Les rebelles du M23 ont tué 140 civils dans l’est de RDC le mois dernier selon Human Rights Watch

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Les témoignages recueillis dans le rapport de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rignts Watch publié ce mercredi font froid dans le dos, selon des observateurs. « Ils ont tué des gens à coups de fusil et de machette », révèle le rapport.

Selon HRW, ces événements représentent l’une des pires atrocités commises par les rebelles du M23 depuis qu’ils ont repris les attaques fin 2021.

Le groupe rebelle Mouvement du 23 mars soutenu par le Rwanda, selon HRW, a tué au moins 140 personnes (des civils) dans l’est de la République démocratique du Congo le mois dernier. Alors qu’un processus de paix négocié par les Etats-Unis et le Qatar vise à mettre fin au conflit dans cette région.

Le rapport souligne que des témoins ont indiqué que les rebelles du M23 et son soutien le Rwanda ont « exécuté sommairement » des habitants, notamment des femmes, et des enfants, en grande partie issus de l’ethnie hutue, dans la région de Rutshuru, près du parc national des Virunga.

 

 

« Le groupe armé M23, qui bénéficie de l’appui du gouvernement rwandais, a attaqué plus d’une dizaine de villages et de zones agricoles en juillet et a perpétré des dizaines d’exécutions sommaires de civils principalement hutus », a déclaré Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur la région des Grands Lacs à Human Rights Watch.

Mardi, l’armée de la République démocratique du Congo a alerté l’opinion internationale sur « d’incessantes et multiples attaques perpétrées par la coalition AFC/M23 et alliés contre leurs positions au Nord-Kivu et au Sud-Kivu », indiquant que cela menace le fragile cessez-le-feu obtenu par la médiation des Etats-Unis.

Selon le communiqué des FARDC signé par son porte-parole Sylvain Ekengue, ces attaques « quasi-quotidiennes » constituent une « violation intentionnelle et manifeste » de l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda en juin.

Des témoignages choquant révélés dans le rapport de Human Rights Watch

Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, le massacre présumé a lieu lors d’une campagne du M23 contre le groupe armé hutu (les FDLR) formé par des auteurs du génocide de 1994 au Rwanda voisin.

Le rapport indique que les rebelles ont utilisé des machettes et des armes à feu pour attaquer des populations « dans au moins 14 villages et petites communautés agricoles dans l’est de la République démocratique du Congo » proches du parc Virunga entre le 10 et le 30 juillet 2025.

« Entre la mi-juillet et la mi-août, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec 36 personnes, dont 25 témoins, ainsi que des activistes locaux, des travailleurs médicaux, des sources militaires, du personnel des Nations Unies et d’autres sources informées. Human Rights Watch a analysé des vidéos et des photographies pertinentes, consulté des médecins légistes et corroboré les témoignages à l’aide de cartes et d’images satellite », renseigne le rapport.

Les rebelles ont encerclé et bloqué toutes les routes menant à la zone, empêchant les populations de fuir, selon les témoins.

Un homme dont cinq membres de sa famille ont été tués dans la région de Katanga, a confié que les rebelles sont arrivés dans la ville très tôt le matin avant leur réveil. « Ils étaient là, en grand nombre et étaient déjà à nos portes ».

Une femme a déclaré, selon le rapport, que le groupe des combattants a tué son mari à coups de machette le 11 juillet et a arrêté plus de 70 femmes et enfants ce jour-là.

Un autre rapport, celui de Amnesty International fait état de viols collectifs et autres exactions sur des femmes et enfants lors de ces attaques.

« Ils nous ont dit de nous asseoir au bord de la rivière, puis ils ont commencé à tirer sur nous », indique le rapport de HRW, citant la femme qui a survécu en tombant dans la rivière sans être touchée par aucune balle.

Le rapport cite également un homme qui a vu sa femme et ses enfants âgés de neuf mois à 10 ans tués par les rebelles à distance.

Les rebelles du M23 auraient jeté des corps, notamment ceux des femmes et des enfants dans la rivière de Rutshuru et auraient ordonné à des habitants d’enterrer immédiatement d’autres corps dans les champs ou de les laisser sans sépulture.

HRW a souligné que le nombre de morts pourrait dépasser 300, corroborant ainsi un autre rapport de l’ONU sorti en début du mois.

Le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a rapporté qu’ « au moins 391 civils ont été tués par le M23 soutenu par des membres des forces rwandaises de défense, entre le 9 et 21 juillet dans quatre villages de Rutshuru ».

Les accusations du M23 contre Kinshasa

Le groupe rebelle M23 n’a pas encore réagi au nouveau rapport de Human Rights Watch publié ce mercredi. Mais il a précédemment nié catégoriquement toute implication dans ces tueries, qualifiant ces accusations de « déformations flagrantes des faits ».

Alors que l’accord de cessez-le-feu signé le mois dernier au Qatar entre le M23 et le gouvernement de la RDC est censé ouvrir une voie vers une paix durable, le groupe rebelle a annoncé lundi son retrait des négociations, indiquant que Kinshasa ne respecte pas les accords précédents.

Son porte-parole Lawrence Kanyuka a déclaré au service des Grands Lacs de la BBC que le gouvernement « ne veut pas la paix ».

Selon lui, les forces gouvernementales avaient continué à attaquer les positions rebelles, malgré l’accord stipulant que les deux parties devaient s’abstenir de toute attaque.

 

 

Les FARDC s’insurgent contre des « attaques quotidiennes » du M23

L’armée de la RDC pointe plutôt du doigt les rebelles du M23 qu’elle accuse de mener des attaques contre ses positions dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

« A titre illustratif, au Nord-Kivu, la position de la Force Navale de MUSENDA au bord du lac Edouard, en territoire de LUBERO a été attaquée le 11 août 2025. Au Sud-Kivu, plusieurs positions des forces loyalistes ont fait l’objet de plusieurs attaques », énumère Sylvain Ekengue, porte-parole de l’armée dans un communiqué rendu public mardi.

Ces attaques, poursuit-il, « non seulement compromettent les pourparlers de paix, mais aussi et surtout sont à la base des tueries et des déplacements massifs des populations civiles ».

« Désormais, les Forces Armées de la République démocratique du Congo sont obligées de prendre des mesures qui s’imposent pour répondre à toutes ces provocations mettant en péril la vie des paisibles populations civiles », prévient l’armée de la RDC.

La RDC, l’ONU et de nombreuses puissances occidentales ont déjà accusé le Rwanda de soutenir le M23, composé en grande partie de Tutsis, groupe ethnique pris pour cible par les milices hutues lors du génocide.

Kigali a toujours nié son implication

Le Rwanda n’a pas encore réagi aux allégations de HRW, mais a toujours nié son soutien aux rebelles du M23, malgré sa participation aux pourparlers de Washington.

Kigali considère cependant l’est de RDC comme une menace pour sa sécurité, principalement en raison de la persistance du groupe armé hutu, les FDLR, qui combat aux côtés de l’armée congolaise.

Les négociations pour l’accord de paix qui sont au point mort, prévoient justement que Kinshasa « neutralise » les FDLR.

Dans son rapport, Human Rights Watch a exhorté le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne et les gouvernements à condamner les graves exactions commises dans l’est de la RDC.

L’organisation demande également à la communauté internationale d’imposer de nouvelles sanctions aux responsables et à faire pression pour l’arrestation et la poursuite en justice des commandants impliqués dans le conflit.

Selon l’ONU, le conflit en cours a fait des milliers de morts et contraint des centaines de milliers de civils à quitter leur foyer.

 

Source:news.abidjan.net

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