Un Soudanais en Iran : « Le pays qui m’a accueilli est maintenant un nouveau champ de bataille »

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Alors que la guerre entre l’Iran et Israël s’intensifie, les Iraniens ordinaires cherchent désespérément à échapper aux bombardements.

Parmi eux figurent ceux qui ont fui les conflits dans leur pays d’origine, dans l’espoir de trouver un emploi ou une formation ailleurs.

C’est le cas de Salim Mahmoud, étudiant soudanais en génie mécanique, qui n’a pas voulu donner son vrai nom par crainte pour sa sécurité.

« L’Iran, qui m’a accueilli, est devenu un nouveau champ de bataille »

 

 

Il raconte à la BBC qu’au cours des cinq dernières années, il s’est habitué à l’atmosphère nocturne de la ville d’Ispahan. Cependant, ces derniers jours, la ville a été la cible d’une série de frappes aériennes israéliennes. Il raconte que le ciel nocturne est maintenant rempli du bruit des drones qui bourdonnent et du son occasionnel des explosions.

« Aujourd’hui, je porte deux fardeaux : ma patrie, le Soudan, épuisée par la guerre, et l’Iran, qui m’a accueilli mais qui est aussi devenu un nouveau champ de bataille », explique-t-il.

Salim, qui étudie à l’université, affirme que la première attaque ne l’a pas beaucoup inquiété. Mais l’escalade rapide a changé son point de vue.

Comme d’autres ressortissants soudanais en Iran, Salim a fui son pays en raison du conflit acharné qui oppose l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR). Selon les Nations unies, ce conflit a plongé le Soudan dans la pire crise humanitaire au monde, provoquant le déplacement de millions de personnes.

À Ispahan, Salim raconte qu’il a été témoin d’une forte explosion qui a résonné dans toute la ville. Plus tard, il a appris qu’une attaque israélienne avait frappé un site stratégique.

Le deuxième jour des attaques, Salim a décidé de s’installer temporairement dans la ville de Kashan, à environ 210 kilomètres de là. Cependant, il envisage désormais une option plus radicale : quitter l’Iran et s’installer en Malaisie pour y terminer ses études.

Le retour au Soudan, dit-il, n’est tout simplement « pas une option viable », compte tenu de la guerre en cours.

 

 

Depuis le vendredi 13 juin, Ispahan subit des frappes aériennes de l’armée de l’air israélienne visant des sites militaires et des installations nucléaires, notamment des usines de conversion d’uranium et des plates-formes de lancement de missiles balistiques.

Malgré l’intensité de ces attaques, les autorités iraniennes n’ont pas encore annoncé de plans d’évacuation massive. Toutefois, des images ont montré des routes bloquées et des personnes quittant les zones proches des installations militaires pour des villes plus calmes telles que Kashan et Yazd.

Le gouvernement soudanais, formé par le Conseil de souveraineté transitoire – qui a normalisé ses liens avec Israël il y a environ cinq ans – déclare condamner les attaques israéliennes sur le territoire iranien, affirmant sa position constante de soutien à la souveraineté nationale et de rejet de toute agression militaire contre un État quel qu’il soit.

L’ambassade du Soudan à Téhéran déclare avoir ouvert la porte à l’évacuation des Soudanais qui le souhaitent. L’ambassadeur du Soudan en Iran, Abdelaziz Saleh, a déclaré que le premier groupe à être évacué comprendrait environ 25 personnes sur un groupe d’environ 200 Soudanais enregistrés auprès de l’ambassade.

Pris entre deux guerres

Le nombre total de Soudanais vivant en Iran est estimé à un millier de personnes, selon le chercheur et journaliste Atef Hassan, qui s’est entretenu avec la BBC.

M. Hassan explique que la plupart d’entre eux vivent dans la ville de Qom, un important centre religieux et culturel de l’islam chiite qui attire des étudiants de diverses nationalités pour étudier la philosophie du droit, la pensée islamique chiite et la langue persane.

La BBC s’est entretenue avec un autre jeune Soudanais, Anwar, qui vit en Iran depuis trois ans et travaille dans le domaine de la traduction et de l’éducation pour les nouveaux arrivants à Téhéran.

« Tout a changé la semaine dernière », dit-il. « À Téhéran, nous n’entendons plus que des sirènes, des cris d’alarme, ainsi que le bruit d’explosions successives ».

Anwar ajoute : « Je ne m’attendais pas à vivre un moment où je devrais fuir à l’intérieur d’un pays dans lequel j’avais initialement cherché refuge pour sa stabilité ».

Trois jours après le début de la guerre, il se trouvait dans le quartier de Narmak, dans l’est de Téhéran, lorsqu’il a entendu une sirène de raid aérien suivie de violentes explosions.

« Dans les heures qui ont suivi, des informations ont commencé à circuler sur une deuxième vague de frappes israéliennes et des réponses de missiles iraniens dans différentes directions », raconte-t-il.

« Pour nous, étrangers, la situation s’est compliquée. Les communications étaient parfois coupées et il y avait de gros embouteillages ».

Le lendemain, Anwar a décidé de s’installer dans la ville de Karaj, située à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Téhéran, où il n’y a ni base militaire ni quartier général des services de sécurité.

« J’ai loué un petit appartement temporaire à une famille iranienne que je connaissais auparavant et qui s’est montrée très coopérative et accueillante », explique-t-il.

« Bien que je sois installé maintenant, la vie ici n’est pas exempte de tension, mais au moins il n’y a pas de sirènes ou de drones ».

Selon lui, la situation humanitaire dans la capitale se détériorait lorsqu’il est parti, avec des services de communication instables, des hôpitaux bondés et des transports publics fonctionnant par intermittence.

Mais tous les Soudanais d’Iran ne sont pas inquiets.

Ali Nour, qui réside également à Téhéran et dont le nom a été modifié pour protéger sa sécurité, a déclaré à la BBC que les attaques israéliennes étaient concentrées sur des zones spécifiques et ne couvraient pas l’ensemble de la capitale.

Il estime que les rapports sur la situation sécuritaire en Iran ont souvent tendance à être exagérés et il « n’envisage pas pour l’instant de quitter le pays ».

« Il n’y a aucun intérêt à quitter l’Iran pour retourner au Soudan, qui subit lui aussi les horreurs de la guerre », ajoute-t-il.

 

Source:news.abidjan.net

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