Libye : l’ONU exige une enquête sur la mort suspecte d’un militant

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La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a appelé, mercredi, à l’ouverture immédiate d’une enquête « transparente et indépendante » sur la mort d’Abdel Monem al-Marimi, militant de la société civile décédé quelques jours après son arrestation par l’Agence de sécurité intérieure à Tripoli.

Dans un communiqué publié par sa porte-parole, la MANUL fait part de sa « profonde préoccupation » face à des informations « crédibles » évoquant une détention arbitraire, des actes de torture et de graves violations des droits humains. L’organisation onusienne exhorte les autorités libyennes à « faire toute la lumière » sur les circonstances du décès, dans le respect des engagements internationaux du pays.

Âgé de 43 ans, al-Marimi était l’une des figures les plus en vue du mouvement citoyen émergé dans l’Ouest libyen depuis 2023. Très critique envers le gouvernement d’unité nationale (GUN) dirigé par Abdelhamid Dbeibah, il dénonçait régulièrement la corruption, les abus sécuritaires et l’absence de processus électoral. Il avait été interpellé à plusieurs reprises sans jamais être inculpé.

Selon la version officielle du parquet général de Tripoli, le militant aurait succombé à une chute accidentelle dans une cage d’escalier au centre de détention de Fornaj, peu après son transfert par les services de renseignement. Une explication contestée par les ONG, alors qu’aucune autopsie indépendante n’a été autorisée à ce jour et que les images de vidéosurveillance n’ont pas été rendues publiques.

Pour Human Rights Watch, cette affaire constitue un « test décisif » pour la crédibilité du GUN. « Sans enquête crédible, l’impunité deviendra la norme en Libye », a déclaré Hanan Salah, chercheuse senior sur l’Afrique du Nord.

Des diplomates, notamment les ambassadeurs d’Allemagne et du Royaume-Uni, ont exprimé leurs préoccupations sur les réseaux sociaux. L’Union européenne, de son côté, a réclamé depuis Bruxelles un processus judiciaire indépendant, libre de toute pression sécuritaire.

Sur fond de blocage politique lié à l’absence de calendrier électoral consensuel, cette affaire jette une lumière crue sur les dérives autoritaires de certaines institutions sécuritaires en Tripolitaine. Elle survient au moment où des pourparlers interlibyens à Genève tentent de relancer la dynamique politique.

SOURCE:APANews/APA-Tripoli (Libye)

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