La Libye redevient en 2025 le principal point de départ des migrants vers l’Europe par la Méditerranée, sur fond de reconfiguration des routes atlantiques et d’instabilité sahélienne persistante.
La Libye est redevenue en 2025 le principal point de départ des migrants tentant de rejoindre l’Europe par la Méditerranée centrale, marquant un retour en force d’un pays longtemps au cœur des dynamiques migratoires régionales. Ce repositionnement stratégique souligne les limites des politiques européennes de dissuasion et la résilience des réseaux de passeurs malgré les efforts de contrôle.
Selon le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), 24 583 personnes ont quitté les côtes libyennes entre le 1er janvier et le 9 juin 2025, majoritairement des ressortissants bangladais. Ces départs représentent la part la plus importante des 57 222 arrivées en Europe enregistrées sur la période, dont 54 650 par voie maritime. La Libye supplante ainsi nettement les autres routes nord-africaines, alors que les flux en provenance du Maroc, de l’Algérie et de la Mauritanie ont chuté de manière significative.
Cette résurgence libyenne intervient dans un contexte de redéploiement des routes migratoires. Les arrivées aux îles Canaries depuis le Maroc et la Mauritanie ont reculé de 35 %, tandis que les débarquements en Espagne ont baissé de 26 % par rapport au premier semestre 2024. Pourtant, l’Espagne reste confrontée à une intensification des arrivées, dues principalement à une migration désormais dominée par des ressortissants d’Afrique subsaharienne (72 % en 2024, contre 62 % en 2023).
Le rapport annuel sur la sécurité nationale espagnole révèle ainsi que la Mauritanie est devenue le principal pays de départ vers l’Espagne, avec plus de 25 000 migrants irréguliers recensés en 2024, devant le Maroc et l’Algérie. Ce glissement s’explique par l’instabilité croissante dans le Sahel, notamment au Mali, devenu premier pays d’origine des migrants en Espagne (+543 % par rapport à 2023).
Mais pendant que le Sahel et l’Atlantique recomposent leurs routes, la Libye se repositionne comme l’axe central des traversées vers l’Italie et Malte, reléguant temporairement d’autres points de départ au second plan. En dépit de la militarisation croissante de ses frontières et de la coopération sécuritaire avec l’Europe, le pays reste poreux face à la pression migratoire.
Ce retour en force de la Libye, associé à la persistance des tensions sécuritaires dans le Sahel et aux difficultés socio-économiques dans toute la région, confirme que la Méditerranée centrale demeure, malgré tout, l’artère migratoire la plus active et la plus mortelle du continent africain.
SL/ac/Sf/APA
Source: APANEWS