Presse/Afrique de l’Ouest: administration, intégration sahélienne et tensions sociales
En ce mercredi 10 décembre, les capitales ouest-africaines oscillent entre réformes administratives profondes, projets d’intégration régionale ambitieux et crises sociales qui rappellent les fragilités persistantes du continent.
Au Sénégal, PressAfrik rapporte que le gouvernement a lancé un vaste audit physique et biométrique des agents de l’État, une réforme structurante que le ministre de la Fonction publique Olivier Boucal inscrit dans la dynamique de rupture voulue par la troisième alternance. L’objectif est de maîtriser les effectifs et la masse salariale, tout en éliminant les zones d’ombre persistantes, notamment autour des emplois fictifs. Grâce à un dispositif renforcé — cabinet spécialisé, partenariat avec la CDC, experts, logistique dédiée — Dakar veut sécuriser une transition vers une gestion entièrement informatisée des ressources humaines. Le processus, qui débute ce mois-ci, devrait livrer ses conclusions fin avril 2026.
Plus à l’Est, le Mali prépare un rendez-vous politique majeur. Selon Maliweb, Bamako accueillera les 22 et 23 décembre la deuxième session du Collège des chefs d’État de la Confédération AES, un moment décisif pour l’architecture institutionnelle de ce bloc sahélien né en 2024. Le média souligne la portée historique et idéologique que les autorités maliennes attribuent à cette Confédération, pensée comme une alternative souverainiste à un ordre international jugé imposé à l’Afrique. Plus d’un an après la mise en place des premières structures, la rencontre servira à consolider les acquis dans les domaines de la défense, du développement et de la diplomatie, et à poursuivre la construction de ce projet géopolitique présenté comme une « nouvelle révolution progressiste » au Sahel.
Dans un climat tout différent, Burkina24 met en lumière une initiative de solidarité au Burkina Faso, où 150 logements sociaux ont été remis à des ménages vulnérables de Boussouma, grâce à un partenariat entre ONU-Habitat, le gouvernement burkinabè et le Japon. Les autorités locales y voient un geste fort face aux défis humanitaires, notamment ceux liés aux déplacements internes massifs. Le projet, fondé sur l’auto-construction communautaire et une expertise technique soutenue, vise des solutions résilientes pour renforcer la stabilité des communautés. En parallèle, 150 autres logements sont en cours à Nagréongo, inscrivant cette action dans une stratégie plus large de relogement.
Toujours dans la logique institutionnelle, ANP revient sur la célébration du 77ᵉ anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, à la veille du 10 décembre. À Niamey, le ministre de la Justice Ali Daouda a insisté sur la nécessité d’une cohésion nationale forte pour garantir l’effectivité des droits humains au Niger. Il a réaffirmé les engagements du pays en matière d’État de droit, de lutte contre les discriminations et de protection des personnes vulnérables, tout en appelant les partenaires « sincères » à soutenir les efforts nationaux. Le rappel de la Charte du Mandé du XIIᵉ siècle vise à ancrer cette célébration dans l’histoire africaine des droits et de la dignité humaine.
Le climat social s’est fortement tendu en Guinée, où Africaguinee publie un entretien exclusif avec le secrétaire général du SNE, Michel Pépé Balamou. Le syndicat, à la tête de la grève générale illimitée qui paralyse le secteur éducatif depuis le 1er décembre, maintient la pression malgré les violences survenues, dont un décès d’élève ayant suscité un choc national. Le dirigeant syndical accuse le gouvernement de pratiquer l’intimidation et exige l’ouverture immédiate de négociations sincères autour des revendications : révision du statut particulier, engagement des contractuels, déblocage des salaires, paiement des arriérés et titularisations. Tout en reconnaissant « des tractations en cours », il affirme qu’aucune suspension du mouvement n’est envisageable sans avancées concrètes.
Dans ce panorama régional déjà chargé, le Ghana est traversé par un débat institutionnel majeur. Selon Pulse Ghana, l’ancien président de l’Association du barreau, Sam Okudzeto, s’est joint aux voix appelant à l’abolition du Bureau du procureur spécial (OSP), estimant que cette entité créée pour lutter contre la corruption « n’a pas atteint son objectif ». Il affirme que la corruption demeure omniprésente « dans chaque institution » et s’interroge sur la raison d’être d’un organe séparé alors que le Directeur des poursuites publiques dispose déjà du mandat pour traiter les infractions de corruption. Appuyé sur des comparaisons internationales, il souligne qu’un procureur spécial n’est, ailleurs, désigné que pour des dossiers précis, et non pour fonder une institution entière. Dans un contexte où l’OSP est déjà secoué par des controverses et des allégations de menaces contre son chef, ces déclarations ravivent une remise en question profonde du dispositif anticorruption ghanéen.
SOURCE : APA News/Dakar (Sénégal)