Des milliers de Kenyans ont manifesté ce mercredi pour le premier anniversaire des émeutes de juin 2024, dans un climat tendu marqué par des affrontements avec la police, plusieurs morts et une tentative de blackout médiatique.
Les manifestations au Kenya, organisées ce mercredi, en mémoire du mouvement citoyen inédit et violemment réprimé il y a un an, s’inscrivent dans un contexte de forte mobilisation populaire et de tensions persistantes. Ce premier anniversaire des émeutes de juin 2024 a vu des milliers de personnes descendre dans la rue, notamment à Nairobi, Mombasa, Kisumu, Nakuru et d’autres villes.
Selon The Guardian, deux manifestants ont été tués à Matuu (comté de Machakos) par balle, tandis que plusieurs autres ont été blessés dans des heurts avec la police, qui s’est déployée massivement sur le terrain. Ces affrontements ont été marqués par l’utilisation de gaz lacrymogènes, de canons à eau et même, selon certaines ONG citées par Reuters, par des tirs à balles réelles.
Ce contexte de violence rappelle les violences policières dénoncées depuis le début des protestations, notamment après la mort suspecte en détention d’Albert Ojwang, enseignant et blogueur très critiqué par la population. Six personnes, dont trois policiers, ont été inculpées pour meurtre dans ce dossier, un élément qui a renforcé la colère et l’indignation populaire.
Le pouvoir kenyan a cherché à limiter la visibilité de ces manifestations. Dans un geste vivement critiqué, la Communications Authority of Kenya a interdit aux chaînes de télévision de diffuser les événements en direct. Amnesty International a dénoncé cette mesure comme une tentative de censure et de « black-out médiatique ».
Malgré cette interdiction, la plupart des médias ont continué de couvrir les manifestations, relayant les cris des manifestants – « Ruto doit partir » – et les scènes de tensions qui ont marqué Nairobi et d’autres villes.
Sur le plan international, les chancelleries occidentales, notamment des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada, ont appelé les autorités kenyanes à respecter le droit de manifester pacifiquement et à garantir la sécurité des citoyens. Face à la pression, le gouvernement a promis l’ouverture d’enquêtes sur les violences, tout en assurant que les responsables seront poursuivis.
Ces événements traduisent une crise sociale profonde, où la jeunesse, frappée par le chômage, la corruption et la répression, réclame des changements radicaux. Alors que le président William Ruto, arrivé au pouvoir en 2022, tente de calmer le jeu en évitant toute hausse directe d’impôts, la mobilisation populaire ne faiblit pas. Les manifestants dénoncent à la fois les violences policières et l’échec des promesses électorales, dans un climat de défiance croissante à l’égard du pouvoir.
AC/Sf/APA
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