Mali : sortie de la liste grise du GAFI après quatre ans de réformes

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Le Mali a été retiré de la liste grise du GAFI, salué pour ses progrès dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, après quatre ans de réformes soutenues et d’évaluations internationales.

Après quatre années de surveillance accrue, le Mali a été officiellement retiré de la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI) à l’issue de la session plénière tenue à Strasbourg le 13 juin 2025. Cette décision fait suite à un processus de mise en conformité entamé en 2021, marqué par la mise en œuvre de 27 actions correctives, la production de dix rapports d’évaluation, et l’accueil d’une mission d’inspection internationale à Bamako fin avril dernier.

Inscrit sur la liste grise du GAFI en juin 2021, le Mali figurait parmi les pays jugés défaillants dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Cette inscription, qui impliquait une surveillance renforcée et des obligations périodiques de reporting, avait été décidée sur la base de plusieurs carences relevées lors de l’évaluation mutuelle conduite par les instances régionales.

Le pays avait alors adopté un plan d’action en 27 mesures, dont la mise en œuvre a été suivie de près par le Groupe de revue de la coopération du GAFI (International Cooperation Review Group). Neuf rapports d’étape et un rapport de visite ont été produits entre 2021 et 2025, attestant d’un engagement croissant des autorités maliennes, tant sur le plan juridique que technique.

Une mission décisive à Bamako en avril 2025

Du 28 au 30 avril 2025, une délégation conjointe du GAFI et du Groupe Afrique Moyen-Orient a séjourné à Bamako pour une évaluation sur site. Elle a rencontré les équipes du ministère de l’Économie et des Finances, de la Justice, de la Sécurité, de la Protection civile et de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF). Cette mission a permis de constater la mise en conformité effective de plusieurs dispositifs clefs, notamment en matière de surveillance des transactions suspectes, de régulation du secteur financier informel et de coopération judiciaire.

Le retrait du Mali de la liste grise constitue une reconnaissance des efforts soutenus menés sous la coordination de la Commission nationale de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (CONAC-LBC/FT), avec l’appui technique du GIABA (Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest) et de plusieurs bailleurs, dont la Banque mondiale et l’Union européenne.

Les effets de cette sortie devraient se faire sentir dans les prochains mois. Selon des données de la Banque mondiale, le Mali a connu une contraction de 18,6 % des investissements directs étrangers (IDE) entre 2021 et 2023, en partie liée à l’image de risque renforcé associée à son inscription sur la liste grise. En 2024, le pays avait attiré 312 millions de dollars d’IDE, contre 384 millions en 2020, selon les données consolidées du FMI.

La sortie de la liste pourrait également favoriser une reprise progressive des correspondances bancaires avec les établissements européens, certains ayant suspendu ou restreint leurs relations avec les banques maliennes depuis 2022, par crainte de procédures de non-conformité. Pour les entreprises locales, cela signifie une amélioration de l’accès au financement international, une réduction des délais de transfert, et une baisse possible du coût des emprunts.

Une obligation de vigilance maintenue

Si le retrait de la liste est un signal fort, il ne signifie pas la fin des obligations du Mali en matière de conformité. Le GAFI a précisé que le pays devra maintenir ses efforts, notamment dans le suivi effectif des professions non financières désignées (PNFD), la mise en œuvre des sanctions financières ciblées, et la régulation du secteur informel.

Le secrétaire exécutif du GIABA, Edwin Harris Jr., a salué dans un communiqué distinct « une avancée significative » tout en appelant les autorités maliennes à « inscrire ces progrès dans la durée ».

MD/ac/APA

Source: APANEWS

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