Niger : nationalisation de SOMAIR

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Le gouvernement accuse Orano de « comportement irresponsable » et transfère intégralement à l’État la mine d’uranium exploitée par sa filiale Somair Sa.

Le Conseil des ministres nigérien a adopté jeudi 19 juin un projet d’ordonnance portant nationalisation de la Société des mines de l’Aïr (SOMAIR SA), filiale du groupe français Orano, accusé par les autorités de Niamey de « comportement irresponsable, illégal et déloyal ».

La décision fait suite à une série d’actions entreprises par Orano depuis les événements du 26 juillet 2023, date du coup d’État qui a porté au pouvoir le général Abdourahmane Tiani.

Créée en février 1968, SOMAIR exploite l’uranium depuis 1971 à Arlit, dans la région d’Agadez. La société, au capital de 4,348 milliards de francs CFA, était détenue à 63,40 % par Orano et à 36,60 % par la société publique nigérienne SOPAMIN.

Production déséquilibrée et tensions croissantes

Selon le gouvernement nigérien, la répartition de la production commercialisée ne respectait pas les parts d’actionnariat. Sur les 80 518 tonnes d’uranium commercialisées depuis 1971, Orano aurait prélevé 86,3 % contre seulement 9,2 % pour SOPAMIN, alors que les accords prévoient un partage au prorata des participations.

Les autorités dénoncent plusieurs actions d’Orano depuis juillet 2023 : rapatriement des ressortants français « sans préavis », tentatives d’arrêt de production lors de conseils d’administration extraordinaires, déconnexion du système informatique de SOMAIR en décembre 2024, et résiliation des licences.

Le groupe français a également porté plainte contre l’État du Niger devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) le 20 janvier 2025, après avoir « annoncé avoir perdu le contrôle » de SOMAIR.

« Campagnes d’intoxication » et abandon de sites

Le communiqué gouvernemental accuse par ailleurs Orano d’avoir mené des « campagnes d’intoxication » contre la société et ses partenaires, et d’avoir abandonné les travaux de réhabilitation du site de COMINAK, une autre mine d’uranium exploitée de 1978 à 2021.

« Face à ce comportement irresponsable, illégal et déloyal d’Orano, société détenue par l’État français, un État ouvertement hostile au Niger depuis le 26 juillet 2023 et soutenant le terrorisme dans le Sahel, l’État du Niger décide en toute souveraineté de nationaliser SOMAIR », indique le communiqué parvenu à APA.

Transfert intégral à l’État

La nationalisation prévoit le transfert intégral des actions et du patrimoine de SOMAIR à l’État nigérien. Les anciens actionnaires bénéficieront d’une indemnisation, « en tenant compte de toutes les obligations légales qui leur incombent », notamment les frais de réhabilitation des sites miniers.

Le Conseil d’administration de SOMAIR est dissous et la direction générale actuelle assurera la gestion transitoire en attendant le transfert effectif aux nouveaux responsables.

Cette nationalisation s’inscrit dans la politique de souveraineté économique prônée par les autorités issues du coup d’État de juillet 2023, qui ont également rompu les accords de coopération militaire avec la France et rejoint l’Alliance des États du Sahel (AES) avec le Mali et le Burkina Faso.

L’uranium représente une ressource stratégique majeure pour le Niger, l’un des principaux producteurs mondiaux de ce minerai utilisé dans l’industrie nucléaire.

AC/Sf/APA

SOURCE: APANews/ APA-Niamey (Niger)

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