Le projet gazier de Tendrara, dans l’est du Maroc, a franchi une étape décisive avec l’arrivée des premiers flux de gaz dans le système de collecte, une avancée stratégique pour un pays en quête de souveraineté énergétique et de diversification de ses approvisionnements.

La société britannique Sound Energy PLC a annoncé mardi le début de la mise en service du développement TE-5 Horst, après l’injection des premiers volumes de gaz issus du puits TE-6 dans le système de collecte du champ de Tendrara. Cette phase marque le lancement des opérations préalables à la production commerciale de gaz destinée à alimenter la micro-usine de GNL prévue sur le site.

Selon le communiqué, le dernier composant du système de collecte a été installé le 28 novembre, permettant à la concession – opérée par Mana Energy Ltd (55 %) avec Sound Energy (20 %) – de démarrer les essais techniques. « Le gaz a été acheminé en toute sécurité et avec succès pour commencer la mise en service du GGS », précise la société.

La micro-usine de GNL, conçue par l’italien Italfluid Geoenergy, assurera l’exploitation et la maintenance des installations, avec pour objectif la livraison de GNL au distributeur marocain Afriquia Gaz dans le cadre d’un contrat de dix ans. L’accord prévoit l’achat annuel de 100 millions de m³ de gaz, indexé sur les prix de référence européens et américains, un point qui interroge certains observateurs dans un marché mondial volatil.

Sound Energy a salué la coopération de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) et des partenaires techniques. Le PDG Majid Shafiq a qualifié cette étape de « moment important » ouvrant la voie à la distribution de gaz aux industriels marocains, tout en évoquant « une période passionnante » pour l’entreprise.

Le projet Tendrara s’inscrit dans une conjoncture énergétique tendue, marquée par la dépendance persistante du Maroc aux importations, notamment via le GNL acheminé par méthaniers depuis 2022. Le Royaume cherche à sécuriser ses approvisionnements en multipliant les partenariats internationaux et en accélérant les infrastructures nationales.

Début décembre, le ministère de l’Énergie a lancé plusieurs appels d’offres internationaux pour la première phase du futur dispositif national de GNL, incluant terminaux, stockage et unités flottantes.

Sound Energy avance également des estimations ambitieuses, évoquant cette année un potentiel de ressources non découvertes dans l’est marocain qui pourrait dépasser 20 Tcf (trillions de pieds cubes). Une projection qui reste à confirmer par des campagnes d’exploration supplémentaires et dont l’ampleur suscite prudence dans un secteur où les annonces prospectives débordent souvent le terrain des réserves prouvées.

Si l’injection des premiers volumes constitue une étape technique incontestablement importante, la mise en service complète, la stabilité de la production et l’intégration du GNL marocain dans le marché intérieur dépendront des prochains mois de tests, des capacités logistiques et de la solidité des partenariats industriels. Pour un Maroc engagé dans la réduction de sa facture énergétique, Tendrara représente autant une opportunité qu’un test critique pour sa future politique gazière.

SOURCE : APA News/MK/ac/Rabat (Maroc)