Le Syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers du Mali (SYNACOR) a annoncé, lundi, avoir déposé une plainte pour diffamation contre Aboubacar Sidiki Fomba, membre du Conseil national de transition (CNT), à la suite de propos dans lesquels il aurait qualifié les chauffeurs maliens de « complices de terroristes ». Selon le syndicat, ces déclarations ont été jugées offensantes et dommageables pour la profession, malgré les excuses publiques présentées par l’élu.
« Les excuses de M. Fomba nous ont encore plus irrités, car elles ne changent rien à la gravité de ses propos », a déclaré un responsable syndical cité par plusieurs médias locaux. Le SYNACOR, qui représente les chauffeurs et conducteurs de transport sur tout le territoire, a également annoncé une grève générale pour protester contre ce qu’il considère comme une atteinte à la dignité des travailleurs du secteur.
Cette nouvelle affaire porte à trois le nombre de procédures ou plaintes ayant visé M. Fomba depuis son entrée au CNT. En avril 2024, le Conseil national de l’Ordre des Médecins du Mali avait publié une mise en demeure à son encontre pour usurpation de titre médical, estimant qu’il s’était présenté comme médecin sur plusieurs plateformes publiques. Quelques mois plus tard, en octobre 2024, la Communauté soninké du Mali et sa diaspora avaient dénoncé des propos jugés injurieux et discriminatoires à leur égard, demandant aux autorités de la transition de prendre des sanctions exemplaires.
L’affaire actuelle survient dans un contexte économique et sécuritaire tendu. Depuis plusieurs jours, Bamako et plusieurs grandes villes maliennes connaissent une importante pénurie de carburant. De longues files d’attente se forment devant les stations-service, tandis que les autorités évoquent des difficultés d’approvisionnement liées à la situation régionale. Selon des sources sécuritaires, certaines attaques menées par des éléments affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) auraient visé des camions-citernes sur les axes reliant la capitale aux autres régions frontalières, perturbant la distribution du carburant et aggravant la crise énergétique.
Le SYNACOR, qui a souvent dénoncé le manque de protection des transporteurs dans les zones d’insécurité, estime que les déclarations de M. Fomba « stigmatisent une profession déjà exposée aux violences ». Le syndicat réclame la reconnaissance du rôle stratégique des chauffeurs dans la chaîne logistique nationale et leur protection sur les routes.
Membre du CNT depuis 2020, Aboubacar Sidiki Fomba est une figure controversée de la scène publique malienne, connue pour ses prises de position tranchées. Contacté par certains médias, il aurait réaffirmé que ses propos avaient été « sortis de leur contexte » et présentés de manière « tendancieuse ».
Aucune date d’audience n’a encore été fixée pour cette nouvelle plainte. L’affaire, en revanche, alimente déjà le débat à Bamako, où syndicats, observateurs et organisations de la société civile suivent de près l’évolution de la situation, dans un climat social marqué par les difficultés économiques et la persistance de l’insécurité sur les routes du pays.
SOURCE:APANEWS