Séquence diplomatique pour retisser des liens : Macron à Prétoria, Libreville, Luanda…

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Cinq jours, quatre pays. Emmanuel Macron ouvre jeudi à l’île Maurice une tournée africaine dense qui doit le conduire en Afrique du Sud, au Gabon puis en Angola. Une séquence pensée pour relancer un rapport moins croustillant entre Paris et le continent, après des années difficiles au Sahel où la présence militaire française a été rejetée de plusieurs capitales.

 

À l’Élysée, l’entourage du chef de l’État parle d’un déplacement destiné à donner de la consistance à une relation « renouvelée » avec l’Afrique, notion déjà évoquée par Emmanuel Macron  lors de son discours de Ouagadougou, en 2017. Le président français cherche aujourd’hui à s’éloigner définitivement de la longue période où l’influence de Paris était associée à des réseaux opaques et à des habitudes jugées paternalistes. L’accent sera mis sur une approche plus ouverte : travail mémoriel, coopération avec la jeunesse, initiatives économiques et partenariats nouveaux hors de la zone francophone. Une manière de réexaminer les liens stratégiques après des revers diplomatiques rétentants au Mali, au Burkina Faso, au Niger ou encore au Tchad.

Maurice, première étape pour retisser un partenariat ancien

L’île Maurice accueille Emmanuel Macron pour la première visite d’un président français depuis François Mitterrand en 1993. Une occasion pour Paris de renouer un partenariat ancien mais devenu discret ces dernières années. Le pays connaît une croissance soutenue portée par le tourisme, la construction et les services financiers, au moment où les entreprises françaises cherchent à renforcer leur présence. Pour plusieurs observateurs, Paris cherche également à rééquilibrer sa diplomatie régionale. Le renversement récent du président malgache Andry Rajoelina, proche du chef de l’État français, a été vécu comme un revers dont la France doit tirer les leçons. Dans ce paysage mouvant, Maurice apparaît comme un partenaire fiable, soucieux de diversifier ses alliances économiques.

En Afrique du Sud, une étape chargée de symboles

La tournée se poursuivra en Afrique du Sud, avec une séquence très politique à Pretoria. Emmanuel Macron prévoit une visite au mémorial dédié à la lutte contre l’apartheid, moment attendue dans un pays où la mémoire demeure très présente dans le débat public. Le chef de l’État participera ensuite au sommet du G20 à Johannesburg, où les discussions devraient porter autant sur les tensions géopolitiques que sur le financement des économies émergentes. Cette étape sud-africaine est considérée par Paris comme un passage nécessaire pour renforcer un lien parfois irrégulier avec la première puissance industrielle du continent, dont l’influence diplomatique reste déterminante au sein des organisations internationales.

Gabon : Un retour sur un terrain sensible

Le président français se rendra ensuite au Gabon, pays qui sort d’une transition de 19 mois après le renversement d’Ali Bongo en 2023. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a mis fin à un demi-siècle de règne familial, a été élu président en avril dernier, au terme d’un examen que les observateurs internationaux ont jugé globalement conforme. Pour Paris, ce déplacement à une forte portée politique. Emmanuel Macron entend saluer la fin de la transition et afficher un soutien aux nouvelles autorités gabonaises. Le pays reste l’un des partenaires historiques de la France en Afrique centrale, même si la période récente avait laissé planer des incertitudes. Le nouveau président gabonais, perçu comme plus ouvert à une coopération renforcée avec Paris que son précédent, doit cependant composer avec une économie fragilisée malgré la rente pétrolière. Les entreprises françaises espèrent prendre part aux projets de diversification, notamment dans les secteurs miniers et industriels. Selon plusieurs analystes, la réserve enregistrée par Paris depuis le coup d’État s’estompe peu à peu. La normalisation institutionnelle rassure les partenaires extérieurs, tandis que Libreville cherche à consolider sa crédibilité internationale.

Dernière étape : L’Angola et le dialogue euro-africain

La tournée présidentielle s’achèvera lundi en Angola. La capitale, Luanda, accueille un sommet Union européenne-Union africaine consacré à l’évaluation des projets engagés dans le cadre de l’initiative « Global Gateway ». Lancé en 2021, ce programme vise à financer sur plusieurs années des infrastructures africaines, pour un montant annoncé de 150 milliards d’euros. Paris considère cette rencontre comme un moment clé pour mesurer l’avancée des chantiers en cours, mais aussi pour affiner les priorités géopolitiques de l’Europe sur le continent africain. L’Angola, devenu un acteur régional incontournable en Afrique australe, entend s’inscrire dans la compétition internationale pour attirer davantage d’investissements . Pour Emmanuel Macron, ce passage permettra de rappeler l’importance d’un dialogue européen coordonné dans un espace africain où se multiplient les influences extérieures, de Pékin à Washington, en passant par Moscou ou Ankara.

Cette séquence africaine intervient dans un contexte où Paris cherche à renforcer sa crédibilité et à maintenir un dialogue direct avec des partenaires confrontés à des transformations rapides. La présence d’Emmanuel Macron sur des terrains aussi différents que Maurice, Pretoria, Libreville ou Luanda illustre la volonté française de s’adapter à une Afrique plurielle, diversifiée et en pleine recomposition. Pour l’Élysée, cette tournée doit aussi permettre de réaffirmer la place de la France dans les régions où sa parole est souvent contestée. Une manière d’ouvrir un nouveau chapitre, plus coopératif, dans un climat international devenu plus incertain.

SOURCE:LINFODROME PAR DJOMANDE Aziz

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