La méconnaissance du marché freine le commerce (Afreximbank)

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Afreximbank alerte sur le frein majeur au commerce intra-africain : le manque de connaissance des marchés, la faible connectivité et l’absence de plateformes commerciales efficaces.

La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a averti que l’incapacité de l’Afrique à commercer efficacement en son sein découle en grande partie d’une mauvaise connaissance des marchés, d’une connectivité insuffisante et de l’absence de plateformes commerciales structurées.

Kanayo Awani, vice-présidente exécutive chargée du commerce intra-africain et du développement des exportations chez Afreximbank, a déclaré lundi à Lagos, lors de la tournée de présentation des affaires de la Foire commerciale intra-africaine (IATF) 2025 au Nigéria, que le commerce continental est freiné par l’incapacité persistante à mettre en place des plateformes stables.

« Les Africains ne commerçaient pas entre eux, non pas par manque de volonté, mais par manque de connaissance des marchés, de connectivité et de plateformes structurées », a-t-elle affirmé.

Selon elle, ces déficits commerciaux sont la conséquence directe des schémas commerciaux hérités de l’époque coloniale, qui ont conditionné les économies africaines à dépendre des marchés extérieurs pour des biens que le continent pouvait pourtant produire.
« Historiquement, nos échanges commerciaux étaient étroitement liés au monde de l’art, à l’Europe pour les machines, à l’Asie pour les textiles, aux Amériques pour l’alimentation, et à tous les pays du monde d’où nous importons, quels qu’ils soient, sans tenir compte de ce que nous avions chez nous. Un cordonnier ghanéen se tournait vers l’Argentine pour son cuir, tandis que le Nigéria, l’Éthiopie et le Burundi regorgeaient de peaux », a-t-elle illustré.

Elle a souligné qu’en Afrique de l’Ouest, on dépense chaque année 3 milliards de dollars pour importer de la viande d’Australie, alors que des pays comme le Tchad, le Soudan du Sud, le Botswana, le Mali et le Nigéria disposent d’un bétail abondant.

Pour Awani, le temps est venu pour le continent de se libérer de ces dépendances extérieures et de saisir les opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).

« Nous devons de toute urgence nous replier sur nous-mêmes, approfondir notre intégration et bâtir des chaînes de valeur régionales résilientes qui répondent aux besoins africains avec des solutions africaines », a-t-elle insisté.
Ajoutant : « Le commerce intra-africain n’est plus un simple aspect diplomatique. C’est un impératif pour la survie, la reprise et la prospérité à long terme ».

Afreximbank est l’un des principaux promoteurs de l’IATF 2025, qui se tiendra en Algérie du 4 au 10 septembre. Cet événement mettra en avant le rôle des plateformes commerciales intra-africaines telles que la ZLECAf.

Awani a aussi insisté sur la nécessité d’adopter une « mentalité privilégiant l’Afrique » pour remplacer ce qu’elle décrit comme une fragmentation historique délibérément orchestrée par les puissances coloniales.

« Il s’agissait d’une spirale délibérée du colonialisme visant à empêcher les Africains de commercer entre eux… une stratégie qui réduisait la politique économique africaine à la collecte et au troc des récoltes », a-t-elle dénoncé.

Les médias locaux ont cité mardi la vice-présidente d’Afreximbank qui considère l’IATF comme un mécanisme clé pour inverser cette tendance en créant un marché continental reliant producteurs, acheteurs, investisseurs et entrepreneurs africains.

« Nous comblons les lacunes critiques du marché et de l’information… en connectant acheteurs et vendeurs, investisseurs en capital-risque et entreprises, et en ouvrant l’accès à de nouveaux marchés », a-t-elle conclu.

GIK/fss/ac/Sf/APA

Source: APANEWS

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