réhabilitation des écosystèmes, seront menées sur place.
Afin de garantir l’inclusion sociale et de promouvoir une approche « globale de la société », le projet organisera un cadre de dialogue et d’échange entre les parties prenantes, notamment les autorités régionales et locales, le secteur privé (en particulier les PME), les jeunes professionnels et les femmes leaders communautaires. L’objectif est de renforcer la capacité des acteurs locaux à contribuer à la gestion partagée des cours d’eau grâce à la formation et au renforcement des capacités, et de les aider à formuler des stratégies pour relever les défis communs.
Source: News Africa. Le Magazine De l’Afrique