Un pacte de stabilité sociale au Sénégal

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Le gouvernement sénégalais, les syndicats et le patronat ont signé un pacte de stabilité, le 1er mai. Le Sénégal va-t-il vers « une gouvernance inclusive et transparente au service du peuple » ?

 

Le 1er mai 2025, lors d’une cérémonie de signatures, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a voulu lancer un message fort aux Sénégalais. Ce Pacte de stabilité signé par les partenaires sociaux scelle un engagement tripartite historique sous fond de plusieurs mois de dialogue axé sur une volonté de refondation des relations sociales inclusives entre l’État et les travailleurs.

Avant tout, Ousmane Sonko a souligné l’importance de cette concertation entre le gouvernement et les syndicats des travailleurs : « Cette rencontre est importante sur plusieurs points ; le premier est le fait que la construction d’un pays ne se fait pas sans ses propres citoyens. Quand on parle de citoyens, ce n’est pas seulement le pouvoir mais c’est l’ensemble des segments qui composent la société, a fortiori l’ensemble des organisations représentatives, du patronat, du syndicat, des milieux informels et organisations religieuses.”. Le Premier ministre a aussi réaffirmé son attachement à la consolidation des acquis sociaux et surtout à la consolidation des acquis démocratiques.

« Les enjeux sont connus, les défis sont multiples, et les préoccupations également énormes. Nous prenons l’engagement ici à respecter nos engagements dans ce Pacte. »

« Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye, vous avez compris que nous avions opté pour une gouvernance inclusive, ce qui veut dire que ce n’est pas le Président seulement qui doit décider de manière unilatérale à la place du peuple. Chaque entité est importante pour le bon fonctionnement du pays : y compris ceux qui veulent s’opposer et ou défendre les intérêts des travailleurs. Nous ne devons pas perdre de vue que chaque entité compte et a besoin de l’autre pour avancer et faire progresser le pays. C’est pourquoi, il faut toujours et nécessairement une concertation, une consultation voire un dialogue permanent afin de tomber d’accord sur comment nous souhaitons développer notre pays ensemble. »

Et le chef du gouvernement d’ajouter : « Ce n’est pas une question politique car le pays n’appartient pas aux seuls politiciens. Et quand ils ont le pouvoir qu’ils ont demandé au peuple et que ce dernier leur a donné, ils doivent obligatoirement faire participer tous les Sénégalais, même ceux qui sont dans l’opposition pour bâtir un État fort. »

 

Jubb Jubbal Jubbanti

Selon Ousmane Sonko, une concertation ou un dialogue ne doivent pas attendre une crise sociale et ou politique. « Un État a le devoir de consulter même en étant en paix pour savoir comment faire évoluer le pays ensemble. On doit impérativement sortir de cette habitude où quand le syndicat est en pourparlers avec l’État, c’est seulement pour régler ses propres problèmes ! Notre objectif à nous tous, c’est de faire avancer le pays. Nous devons aussi sortir de l’idée selon laquelle, quand le patronat se concerte avec l’État, c’est pour dénoncer des marchés non conformes. Ce ne sera pas notre conception des relations qui unissent l’État au patronat et aux syndicats », a déclaré le Premier ministre.

Depuis l’arrivée du parti Pastef les Patriotes au pouvoir, le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a appelé à la rupture avec les vieilles pratiques. Le gouvernement souhaite une politique générale basée sur le concept Jubb Jubbal Jubbanti qui est au cœur de ses actions, et qui s’inscrit dans une logique de réarmement moral et patriotique incarnant les valeurs de probité et de transparence que réclame aujourd’hui la population. Ce concept de « droiture », et de constance dans l’action, est aussi basé sur un socle de gouvernance collective participative. Il s’agit d’œuvrer, avec éthique et responsabilité, collectivement et individuellement, à l’amélioration de la qualité de vie de chaque citoyen sénégalais pour un progrès social et économique durable.

Ce pacte de solidarité signé avec les syndicats et le patronat s’inscrit, de fait, dans la ligne droite du concept « Jubb Jubbal Jubbanti ».

Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat.
Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat.

 

« Nous savons les difficultés des travailleurs, c’est pourquoi, nous sommes conscients qu’il fallait mettre en place ce Pacte pour que l’ensemble des Sénégalais puisse profiter des richesses du pays afin de pouvoir dignement se former, se soigner et se nourrir », a déclaré le Ousmane Sonko, avant de rappeler : « Lorsqu’un responsable politique fait campagne pour être élu, il doit faire preuve de transparence et rester au service exclusif du peuple qui l’a mandaté une fois au pouvoir. Nous avons posé des actes forts en ce sensOn a jamais su créer suffisamment de richesse car notre modèle de développement n’est pas assez performant, c’est pourquoi l’objectif de ce Pacte est de permettre de trouver des mécanismes pour créer une économie solide et inclusive qui nous permet de redistribuer équitablement les richesses. C’est pourquoi il faut impérativement changer de modèle. »

 

Respecter les engagements

L’objectif de ce Pacte est d’instaurer une stabilité sociale propice à une économie compétitive, à la promotion du travail décent et productif et à l’équité sociale. Il s’inscrit dans une durée de trois ans.

La vision du gouvernement dans cette démarche est claire, elle est axée sur la « construction de la souveraineté économique » ce qui implique « la réduction de la dépendance à l’extérieur sans nuire à l’attractivité du pays », a expliqué le président du Conseil national du patronat, Baïdy Agne.

Mody Guiro CNTS

 

Du côté syndical, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), Mody Guiro (photo ci-dessus) a invité les syndicalistes à respecter les engagements et les clauses de ce pacte national inédit. « Les enjeux sont connus, les défis sont multiples, et les préoccupations également énormes. Nous prenons l’engagement ici à respecter nos engagements dans ce Pacte. Notre signature nous engage et il nous faut nous assumer. J’invite tous les autres syndicats à en faire de même en respectant les termes de ce pacte historique, en ce sens que c’est la première fois que le gouvernement et les partenaires sociaux sont arrivés à discuter de la sorte. »

Cet accord est le fruit de négociations tripartites lancées au mois de mars, d’une part pour répondre aux revendications syndicales, et d’autre part améliorer le pouvoir d’achat des Sénégalais. L’urgence est de s’attaquer à la réduction des prix des denrées de première nécessité. La lutte contre les licenciements abusifs dans le secteur du travail est un autre point important du texte. Il reste désormais de trouver des mécanismes de suivi pour garantir leur stricte application.

@NA

Source: NewAfrican/Le Magazine de l’Afrique

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