Le Mali tente de placer sous administration judiciaire le complexe minier de Loulo-Gounkoto, au cœur d’un bras de fer avec Barrick autour du nouveau code minier, d’arriérés fiscaux contestés et de détentions d’employés. Un verdict attendu le 2 juin pourrait peser lourd sur l’avenir du secteur extractif malien.
Le 8 mai 2025, le gouvernement malien a officiellement saisi le Tribunal de commerce de Bamako pour demander la mise sous administration provisoire du complexe minier de Loulo-Gounkoto, détenu à 80 % par Barrick Mining Corporation et à 20 % par l’État malien. Une décision contestée par le géant minier.
Cette initiative du gouvernement malien fait suite à une série de tensions entre les deux parties, notamment l’adoption en 2023 d’un nouveau code minier augmentant les taxes et la part de l’État dans les projets miniers. Barrick, contrairement à d’autres entreprises minières opérant au Mali, a refusé de se conformer aux nouvelles conditions, estimant qu’elles ne s’appliquaient pas aux contrats existants.
En janvier 2025, les autorités maliennes ont saisi environ trois tonnes d’or, d’une valeur estimée à 245 millions de dollars, au complexe de Loulo-Gounkoto, invoquant des arriérés fiscaux. Barrick conteste ces accusations, affirmant avoir payé 85 millions de dollars en taxes en octobre 2024. Depuis novembre 2024, quatre employés de Barrick sont détenus sans inculpation formelle, et les exportations d’or du complexe sont bloquées.
Malgré la suspension des opérations, l’entreprise continue de soutenir ses employés et sous-traitants, en maintenant le paiement des salaires et en assurant un soutien opérationnel mensuel. Barrick dénonce une tentative d’ingérence dans ses opérations, estimant qu’il n’existe « aucune base — ni en droit ni en fait — pour que la gestion quotidienne des opérations à Loulo-Gounkoto soit confiée à un administrateur provisoire nommé par un tribunal ».
Le complexe de Loulo-Gounkoto est l’un des plus importants actifs de Barrick en Afrique et un contributeur majeur à l’économie malienne. La suspension des opérations a un impact significatif sur les revenus de l’État, qui dépend fortement des exportations d’or. Barrick a engagé une procédure d’arbitrage international, conformément aux mécanismes de règlement des différends prévus dans les conventions minières. L’entreprise affirme rester ouverte au dialogue et a récemment écrit au ministre malien de l’Économie et des Finances pour réitérer sa volonté de parvenir à un accord satisfaisant.
La décision du Tribunal de commerce de Bamako, attendue le 2 juin, sera déterminante pour l’avenir du complexe de Loulo-Gounkoto et pour les relations entre le Mali et les investisseurs étrangers dans le secteur minier. Une issue favorable pourrait permettre la reprise des opérations et la libération des employés détenus, tandis qu’une décision contraire pourrait entraîner une escalade du conflit et des répercussions économiques majeures pour le pays.
MD/ac/Sf/APA
Source: APANEWS