Pour la réhabilitation de la Cour des comptes en Algérie

0 23

L’efficacité de la Cour des comptes et d’une manière générale de toutes les institutions de contrôle, y compris celles des services de sécurité, est fonction d’une gouvernance globale rénovée.

 

L’économie algérienne risque de connaître de vives tensions budgétaires avec des recettes en baisse. Le déficit budgétaire, source d’inflation, est passé à 64 milliards de dollars contre 46 milliards en 2024 $ et 30 milliards de dollars en 2023,

D’où l’importance d’une plus grande rigueur budgétaire et de la lutte contre la mauvaise gestion et la corruption. C’est dans ce cadre que rentre le rôle de la Cour des comptes, en hibernation depuis de longues années. Elle a pour mission essentielle de servir avant tout comme institution de conseil et de prévision et non comme outil de coercition. Quand le mal est fait, cela est déjà trop tard !

L’économie algérienne est toujours de nature publique avec une gestion administrée renvoyant à l’urgence d’une véritable décentralisation pour favoriser le développement fondé sur une société plus participative faisant passer les collectivités locales providences à des collectivités locales managers.

Elle doit viser à favoriser une saine gestion et une utilisation performante des moyens et des ressources publics par les entités contrôlées.

La Cour des comptes est l’organe suprême de contrôle du patrimoine et des deniers publics, contribuant au développement de la bonne gouvernance, à la transparence et à la reddition des comptes. Elle étudie des dossiers d’importance nationale et exerce un contrôle sur la gestion des entreprises et organismes dans lesquels l’État et les collectivités détiennent une participation majoritaire au capital ou un pouvoir prépondérant de décision.

Ainsi, la Cour des comptes s’assure de l’existence, de la pertinence et de l’effectivité des mécanismes et procédures de contrôle et d’audit interne, chargés de garantir la régularité de la gestion des ressources et des intérêts de l’entreprise, ainsi que la traçabilité des opérations financières, comptables et patrimoniales réalisées.

Les procédures de la Cour des comptes doivent répondre aux normes internationales qui concernent notamment la longueur des procédures, la couverture limitée des contrôles et la standardisation des méthodes de travail.

Le rôle de la Cour des comptes ne doit pas être instrumentalisé à des fins politiques et de règlement de comptes. La Cour doit éviter cette vision répressive mais être un garde-fou et une autorité morale.

 

La transition vers l’économie de marché

L’efficacité de la Cour des comptes et d’une manière générale de toutes les institutions de contrôle, y compris celles des services de sécurité, est fonction d’une gouvernance globale rénovée afin de lutter contre les surcoûts, les surfacturations en dinars et en devises et les transferts illégaux de capitaux jouant sur la distorsion de la cotation du dinar officiel et celui du marché parallèle.

Fin janvier 2025, le président algérien a mis fin aux fonctions du président de la Cour des comptes, Abdelkader Benmarouf, qui devait partir à la retraite un an plus tard.
Fin janvier 2025, le président algérien a mis fin aux fonctions du président de la Cour des comptes, Abdelkader Benmarouf, qui devait partir à la retraite un an plus tard.

 

Concernant les responsabilités, il y a lieu de tenir compte que l’Algérie est toujours en transition : ni économie de marché, ni économie planifiée. C’est cette interminable transition qui explique les difficultés de régulation, posant la problématique de la responsabilité du manager de l’entreprise en cas d’interférences du politique.

Force est de reconnaître que Sonatrach, l’ANP et les services de sécurité constituent la colonne vertébrale de la Nation. L’économie algérienne est toujours de nature publique avec une gestion administrée renvoyant à l’urgence d’une véritable décentralisation pour favoriser le développement fondé sur une société plus participative faisant passer les collectivités locales providences à des collectivités locales managers.

L’objectif stratégique est de réaliser la transition d’une économie de rente à une économie de production de biens et services basée sur la bonne gouvernance et la connaissance. Acteur stratégique de la région méditerranéenne et africaine, possédant toutes les potentialités, surtout une jeunesse dynamique, espérons pour l’Algérie, face aux nouvelles tensions géostratégiques et aux tensions budgétaires internes, un sursaut national pour un avenir meilleur grâce à une meilleure gestion et un large front national anti-crise, en incluant toutes les sensibilités.

 

Abderrahmane Mebtoul est professeur des universités

@NA

Source: NewAfricane/Le Magazine de l’Afrique

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.