Afrique : Qu’est ce que le contient africain peut et doit attendre de l’élection du nouveau Papa Léon XIV ?
Après douze années de dialogue actif entre le Vatican et l’Afrique sous le pape François, l’élection de Léon XIV suscite de fortes attentes sur le continent. Son profil, son passé missionnaire et sa connaissance directe de certaines Églises africaines alimentent l’espoir d’une continuité, mais aussi d’une écoute plus stratégique.
Avec l’élection de Robert Francis Prevost, devenu pape Léon XIV cette semaine, l’Église catholique entre dans une nouvelle phase de son histoire. Mais pour les fidèles et responsables africains, cette transition n’est pas seulement institutionnelle, elle cristallise des attentes multiples, à la mesure du poids croissant du continent dans le catholicisme mondial.
L’Afrique compte aujourd’hui plus de 256 millions de catholiques selon les données du Vatican. Sous le pape François, le continent a bénéficié d’un regain d’attention symbolique, diplomatique et pastorale, à travers des voyages, des discours critiques envers l’exploitation du continent, et une ouverture au dialogue interreligieux. La question est désormais : comment Léon XIV prendra-t-il en compte ce lien dans son pontificat ?
Sous le pape François, le continent a bénéficié d’un regain d’attention symbolique, diplomatique et pastorale, à travers des voyages, des discours critiques envers l’exploitation du continent, et une ouverture au dialogue interreligieux.
Il faut souligner que le nouveau pape n’est pas étranger à l’Afrique. En tant que prieur général de l’Ordre de Saint-Augustin, puis préfet du Dicastère des évêques, il a effectué plusieurs visites sur le continent, notamment au Kenya (en 2011 et plus récemment en 2024) et en RDC (en 2009). Il y a inauguré des universités, célébré des messes, rencontré des communautés.
Ces précédentes visites alimentent aujourd’hui un espoir d’alignement plus concret entre le Vatican et les réalités africaines. Mais pour plusieurs observateurs, ces gestes symboliques doivent désormais se traduire par des actes plus structurels.
Ecoute, paix, économie et social
L’Afrique attend d’abord une représentation plus forte au sein de la hiérarchie vaticane, dans les nominations épiscopales, dans les dicastères, et potentiellement dans le prochain consistoire. La perspective d’un pape africain ne s’étant pas concrétisée cette année, aucun des trois noms cités (Dieudonné Nzapalainga, Fridolin Ambongo Besungu, ou encore Robert Sarah) n’ayant été élu.
Sur le fond, la question de la paix reste centrale, notamment en RDC, au Soudan du Sud, au Sahel. « Nous attendons de lui qu’il continue à suivre le langage du pape François et qu’il accorde une attention particulière à l’instauration d’une paix durable en République démocratique du Congo », a par exemple commenté Mgr Donatien Nshole, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo.
« Nous attendons de lui qu’il continue à suivre le langage du pape François et qu’il accorde une attention particulière à l’instauration d’une paix durable en République démocratique du Congo ».
En outre, plusieurs enjeux sociaux très africains attendent une attention particulière, notamment les questions de migration, de perspectives pour la jeunesse, de justice climatique, ou d’accès à l’éducation. Autant de terrains où l’Église locale reste souvent un dernier rempart face aux défaillances étatiques.
À cela s’ajoutent des attentes économiques claires. Le pape François avait ouvertement dénoncé le « colonialisme économique » qui pèse encore sur plusieurs pays africains, en appelant à des relations commerciales plus justes, à une révision des politiques extractives, et à des investissements structurants plutôt qu’extractifs.
Pour de nombreux acteurs africains, le Vatican pourrait jouer un rôle moral et diplomatique accru dans la promotion d’une justice économique mondiale, notamment en soutenant les appels à l’annulation de la dette ou à la réforme des institutions financières internationales. Léon XIV, s’il veut prolonger cet héritage, devra se positionner sur ces questions globales qui affectent directement le développement du continent.
Issu de la même lignée réformatrice que François, Léon XIV incarne un profil de continuité assumée. Mais il devra aussi naviguer avec finesse entre des attentes africaines conservatrices (notamment sur les questions sociétales comme l’homosexualité ou la famille) et les aspirations à une Église plus inclusive venues d’autres régions.
La capacité du pape à « tenir l’unité catholique » tout en donnant aux Églises africaines une voix plus audible au niveau mondial sera donc scrutée de près. En attendant, son élection a déjà été saluée par plusieurs présidents sur le continent, en l’occurrence Bassirou Diomaye Faye (Sénégal), Joao Lourenço (Angola), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Julius Maada Bio (Sierra Leone), ou encore Bola Tinubu (Nigeria).
Source: ecomnewsafrique.com