AFSF2025 à Dakar: jeunesse et résilience pour l’essor agricole

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À l’approche du Forum africain sur les systèmes alimentaires (AFSF), prévu en septembre à Dakar, son Directeur général Amath Pathé Sène revient sur les ambitions de cette édition : mobiliser des financements pour les jeunes agripreneurs, faire émerger des modèles réplicables comme les Coopératives agricoles communautaires, et traduire l’urgence climatique en actions concrètes. Objectif : construire des systèmes alimentaires souverains, résilients et inclusifs.

Prévu en septembre à Dakar, le Forum africain sur les systèmes alimentaires (AFSF) 2025 place la jeunesse africaine au cœur de la transformation des systèmes alimentaires. Concrètement, quelles innovations et solutions portées par les jeunes seront mises en avant lors du Forum et comment comptez-vous assurer leur mise à l’échelle après l’événement ?

Lors d’AFSF 2025, nous présenterons certaines des innovations les plus dynamiques menées par les jeunes, qui transforment déjà les systèmes alimentaires africains. Qu’il s’agisse de start-ups axées sur l’agriculture intelligente face au climat ou de plateformes numériques facilitant l’accès aux marchés, les jeunes agripreneurs réinventent l’avenir de l’agriculture en Afrique. Un point fort sera l’initiative phare du Sénégal : le Programme des Coopératives agricoles communautaires (CAC) doté de 22,5 millions de dollars, un modèle dirigé par les jeunes pour 2025.

Les CAC, pilotées par des jeunes et profondément ancrées dans les communautés, visent à renforcer les écosystèmes agricoles locaux grâce à des modèles coopératifs évolutifs qui promeuvent la souveraineté alimentaire, la croissance inclusive et l’innovation.

À l’échelle du continent, les jeunes innovateurs sont en première ligne du changement. Des initiatives telles que le Prix GoGettaz Agripreneur, qui sera organisé pendant le Forum, en sont la parfaite illustration. Avec une dotation de 160 000 dollars, ce prix soutient des agri-entrepreneurs africains exceptionnels en leur offrant une visibilité mondiale et des connexions avec des investisseurs.

En outre, l’AFSF Dealroom (Espace Investisseur) constituera un espace dédié permettant aux jeunes agripreneurs de se connecter avec des investisseurs et des partenaires, en leur offrant un accompagnement pratique en matière d’évaluation, de partenariats, de coaching technique et de mobilisation de financements.

Nous sommes impatients de partager d’autres détails et annonces lors du Forum en septembre, où la prochaine génération de leaders africains des systèmes alimentaires sera mise à l’honneur.

Avec plus de 6 000 délégués attendus, des chefs d’État aux entrepreneurs agricoles, AFSF 2025 ambitionne d’être le « Davos de la sécurité alimentaire africaine ». Quels engagements financiers et politiques concrets espérez-vous obtenir, en particulier face aux 33 millions de personnes confrontées à la faim aiguë en Afrique de l’Ouest ?

La dynamique s’accélère pour mobiliser des financements axés sur la jeunesse dans l’agriculture en Afrique. Parmi les exemples récents : une subvention de 11,78 millions de dollars de la Banque africaine de développement (Bad) à la Cédéao pour renforcer la chaîne de valeur du riz, ainsi que l’investissement de la Cédéao pour former 3 850 jeunes à l’agriculture écologique et biologique.

En s’appuyant sur ces initiatives, les institutions financières comme la Bad, en partenariat avec des investisseurs privés, sont appelées à allouer 200 millions de dollars en financements mixtes ciblant spécifiquement les entreprises agroalimentaires dirigées par des jeunes.

Ces financements seront appuyés par des garanties de risque liées aux opportunités d’accès au marché dans le cadre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (Zlecaf), contribuant ainsi à réduire le risque d’investissement dans l’entrepreneuriat des jeunes.

En parallèle, AFSF 2025 vise à obtenir un soutien pour l’expansion des réserves régionales de céréales et l’harmonisation des subventions aux intrants, deux filets de sécurité essentiels pour les 33 millions de personnes actuellement confrontées à la faim en Afrique de l’Ouest.

Au-delà des engagements financiers, le Forum cherchera également à obtenir des engagements ministériels concrets pour faire progresser les feuilles de route nationales sur la souveraineté alimentaire, en les alignant sur les objectifs plus larges de l’Agenda 2063, afin de renforcer la vision d’une Afrique autosuffisante, résiliente et inclusive.

