Accord Washington-Kampala: «Personne ne sait où seront accueillis» les migrants transférés en Ouganda

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Le gouvernement ougandais a annoncé le 21 août avoir conclu un accord avec Washington pour accueillir des personnes « qui pourraient ne pas obtenir l’asile aux États-Unis », nouvel épisode d’une vaste campagne américaine pour envoyer des migrants présents sur son sol vers des pays tiers. Pour le chercher Godber Tumushabe, « personne ne sait vraiment quels sont les arrangements spécifiques entre les États-Unis et le président » ougandais.

Après le Rwanda, l’Eswatini et le Soudan du Sud, c’est au tour de l’Ouganda conclure un accord sur les migrants avec le gouvernement américain de Donald Trump. L’Ouganda, déjà premier pays d’accueil d’Afrique avec plus d’1,7 million de réfugiés sur son territoire selon l’ONU, est le dernier État du continent à annoncer, le 21 août, avoir accepté de recevoir des migrants envoyés par Washington sous certaines conditions.

Pour Godber Tumushabe, directeur associé au Gliss (Institut des Grands Lacs pour les études stratégiques), il s’agit d’un nouvel accord obscur, qui n’est qu’un exemple de plus de l’autoritarisme du président ougandais, Yoweri Museveni.

« Dans cette histoire, tout restera hautement confidentiel »

« L’accord n’a pas été dévoilé dans son intégralité, souligne-t-il au micro de Welly Diallo. Le gouvernement ougandais n’a vraiment rien dit à ce sujet. Contrairement à de nombreux autres pays où la politique étrangère est institutionnalisée, en Ouganda, c’est le président qui détermine la politique étrangère du pays. La plupart de ces accords sont donc, en réalité, des accords entre lui et d’autres acteurs ».

Il poursuit : « Personne ne sait vraiment quels sont les arrangements spécifiques entre les États-Unis et le président Museveni. Quel montant d’argent sera fourni ? Personne ne sait où ces réfugiés seront accueillis, ni pour combien de temps. Il est fort probable que seul le président Museveni le sache. Et en raison de la nature autoritaire de son régime, personne n’est en mesure de lui poser la question. »

Godber Tumushabe conclut : « Le Parlement ougandais n’est qu’un simple tampon sur une décision. Ses membres ne peuvent même pas poser de questions. Les citoyens ordinaires et les responsables politiques ougandais n’ont donc aucun moyen d’obtenir des informations. Dans cette histoire, tout restera hautement confidentiel. »

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier 2025, son administration a négocié plusieurs accords critiqués qui lui ont déjà permis d’envoyer des étrangers vers le Soudan du Sud, l’Eswatini ou le Salvador, pays dont ils n’étaient souvent pas originaires.

L’Ouganda est dirigé d’une main de fer depuis près de 40 ans par Yoweri Museveni et la répression s’aggrave à l’approche de l’élection présidentielle de janvier 2026. Également connu pour sa politique ouverte vis-à-vis des demandeurs d’asile, ce pays d’Afrique de l’Est compte environ 1,7 million de réfugiés sur son sol, « la plus grande population de réfugiés en Afrique », selon l’ONU, qui a noté une augmentation « significative » des arrivées en 2024, principalement en raison du conflit qui a débuté en avril 2025 au Soudan.

Source: RFI

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