Donald Trump repasse à l’offensive. Le président américain a appelé mardi 17 juin à la capitulation inconditionnelle de l’Iran et a averti que la patience des États-Unis était à bout, mais a déclaré qu’il n’avait aucune intention de tuer le dirigeant iranien « pour l’instant », alors que la guerre aérienne israélo-iranienne entrait dans son sixième jour.
Un responsable militaire israélien a déclaré qu’une dizaine de missiles balistiques avaient été lancés depuis l’Iran vers Israël aux premières heures de mercredi matin et que la plupart avaient été interceptés. Des explosions ont été entendues au-dessus de Tel-Aviv. Des explosions ont également été entendues à Téhéran et dans la ville de Karaj, à l’ouest de la capitale, ont rapporté des sites d’information iraniens. Israël a par ailleurs demandé aux résidents de deux zones du sud-ouest de Téhéran d’évacuer afin que son armée puisse frapper des installations militaires iraniennes.
À LIRE AUSSI FOG : la guerre et après ? Les commentaires de Donald Trump, diffusés via les réseaux sociaux, suggèrent une position plus agressive envers l’Iran alors qu’il évalue s’il doit approfondir l’implication américaine. « Nous savons exactement où se cache le soi-disant ?Guide suprême? », a-t-il écrit sur Truth Social. « Nous n’allons pas le tuer, du moins pas pour l’instant? Notre patience est à bout. »
Des déclarations variées
Trois minutes plus tard, il a posté : « CAPITULATION INCONDITIONNELLE ! » Un responsable de la Maison-Blanche a déclaré qu’il s’était entretenu par téléphone avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou mardi, confirmant un rapport d’Axios.
Les messages parfois contradictoires et cryptiques de Donald Trump sur le conflit entre Israël, proche allié des États-Unis, et l’Iran, ennemi de longue date, ont accentué l’incertitude entourant la crise. Ses déclarations publiques ont varié, allant des menaces militaires aux ouvertures diplomatiques, ce qui n’est pas rare pour un président connu pour son approche souvent erratique de la politique étrangère.
À LIRE AUSSI Quand l’Iran était l’allié d’IsraëlQuitte à critiquer jusqu’à ses propres alliés. À bord d’Air Force One, un journaliste a demandé au président américain à quel point il pensait que l’Iran était proche de disposer d’une arme nucléaire. « Très proche », a-t-il succinctement répondu. Le journaliste lui a rappelé des propos tenus par Tulsi Gabbard devant le Congrès en mars, lorsque l’ex-élue démocrate, au nom du renseignement américain, continuait à estimer que Téhéran ne travaillait pas sur une ogive nucléaire. Réponse du milliardaire : « Je me fiche de ce qu’elle a dit. Je pense qu’ils étaient très proches d’en avoir une. »
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré que le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, pourrait subir le même sort que le président irakien Saddam Hussein, renversé lors d’une invasion menée par les États-Unis et pendu en 2006 après un procès. Donald Trump a déclaré lundi qu’il pourrait dépêcher l’envoyé américain au Moyen-Orient Steve Witkoff, ou le vice-président J. D. Vance rencontrer des responsables iraniens.
Jusqu’ici, des actions défensives
Le président a précisé que son départ anticipé du sommet du G7 au Canada n’avait « rien à voir » avec la recherche d’un accord de cessez-le-feu, et qu’on s’attendait à quelque chose de « bien plus important ». Le dirigeant britannique Keir Starmer a déclaré qu’il n’y avait aucune indication que les États-Unis étaient sur le point d’entrer dans le conflit.
Il a rencontré son conseil de sécurité nationale pendant 90 minutes mardi après-midi pour discuter du conflit, a déclaré un responsable de la Maison-Blanche. Les détails n’étaient pas immédiatement disponibles. Les États-Unis déploient davantage d’avions de chasse au Moyen-Orient et étendent le déploiement d’autres avions de combat, ont déclaré trois responsables américains à Reuters.
À LIRE AUSSI Qui sont les deux derniers otages français détenus en Iran ? Cette initiative fait suite à d’autres déploiements que le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a qualifiés de défensifs. Jusqu’à présent, les États-Unis n’ont mené que des actions défensives dans le conflit actuel avec l’Iran, notamment en contribuant à abattre des missiles tirés vers Israël. Les principaux conseillers militaires et sécuritaires d’Ali Khamenei ont été tués par des frappes israéliennes, ce qui a affaibli son cercle intime et augmenté le risque d’erreurs stratégiques, selon cinq personnes au courant de son processus décisionnel.
