Sur les marchés financiers, le soulagement est immense après la suspension et la réduction des droits de douane réciproques entre les États-Unis et la Chine. La Bourse de New York a bondi, mardi 13 mai. Si l’annonce a été accueillie comme une bonne nouvelle pour le monde de la finance, les différends entre les deux puissances économiques sont encore loin d’être réglés.
Près de 3%, pour l’indice Dow Jones, plus de 4% pour le Nasdaq – l’indice des valeurs technologiques – une fois de plus, les investisseurs font savoir à la Maison Blanche accueillent favorablement l’arrivée d’un peu de raison dans les négociations. Lundi, les États-Unis et la Chine ont mis sur « pause » leur guerre commerciale en annonçant la suspension pour 90 jours de la majeure partie des droits de douane prohibitifs qu’ils s’étaient mutuellement imposés. Le total des droits de douane exigés par les États-Unis est en fait de 30% car Washington n’a pas retiré une surtaxe de 20% mise en place avant le mois d’avril.
Ce sont surtout les entreprises qui ont le plus de liens avec la Chine et donc celles qui sont le plus exposées qui voient le cours de leur action grimper comme Apple ou le fabricant de puces électroniques Nvidia. La suspension des sanctions, qui prendra effet à minuit, heure de l’est américain (4h TU), dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 mai, libère aussi les géants de la distribution qui importent beaucoup de produits chinois comme Walmart ou Amazon. Le soulagement est tel que les principaux indices sont revenus à des niveaux supérieurs à ceux où ils étaient début avril, quand Donald Trump avait lancé son offensive et que la Chine avait répliqué.
« Nous avons réalisé une remise à zéro complète avec la Chine, après des discussions productives à Genève. Chacun a accepté de réduire les droits de douane imposés depuis le 2 avril à 10% pour 90 jours et les négociations vont se poursuivre sur les aspects structurels plus larges », s’est félicité Donald Trump.
Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a évoqué une nouvelle réunion sino-américaine « dans les prochaines semaines pour travailler à un accord plus étoffé », dans un entretien accordé à la chaîne de télévision NBC. Il a notamment dit vouloir parler avec Pékin des restrictions autres que les droits de douane, appelées « barrières non tarifaires », qui empêchent selon lui les entreprises américaines de prospérer en Chine. Il s’agit traditionnellement de licences ou de quotas d’importation.
S’il est question d’un premier signe concret d’apaisement dans cette guerre commerciale, les pertes depuis le début de l’année ne sont pas encore effacées. Surtout, l’accord ne prévoit qu’une suspension des droits de douane pendant 90 jours et que beaucoup de choses peuvent se passer dans l’intervalle. En attendant, et en espérant que tout le monde reste raisonnable, les analystes des grandes institutions financières relèvent les prévisions de croissance qu’ils avaient abaissées.
Une « hausse et des prix et un ralentissement économiques » toujours envisagés
L’annonce sino-américaine « va au-delà de ce qu’attendaient les marchés », a souligné Zhiwei Zhang, président et économiste en chef de Pinpoint Asset Management, qui y voit un « bon point de départ pour que les deux pays négocient ». « Du point de vue de la Chine, le résultat de ces négociations est un succès, car elle a adopté une position de fermeté face à la menace américaine de droits de douane élevés, et est parvenue à les faire baisser drastiquement sans faire de concessions », a-t-il ajouté.
Reste que, selon une des responsables de la Réserve fédérale américaine Adriana Kugler, entre les États-Unis et la Chine, les droits de douane appliqués « restent assez élevés » et devraient quand même conduire à « une hausse des prix et à un ralentissement de l’économie ». Cependant, ils devraient être d’une ampleur moindre.
Source : rfi.fr/journaux afrique.