SNCF : 4,5 milliards par an nécessaires pour sécuriser le réseau, où trouver l’argent ?

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Avec un réseau ferroviaire vieillissant, la France doit faire face à un défi de taille après avoir concentré ses investissements sur les lignes à grande vitesse. Alors que la SNCF enjoint l’Etat à investir pour éviter les futurs problèmes, la facture risque d’être salée. Mais qui va payer ?

Le constat est clair : si la France est dotée d’un des réseaux ferroviaires les plus importants au monde, il est vieillissant et les investissements des dernières années se sont concentrés sur les lignes à grande vitesse. Acheminer les usagers plus rapidement d’un point A à un point B sur les longues distances est une réussite, mais comme le rappelle BFMTV, les autres trajets (Intercités et TER) souffrent de la comparaison avec des retards qui s’accumulent et de nombreux problèmes rencontrés sur les lignes. Et pourtant, ces trajets qui représentent 80% de la circulation globale, permettent de désenclaver des régions ou aux Français de se rendre sur leur lieu de travail.

Après des années de tergiversation, une série d’ateliers, baptisés «Ambition France Transports» viennent de s’ouvrir avec pour but de mettre en place un nouveau système de financement des transports publics, et ce jusqu’en 2040. Le but ? Eviter de mettre dans le rouge les finances de l’Etat. Car le temps presse selon la SNCF : de nombreux retards, «travaux inopinés» voire des «fermetures ponctuelles» sont à prévoir dès 2028, met en garde la SNCF qui réclame d’énormes investissements. La régie ferroviaire réclame d’importants moyens pour «l’entretien des rails, du ballast et surtout des caténaires, ces fils en cuivre vieillissants qui permettent d’alimenter les locomotives en électricité…»

1,5 milliard d’euros en plus à trouver chaque année

En fin d’année dernière, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, prenait exemple sur l’Allemagne, «qui n’a pas fait les efforts suffisants» et qui connaît aujourd’hui «de gros problèmes de fiabilité» avec une régularité des trains «tombée à 60%». Mais combien faut-il pour moderniser le réseau aujourd’hui ? «On a besoin de 4,5 milliards par an sous peine de voir le réseau se dégrader et la régularité des trains plonger», indique à BFMTV le patron de la SNCF. Loin des trois milliards prévus en 2022 dans le contrat de performance entre l’Etat et SNCF Réseau.

1,5 milliard d’euros à trouver en plus à partir de 2027, et il y a urgence à trouver ces sources de financement, met en avant Jean-Pierre Farandou qui s’apprête à quitter le groupe. Mais aujourd’hui, la situation économique du pays est davantage placée sous le signe de l’austérité budgétaire que des investissements. Alors, comment trouver cette somme ? SNCF Réseau bénéficie de plusieurs sources de financement dont les bénéfices du groupe. Mais la SNCF en fera-t-elle chaque année ? Si le train séduit toujours autant, la régie ferroviaire ne pourra pas mettre plus de 500 millions d’euros supplémentaires par an.

Vers une nouvelle augmentation du prix des billets ?

Alors, il y a d’autres pistes, énumère BFMTV, à commencer par l’augmentation des prix des billets de train, même si la mesure est souvent difficile à faire avaler auprès des clients. Une autre solution est de faire contribuer davantage ses concurrents que sont aujourd’hui la Renfe ou Trenitalia. Ils pourraient payer davantage de droits de péage et être obligés à opérer sur des lignes moins rentables, voire déficitaires, pour rééquilibrer la desserte du territoire.

Autre élément envisageable : récupérer une partie des revenus fiscaux issus du système européen de compensation carbone pour l’aérien et le transport routier (ETS), mais également sur les Certificats d’économie d’énergie (CEE). Toutefois, la mesure la plus attendue peut-être, et qui fera l’objet de débats dans le cadre d«’Ambition France Transports», est la manne des autoroutes. Les principaux acteurs que sont Vinci, Eiffage ou Abertis réalisent environ 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an.

Selon le ministre des Transports, «les ressources dégagées par les autoroutes (pourraient être) clairement fléchées vers le secteur des transports». Jean-Pierre Farandou l’a répété fin 2024 : «Les enjeux liés au réseau sont fondamentaux si on veut maintenir de la fiabilité, de la fréquence, de la performance.»

 

Source : LE CAPITAL.

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