Une série de révélations liées à des fraudes à la paternité secoue l’Afrique australe, mettant en lumière un phénomène de grande ampleur : un nombre croissant d’hommes découvrent qu’ils ne sont pas les pères biologiques des enfants qu’ils élèvent. Cette situation provoque de profondes secousses émotionnelles et alimente des appels à une réforme des lois sur la filiation.
Au Botswana, le Centre mondial de diagnostic ADN de Gaborone a effectué plus de 2 500 tests de paternité entre 2022 et 2025. Dans 70 % des cas, les résultats ont confirmé que les pères présumés n’avaient aucun lien biologique avec les enfants concernés.
Le Zimbabwe affiche des chiffres encore plus alarmants. D’après Global DNA Zimbabwe, 72 % des tests réalisés ont donné des résultats négatifs. Une émission télévisée très suivie, The Closure DNA Show, lancée en 2021, a contribué à populariser les tests en diffusant à l’antenne des révélations souvent explosives, entraînant la rupture de nombreuses familles et une forte polarisation de l’opinion publique.
Même si des données officielles font défaut dans plusieurs pays de la région – notamment au Malawi, au Mozambique, en Afrique du Sud et en Zambie – plusieurs rapports indiquent que la fraude à la paternité est tout aussi présente, attisant les inquiétudes dans toute la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Face à l’ampleur du phénomène, des initiatives émergent. En Eswatini, une organisation baptisée Anti-Paternity Fraud Organisation a vu le jour en décembre 2024 pour soutenir les enfants et les familles affectés par les conséquences émotionnelles et financières de ces cas de filiation erronée.
Cette vague de révélations relance un débat de fond : faut-il instaurer des tests ADN obligatoires à la naissance ? Certains juristes et militants estiment que cette mesure garantirait une répartition équitable des responsabilités parentales, indépendamment des ressources économiques. Le Centre de diagnostic ADN soutient cette idée, soulignant que « la paternité est trop souvent attribuée en fonction des moyens financiers de l’homme plutôt que de la vérité biologique ».
Cependant, cette proposition ne fait pas l’unanimité. En Namibie, le ministère de la Justice a écarté cette semaine l’option d’un test ADN obligatoire à la naissance, en réponse à une proposition du député Pohamba Shifeta (SWAPO), qui souhaitait l’imposer pour les enfants nés hors mariage. Le porte-parole du ministère, Edmund Khoaseb, a précisé que le gouvernement n’envisageait pas de légiférer en ce sens pour l’instant.
Alors que les implications culturelles, juridiques et éthiques de la paternité sont plus que jamais au cœur des préoccupations, de nombreux hommes dans la région SADC se tournent désormais vers les tests ADN pour défendre leurs droits et clarifier leurs responsabilités parentales.
JN/fss/te/APA
Source: APANEWS