Paiement Carbone : la Côte d’Ivoire perçoit 15 millions de dollars (9 milliards FCFA) et devient un modèle pour l’exécution intégrale de son contrat avec la Banque mondiale
La Côte d’Ivoire a reçu un second paiement carbone d’un montant de 15 millions de dollars (9 milliards FCFA) de la part de la Banque mondiale. Cette récompense s’inscrit dans le cadre du Projet de Paiement des Réductions d’Émissions autour du Parc national de Taï (PRE), soutenu par le Fonds de Partenariat pour le Carbone Forestier (FCPF). L’annonce officielle a été faite lors d’une conférence de presse, ce mardi 17 juin 2025, au Plateau.
Avec cette nouvelle enveloppe, la Côte d’Ivoire totalise désormais 50 millions de dollars (30 milliards FCFA) perçus pour ses performances dans la réduction des émissions de CO₂, dont 35 millions déjà obtenus en juin 2024 pour la réduction de 7 millions de tonnes de carbone.
Selon Konan Éric, coordonnateur du projet PRE, ce dispositif innovant est mis en œuvre autour du parc de Taï avec un système de paiement fondé sur les manifestations d’intérêt, une vérification rigoureuse des activités déclarées et un transfert direct des fonds via Mobile Money. Le processus de paiement a officiellement débuté en décembre 2024.
Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, a salué la rigueur et la transparence du mécanisme. « La Côte d’Ivoire est le premier pays en Afrique et le deuxième au monde, après le Vietnam, à exécuter dans son intégralité un contrat carbone avec le FCPF », a-t-elle déclaré. Elle a également souligné que le recours au Mobile Money assure une traçabilité exemplaire des paiements.
À ce jour, 20 millions de tonnes de CO₂ ont déjà été payées dans le cadre de l’accord, et 10 millions de tonnes supplémentaires devraient l’être d’ici novembre 2026. Pour la Banque mondiale, « la Côte d’Ivoire représente un marché mature pour les investissements carbone », car le pays « n’est pas un grand émetteur, mais un producteur de crédits carbone qui bénéficie à l’ensemble de la planète ».
Pour le ministre de l’Environnement, du Développement Durable et de la Transition Écologique, Assahoré Konan Jacques, ce second paiement confirme la crédibilité internationale de la Côte d’Ivoire en matière de lutte contre le changement climatique. « Au-delà de cette performance contractuelle, c’est la crédibilité climatique de notre pays qui est aujourd’hui renforcée sur la scène internationale », a-t-il indiqué.
Le projet PRE, selon lui, démontre qu’il est possible de générer des revenus en restaurant les forêts. Il contribue également à un changement de mentalités, transformant d’anciens braconniers en protecteurs de la nature. Le ministre a invité chaque citoyen à s’impliquer dans la restauration du couvert forestier national, rappelant que cette mission dépasse les seules responsabilités de l’État.
Par ailleurs, La performance du projet a également permis de générer un volume de crédits carbone supérieur aux engagements initiaux. Ces excédents pourront être vendus à d’autres acheteurs ou utilisés par la Côte d’Ivoire dans le cadre de ses engagements climatiques au titre de ses Contributions Déterminées au niveau National (CDN), a ajouté le ministre.
À ce jour, plus de 12 000 personnes ont déjà bénéficié des fonds, dont environ 10 % de femmes, sur un total de 30 000 bénéficiaires identifiés. Les personnes restantes sont en cours de régularisation (pièces d’identité et cartes SIM actives) afin de permettre les paiements. Une deuxième vague d’Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI) est prévue en juillet 2025 pour inclure les retardataires de la première phase.
Pour être éligible, chaque bénéficiaire devra disposer d’une pièce d’identité valide et d’un compte Mobile Money à son nom, auprès d’un opérateur agréé.
R-SEKONGO