Comment l’intestin et le cerveau travaillent ensemble

0 29

Notre intestin abrite plus de 100 millions de cellules nerveuses et est responsable de la production de 95 % de la sérotonine, un neurotransmetteur lié au bien-être.

Récemment, de nouvelles données ont mis en évidence l’importance du microbiote intestinal – un groupe de milliers de milliards de bactéries, de virus, de champignons et d’autres agents microscopiques – pour la santé du corps et de l’esprit.

Cela montre que notre intestin et notre cerveau sont liés et s’influencent mutuellement – vous avez probablement eu un « pressentiment », ressenti des nausées avant une réunion importante ou été irrité pendant une période de constipation.

Mais comment ce lien s’établit-il ? Est-il possible d’améliorer ce lien pour une vie plus saine et plus heureuse ?

A lire aussi sur BBC Afrique :

 

 

L’axe intestin-cerveau

Ces deux organes sont reliés de trois manières différentes, explique le médecin Saliha Mahmood Ahmed, gastro-entérologue et ambassadrice de Bowel Research UK.

La première est le nerf vague, une structure très importante du système nerveux qui relie directement le cerveau à plusieurs organes, comme le cœur et les intestins.

Deuxièmement, le cerveau et l’intestin communiquent à l’aide d’hormones. Ces substances, telles que la ghréline et le GLP-1, sont produites par des glandes et envoient des signaux dans tout le corps.

Le troisième volet est le système immunitaire.

« Beaucoup de gens pensent que ces cellules immunitaires ne vivent que dans le sang ou les ganglions lymphatiques, mais en fait une grande partie d’entre elles opèrent dans l’intestin et servent de médiateur avec le cerveau et l’organisme tout entier », explique Ahmed.

Le docteur Pankaj J. Pasricha, expert en gastro-entérologie à la Mayo Clinic aux États-Unis, souligne que ce lien particulier est dû au fait que le cerveau a besoin de beaucoup d’énergie pour fonctionner et que l’intestin est notre propre centrale électrique.

Il rappelle que le cerveau ne représente que 2 % du poids corporel mais consomme 20 % de l’énergie du corps, et que le rôle de l’intestin est de décomposer les aliments en molécules simples et de les absorber pour fournir du « carburant » à l’ensemble de l’organisme.

Mais il s’agit d’une relation à double sens. En d’autres termes, le cerveau influence l’intestin, mais l’intestin influence également le cerveau.

 

 

Nous pouvons en trouver plusieurs exemples dans notre vie quotidienne.

Lorsque nous sommes confrontés à une situation dangereuse ou menaçante, ou même à un évènement très important tel qu’une réunion au travail, l’une des premières réactions physiologiques se produit dans les intestins. Nous pouvons avoir des nausées, des crampes d’estomac ou même de la diarrhée.

De même, lorsque nous sommes amoureux, nous ressentons des « papillons » dans l’estomac, c’est-à-dire ce sentiment émotionnel lié à l’excitation d’être en présence d’une personne que nous aimons beaucoup.

En revanche, si vous êtes constipé et que vous n’allez pas aux toilettes pendant plusieurs jours, cela peut être une source d’irritation et de stress.

Un monde entier dans votre ventre

Notre intestin abrite entre 10 et 100 trillions de cellules microbiennes provenant de bactéries, virus, champignons, protozoaires et autres agents microscopiques.

Ce nombre dépasse la quantité de cellules humaines qu’une personne possède.

Les spécialistes expliquent que ces cellules microbiennes ont une relation symbiotique avec nous. Elles prennent une partie de la nourriture que nous mangeons et nous aident à digérer. Elles nous aident également à décomposer certains ingrédients que nous ne sommes pas capables de faire nous-mêmes.

Au cours des deux dernières décennies, les connaissances sur le microbiote et son influence sur notre santé ont considérablement augmenté.

Le docteur Ahmed explique que de nouveaux outils et tests développés par les scientifiques ont aidé à mesurer les micro-organismes qui habitent l’intestin et à comprendre comment ils influencent le développement de certaines maladies.

« Les changements dans l’équilibre du microbiote, ce que nous appelons la dysbiose, ont maintenant été associés à presque toutes les maladies connues de l’humanité », ajoute le docteur Pasricha.

 

 

En 2011, Pasricha a dirigé une étude pionnière avec des rats montrant que l’irritation gastrique au cours des premiers jours de vie « peut induire une augmentation durable des comportements dépressifs et anxieux ».

