Tunisie : répression accrue contre les ONG et la société civile

0 20

 

Les autorités tunisiennes ont intensifié leur répression contre les ONG et défenseurs des droits humains, atteignant un niveau jugé « critique » par Amnesty International, qui dénonce arrestations, gels d’avoirs et suspensions arbitraires.

Dans un rapport publié le 14 novembre 2025, Amnesty International affirme que les autorités tunisiennes multiplient les mesures coercitives contre les organisations de défense des droits humains. Arrestations arbitraires, détentions, restrictions bancaires et suspensions judiciaires s’enchaînent au nom de la lutte contre les financements étrangers « suspects » et de la protection des « intérêts nationaux ».

Une affaire inédite illustre cette escalade : six employé·e·s du Conseil tunisien pour les réfugiés (CTR) sont poursuivis pour des accusations liées exclusivement à leurs activités de soutien aux réfugiés et demandeurs d’asile. L’audience d’ouverture, initialement prévue le 16 octobre, a été reportée au 24 novembre.

Depuis quatre mois, au moins 14 ONG tunisiennes et internationales ont reçu des décisions judiciaires leur ordonnant de suspendre leurs activités pendant 30 jours. Parmi elles figurent l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), Nawaat et la section tunisienne de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), quatre structures de référence dans le paysage associatif.

Amnesty souligne que cette offensive remet en cause l’esprit du Décret-loi n° 88 de 2011, considéré comme l’un des acquis majeurs de la révolution. Selon Erika Guevara-Rosas, directrice générale de la recherche et du plaidoyer, les autorités « démantèlent systématiquement l’État de droit et étouffent toute dissidence », dans une dynamique comparable à d’autres dérives autoritaires à travers le monde.

Depuis 2023, le président Kaïs Saïed accuse régulièrement les ONG bénéficiaires de financements étrangers de servir des « agendas extérieurs ». En mai 2024, il avait qualifié certaines organisations actives sur les questions migratoires de « traîtres ». Ces déclarations ont été suivies de perquisitions, d’enquêtes financières et d’investigations visant au moins 12 organisations.

Amnesty appelle les autorités à abandonner les poursuites, lever les suspensions et mettre fin aux mesures de représailles visant des acteurs opérant légalement.

SOURCE: APA News/MK/AK/Tunis (Tunisie)

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.