À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, la Côte d’Ivoire aborde un scrutin décisif pour son avenir, dans un climat apaisé. Si des défis subsistent, le pays doit beaucoup aux réformes engagées depuis 2011 par le président Alassane Ouattara, en faveur d’un État de droit.

En 2011, la justice ivoirienne sortait affaiblie par une décennie de crises : lenteurs, manque d’indépendance et d’infrastructures, défiance du public. Quinze ans plus tard, le paysage a changé. Sous l’impulsion d’Alassane Ouattara, plus de trente juridictions ont été construites ou réhabilitées, deux cours d’appel créées et un Institut national de formation judiciaire inauguré à Yamoussoukro.

La digitalisation des procédures via le Système intégré de gestion des procédures judiciaires a fluidifié le traitement des dossiers : 74% étant désormais jugés dans les délais. Le Conseil supérieur de la magistrature a été réorganisé, avec la mise en place d’un Pôle pénal économique et financier et une Agence de gestion des avoirs criminels qui ont vu le jour, rendant la justice plus spécialisée et transparente.

Au plan législatif, 151 textes ont été adoptés depuis 2011 : lutte contre la traite, protection des mineurs, criminalisation du terrorisme et du blanchiment. La Côte d’Ivoire a aussi ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, renforçant ses engagements à l’échelle internationale.

Les révisions constitutionnelles successives (2016, 2020, 2023) ont accompagné cette évolution. Celle de 2016 a consacré l’égalité de genre, rendu la scolarisation obligatoire, et instauré le Sénat. La réforme de 2020 a clarifié l’architecture judiciaire, tandis que celle de 2023 a instauré deux sessions parlementaires annuelles pour renforcer le contrôle législatif.

Une ouverture politique nouvelle

Cette refondation institutionnelle a trouvé un écho dans les urnes. Après la présidentielle contestée de 2020, les législatives de 2021 marquent un tournant important dans l’histoire démocratique du pays : l’opposition y a largement participé, et le scrutin, jugé « globalement acceptable » par la CEDEAO et l’Union africaine, s’est déroulé sans trouble majeur.

Les élections locales de 2023 ont confirmé cette évolution : observateurs et société civile ont salué un processus régulier et transparent, avec publication quasi intégrale des résultats. Le discours politique s’est apaisé, la participation a atteint 44%, et les femmes ont conduit 25 listes victorieuses, symbole d’une ouverture sociale et politique nouvelle.

La Commission électorale indépendante (CEI), autrefois critiquée, a gagné en crédibilité. Sa recomposition en 2022, avec la nomination de Demba Traoré, cadre du PPA-CI, et la présence de cinq représentants de l’opposition sur dix-huit membres, a renforcé la confiance.

Ce pluralisme, fruit du dialogue politique, témoigne d’un équilibre plus juste entre les forces en présence. Le paysage démocratique reste dominé par le RHDP, parti au pouvoir, mais l’entrée de candidats indépendants et la consolidation du jeu parlementaire traduisent une pluralité politique assumée.

Au-delà des institutions, la réconciliation nationale est devenue un axe majeur de la politique menée par le Président. Depuis 2019, Alassane Ouattara a multiplié les gestes d’ouverture : rencontres avec Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, grâces présidentielles pour 51 personnalités, et restauration des droits civiques d’anciens responsables. Ces initiatives visent à solder les fractures de la crise post-électorale.

Une stabilité retrouvée

Le programme « Côte d’Ivoire solidaire », centré sur la cohésion nationale, traduit cette volonté d’unité. L’intégration du PPA-CI dans les institutions électorales et la continuité du dialogue politique en sont les prolongements concrets.

Dans une région marquée par les coups d’État militaires, la Côte d’Ivoire s’impose comme pôle de stabilité. Des milliers de réfugiés sahéliens s’y installent, attirés par la sécurité et la continuité institutionnelle.

Quatorze ans après la crise de 2010, la Côte d’Ivoire présente le visage d’un État renforcé : justice modernisée, institutions rationalisées. Les réformes entreprises depuis 2011 ont permis une normalisation durable de l’exercice démocratique.

Certes, les tensions partisanes n’ont pas disparu, mais elles se règlent désormais dans les urnes, par le droit et non par la rue. A travers le dialogue, tant au niveau du secteur privé que dans la sphère politique, le gouvernement échange avec les acteurs pour trouver des solutions durables.

Malgré des débats sur leur portée, ces réformes ont progressivement installé un État de droit plus fonctionnel et prévisible.

 

SOURCE : APA News / APA-Abidjan (Côte d ‘ivoire)