D’autres recherches montrent que la dysbiose — ou un microbiote intestinal déséquilibré — est associée à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires et même au cancer.

Cependant, Pasricha souligne que nous n’avons pas suffisamment de preuves pour établir un lien de cause à effet clair, ou si les problèmes trouvés dans le microbiote intestinal sont à l’origine de plusieurs maladies.

« Il existe des preuves, tant dans des études animales que dans certaines recherches sur des humains, que des problèmes peuvent commencer dans l’intestin et [ensuite] causer de l’anxiété ou de la dépression. Mais ces maladies surviennent-elles à cause de l’intestin ? Nous ne le savons pas encore », dit le gastro-entérologue de la Mayo Clinic.

Une recette pour une bonne microbiote

Étant donné les découvertes récentes sur le microbiote et le lien entre l’intestin et le cerveau, est-il possible d’atteindre un équilibre parfait parmi les agents microscopiques qui vivent dans nos ventres ?

Le docteur Ahmed explique que c’est difficile, car chaque personne a une composition différente de bactéries, de virus et d’autres agents.

« Le microbiome de chacun est si différent. Ce n’est pas comme si vous partiez du même point de départ qu’un autre être humain », dit-elle.

Mais les experts disent qu’il existe certaines interventions générales qui sont considérées comme bénéfiques pour notre santé intestinale. Avoir une alimentation diversifiée et équilibrée, par exemple, est un bon début.

Les probiotiques — ou aliments contenant certains types de bactéries bénéfiques pour votre système digestif, tels que les yaourts nature, le kéfir et le kombucha — et les prébiotiques, c’est-à-dire des ingrédients riches en fibres qui nourrissent le microbiote, comme les fruits et légumes — sont également à encourager.

« Je dirais que la diversité dans l’alimentation est très importante, surtout le nombre d’aliments d’origine végétale que vous consommez », explique Ahmed.

La gastro-entérologue recommande à chacun de réfléchir à la quantité de fruits, légumes, grains entiers, légumineuses, noix, graines et épices inclus dans chaque repas.

« Je ne suis pas végétarienne, mais je crois en la nécessité d’améliorer la centration sur les plantes dans nos régimes alimentaires », ajoute-t-elle.

Le docteur Ahmed signale l’existence d’études montrant un microbiome sain chez les personnes qui consomment en moyenne 30 plantes différentes par semaine.

Mais un changement de régime alimentaire peut-il influencer les émotions et même aider à lutter contre des maladies comme la dépression ?

Une étude a été menée à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni, pour essayer de répondre à cette question.

Les experts ont rassemblé 71 volontaires souffrant de dépression et les ont divisés en deux groupes. Le premier groupe a reçu des probiotiques pendant quatre semaines, tandis que le deuxième groupe a pris un placebo.

L’essai était randomisé et en double aveugle, ce qui signifie que les scientifiques et les participants ne savaient pas qui avait pris quoi.

Pendant l’expérience, les experts ont effectué plusieurs tests pour mesurer des facteurs tels que l’humeur, l’anxiété, le sommeil et le cortisol salivaire (une substance liée au stress).

La professeure Rita Baião, psychologue clinicienne et responsable de l’étude, explique que les personnes souffrant de dépression ont tendance à prêter plus d’attention aux sentiments négatifs et aux expressions faciales par rapport aux stimuli neutres ou positifs.

« Nous voulions savoir si l’utilisation de probiotiques pouvait interférer avec le traitement de l’information émotionnelle dans le cerveau », a dit Baião, qui est actuellement professeure adjointe à l’École des sciences sociales de l’Institut universitaire de Lisbonne, au Portugal.

« Dans le groupe probiotique, nous avons observé une tendance plus faible à détecter les stimuli négatifs concernant le traitement des expressions faciales et d’autres informations émotionnelles. »

Baião pense que les probiotiques peuvent aider à atténuer certains symptômes dépressifs — mais des recherches supplémentaires sont nécessaires.

« Nous avons encore besoin de données plus robustes, mais il y a des indications que les probiotiques peuvent avoir un effet positif avec un bon niveau de tolérance et moins d’effets secondaires », conclut-elle.

Pasricha affirme que changer la composition d’un microbiome peut prendre des décennies pour provoquer un changement.

« Et nous savons qu’il est très difficile pour la plupart des gens de maintenir certains comportements. Sinon, nous n’aurions pas une épidémie d’obésité. Mais nous rassemblons des pièces essentielles pour compléter ce puzzle », a-t-il dit.

Lire aussi :

 

Source:news.abidjan.net

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.