Après un an et demi d’existence, l’alliance cherche à transformer ses annonces politiques en dispositifs opérationnels concrets, entre coopération militaire, coordination diplomatique et projets économiques communs.
La Confédération des États du Sahel tiendra du 22 au 23 décembre sa deuxième session des Chefs d’État, un rendez-vous destiné à clarifier l’architecture institutionnelle mise en place depuis la création de l’alliance en juillet 2024. Réuni le 4 décembre à Bamako, le Comité de Pilotage du Comité national AES a fait le point sur les préparatifs d’un cycle de rencontres qui doit préciser les priorités politiques, sécuritaires et économiques de la Confédération.
Ce calendrier marque une étape importante pour une structure qui cherche à se doter progressivement de repères institutionnels communs. Depuis l’adoption du traité fondateur, l’AES a officialisé plusieurs symboles, dont un drapeau et une devise, présentés en février 2025 aux côtés d’un passeport commun dévoilé lors d’une cérémonie conjointe à Niamey. Si ce document unifié existe désormais, son déploiement à grande échelle et les modalités de son utilisation restent en cours de consolidation. À l’inverse, certains projets annoncés, comme une force unifiée de cinq mille hommes ou la création d’une Banque d’investissement, demeurent au stade de concept et n’ont pas encore été traduits en dispositifs opérationnels. Cette phase de construction témoigne des ambitions de l’alliance mais aussi de l’ampleur des défis à résoudre pour stabiliser une architecture confédérale encore jeune.
Le Premier ministre malien Abdoulaye Maïga a insisté sur l’importance de réussir l’organisation des travaux préparatoires, estimant que cette séquence doit renforcer la crédibilité de la Confédération sur le plan régional. Il a rappelé que la mise en œuvre de la Feuille de route de l’An I repose sur la cohérence des trois piliers retenus par l’AES, à savoir la défense, la diplomatie et le développement. Les ministres des trois pays sont attendus à Bamako les 20 et 21 décembre afin de finaliser les textes qui seront soumis aux Chefs d’État, tandis que les hauts fonctionnaires auront travaillé en amont sur les aspects techniques et institutionnels nécessaires à la structuration interne de la Confédération.
Ce sommet se tiendra dans un contexte où les États membres cherchent à consolider leur autonomie politique et à affirmer leur visibilité diplomatique après leur retrait collectif de la CEDEAO. Plusieurs analystes soulignent que l’AES est désormais observée à travers sa capacité à passer de l’annonce politique à la construction institutionnelle, un test qui concerne autant les réformes sécuritaires que les ambitions économiques évoquées depuis 2024. Les discussions de Bamako devraient ainsi préciser les orientations de la coopération militaire, la coordination diplomatique et les perspectives de dispositifs économiques communs, notamment ceux liés au financement des infrastructures et au développement régional.
Avec ce sommet, le Mali devient le centre diplomatique d’une alliance dont les attentes sont croissantes. Les décisions prises à Bamako permettront de mesurer l’avancée réelle de la Confédération et de déterminer si la dynamique engagée depuis dix-huit mois peut conduire à une structuration durable dans un espace sahélien marqué par l’instabilité et les pressions sécuritaires. Les prochains mois diront si les projets annoncés pourront se transformer en institutions à part entière et si l’AES parviendra à se doter des outils nécessaires pour assurer sa cohérence interne.
SOURCE.:APANews