Le Forum se tient à Dakar dans un contexte où le Sénégal lance un programme agricole pour les jeunes d’une valeur de 22,5 millions de dollars. Comment ce modèle sénégalais peut-il inspirer les autres pays du Sahel, et quelles stratégies de réplication seront discutées lors d’AFSF 2025 ?

Le modèle des Coopératives agricoles communautaires (CAC) représente une approche transformatrice pour autonomiser les jeunes dans l’agriculture. Il permet aux jeunes de s’organiser, de posséder et de gérer collectivement des entreprises agricoles, favorisant ainsi le leadership et l’esprit entrepreneurial à la base.

Contrairement aux approches traditionnelles descendantes, les CAC sont conçues pour être dirigées par les jeunes, garantissant qu’ils pilotent son développement et sa mise en œuvre. Ce modèle repose sur des principes axés sur le marché, soutenus par des partenariats financiers et techniques stratégiques, et alignés sur les objectifs nationaux de souveraineté alimentaire.

À AFSF 2025, le modèle CAC sera présenté comme un plan évolutif, particulièrement pertinent pour les pays du Sahel confrontés à des conditions fragiles et arides. Des sessions dédiées exploreront comment reproduire ses structures de financement, développer des cadres de formation axés sur les jeunes et ouvrir des voies d’accès durable aux marchés.

L’objectif est d’inspirer d’autres nations à adapter cette approche, permettant aux jeunes de transformer les écosystèmes agricoles locaux et de contribuer de manière significative à la sécurité alimentaire régionale.

Face à l’urgence climatique qui frappe le continent, comment AFSF 2025 compte-t-il transformer le dialogue habituel sur la résilience agricole en actions concrètes ?

À AFSF 2025, nous passons des déclarations à la mise en œuvre réelle. L’Afrique a dépassé le stade de la sensibilisation ; il est temps d’agir. Le Forum mettra en lumière des solutions climatiques concrètes déjà mises en œuvre par des jeunes et des petits exploitants africains, tout en facilitant des tables rondes d’investissement pour favoriser leur mise à l’échelle.

Cela inclut l’expansion de l’agriculture intelligente face au climat, comme les semences tolérantes à la sécheresse, l’irrigation solaire et l’agriculture régénérative, ainsi que le lancement de centres de transformation décentralisés alimentés par l’énergie solaire dans les zones vulnérables. En partenariat avec la Bad, le Fida et des fonds climatiques, nous visons à débloquer des financements d’adaptation pour les petits exploitants et les entreprises dirigées par des jeunes.

Au-delà des projets, nous poussons pour que la résilience soit intégrée dans les budgets agricoles nationaux, faisant de l’adaptation climatique une composante essentielle de la gouvernance des systèmes alimentaires plutôt qu’une initiative temporaire. AFSF 2025 connectera innovation, investissement et politique pour que la résilience devienne une réalité, et non un simple sujet de discussion.

Quels partenariats stratégiques ou mécanismes financiers innovants seront annoncés pour soutenir l’adaptation des systèmes alimentaires africains ?

Pour transformer les systèmes alimentaires, nous avons besoin d’une collaboration plus forte entre les institutions financières, le secteur privé et les décideurs politiques. Aucun acteur ne peut réussir seul. Les partenariats autour de l’adaptation climatique, de l’innovation technologique et de l’autonomisation des jeunes ne sont pas facultatifs, ils sont essentiels si nous voulons atteindre la souveraineté alimentaire et renforcer la résilience du continent.

À AFSF 2025, nous faisons des pas concrets dans cette direction. Nous dévoilerons un fonds mixte climat-agriculture de 100 millions de dollars, co-créé avec la Banque africaine de développement, l’AGRA et des acteurs du capital-investissement. Ce fonds cible spécifiquement les start-ups agrotech dirigées par des jeunes — car nous croyons que la prochaine vague de solutions viendra d’eux.

Au-delà de cela, nous introduisons des subventions axées sur l’adaptation climatique pour les jeunes, des mécanismes de financement du commerce facilités par la ZLECAf et des partenariats technologiques pour stimuler la croissance des plateformes agricoles numériques. Ce sont des solutions pratiques pour libérer la croissance et la résilience là où elles comptent le plus.

ARD/te/Sf/APA

Source: Apanews.net

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