Une « cyberguerre massive »
L’armée israélienne a annoncé mardi avoir tué le chef d’état-major iranien en temps de guerre, Ali Shadmani, quatre jours après qu’il a remplacé un autre haut commandant tué dans les frappes.
Alors que les dirigeants iraniens subissent leur plus dangereuse faille de sécurité depuis la révolution islamique de 1979, le commandement de la cybersécurité du pays a interdit aux fonctionnaires d’utiliser des appareils de communication et des téléphones portables, a rapporté l’agence de presse Fars. Israël a lancé une « cyberguerre massive » contre l’infrastructure numérique de l’Iran, ont rapporté les médias iraniens.
À LIRE AUSSI Iran-Israël : la GBU-57, cette bombe anti-bunker qui pourrait faire basculer le conflitDepuis que le Hamas, soutenu par l’Iran, a attaqué Israël le 7 octobre 2023 et déclenché la guerre de Gaza, l’influence régionale d’Ali Khamenei a diminué, Israël ayant pilonné les mandataires de l’Iran ? du Hamas à Gaza au Hezbollah au Liban, en passant par les houthis au Yémen et les milices en Irak. Le proche allié de l’Iran, le président autocratique syrien Bachar el-Assad, a été évincé.
L’Iran viole ses obligations
Israël a lancé vendredi sa guerre aérienne, la plus importante jamais menée contre l’Iran, après avoir déclaré avoir conclu que la République islamique était sur le point de développer une arme nucléaire. L’Iran nie vouloir se doter d’armes nucléaires et a souligné son droit à la technologie nucléaire à des fins pacifiques, y compris l’enrichissement, en tant que partie au traité international de non-prolifération (TNP).
Israël, qui n’est pas partie au TNP, est le seul pays du Moyen-Orient soupçonné de posséder l’arme nucléaire. Israël ne le nie ni ne le confirme. Benyamin Netanyahou a souligné qu’il ne reculerait pas tant que le développement nucléaire de l’Iran ne serait pas stoppé, tandis que Trump affirme que l’assaut israélien pourrait prendre fin si l’Iran acceptait de limiter strictement l’enrichissement.
À LIRE AUSSI Sepideh Farsi : « Il y a d’autres moyens que la guerre pour faire tomber le régime iranien » Avant le début de l’attaque israélienne, le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), composée de 35 pays, a déclaré que l’Iran avait violé ses obligations de non-prolifération pour la première fois depuis près de vingt ans. L’AIEA a déclaré mardi qu’une frappe israélienne avait directement touché les halls d’enrichissement souterrains de l’installation de Natanz.
Le problème de Fordo
Le site d’information iranien Eghtesadonline, spécialisé dans l’actualité économique, a rapporté mardi que l’Iran avait arrêté un étranger pour avoir filmé des zones « sensibles » de la centrale nucléaire de Bouchehr pour le compte de l’agence d’espionnage israélienne du Mossad. Les forces de sécurité iraniennes ont également arrêté une « équipe terroriste » liée à Israël avec des explosifs dans une ville au sud-ouest de la capitale Téhéran, ont rapporté les médias d’État iraniens.
Israël affirme avoir désormais le contrôle de l’espace aérien iranien et a l’intention d’intensifier sa campagne dans les prochains jours. Mais Israël aura du mal à porter un coup fatal aux sites nucléaires profondément enfouis comme Fordo, creusé sous une montagne, sans que les États-Unis ne se joignent à l’attaque.
À LIRE AUSSI « Israël a brisé le tabou des frappes contre le programme nucléaire iranien » Israël Katz a déclaré que le problème de Fordo était un problème qui serait résolu. L’Iran a jusqu’à présent tiré près de 400 missiles balistiques et des centaines de drones vers Israël, dont environ 35 ont pénétré le bouclier défensif d’Israël, selon des responsables israéliens. Les Gardiens de la révolution iraniens ont déclaré avoir frappé la Direction du renseignement militaire israélien et le centre opérationnel du Mossad, le service de renseignement étranger, tôt mardi. Aucune confirmation israélienne n’a été fournie.
Les autorités iraniennes ont fait état de 224 morts, principalement des civils, tandis qu’Israël a déclaré que 24 civils avaient été tués. Les habitants des deux pays ont été évacués ou ont fui. Les marchés pétroliers mondiaux sont en état d’alerte maximale à la suite des frappes sur des sites, notamment le plus grand champ gazier du monde, South Pars, partagé par l’Iran et le Qatar.
Source: msn