Fès-Une nuit d’extase soufie éclaire le Festival des Musiques Sacrées

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Mardi soir, le Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde a résonné au rythme des invocations soufies de la confrérie Tijaniyya, lors d’un concert spirituel intense et profond, offert dans les jardins enchanteurs de Jnan Sbil par le Groupe National Tijani Samaa.

Drapés de blanc, les douze chanteurs ont entonné chants sacrés et poèmes dévotionnels, enveloppant l’assistance d’une atmosphère de recueillement et d’élévation. Plus qu’un concert, c’était une plongée sensorielle dans la mémoire vivante du soufisme tidjani, portée par le samaâ — forme mystique du chant soufi, ancrée au cœur de la spiritualité marocaine.

Fondé à la fin du XVIIIe siècle par Cheikh Ahmad al-Tijani, l’ordre Tijaniyya s’est affirmé comme l’un des principaux courants soufis du continent africain, de la vallée du fleuve Sénégal jusqu’au Soudan. Sa doctrine, centrée sur le dhikr (rappel de Dieu) et les prières dédiées au Prophète, se distingue par son accessibilité, ayant favorisé sa diffusion aussi bien auprès des élites savantes que des commerçants et souverains africains.

Fès est devenue l’un des pôles majeurs de cet ordre, après l’installation de son fondateur dans la ville. Sa zawiya, qui abrite son mausolée, reste aujourd’hui un lieu de pèlerinage majeur et un symbole du rayonnement spirituel du Maroc dans le monde soufi.

La soirée a été rythmée par les odes emblématiques de figures telles que Sidi Ibrahim Niasse, Al Arabi ibn al-Saih ou encore le poète mystique al-Kansusi. Chaque vers résonnait comme une voix unifiée de l’Afrique musulmane, soulignant la dimension panafricaine de cette tradition spirituelle.

Cette 28e édition du Festival, placée sous le signe de l’unité à travers les sons sacrés, réunit plus de 200 artistes issus de 15 pays, transformant l’événement en un espace privilégié de dialogue spirituel et interculturel.

Dans cette nuit magnifiée par la poésie mystique tijanie, Fès s’est muée en un carrefour d’émotions et de transmission. Une nuit suspendue, où les frontières s’estompent, où la foi se chante, et où l’écoute devient une prière partagée.

MK/te/APA

Source: APANEWS

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