En matière d’industrie de défense, les groupes de réflexion soutiennent que le Maroc peut tirer parti de son secteur technologique en pleine expansion pour développer ses capacités cybernétiques.
Le Maroc poursuit une modernisation accélérée de ses forces armées, misant sur les drones, l’artillerie et les alliances internationales pour contrer l’avantage militaire régional de son voisin algérien. C’est ce que révèle un rapport conjoint publié par la Fondation Konrad Adenauer et le think tank marocain Global Governance & Sovereignty Foundation, qui souligne cependant les limites d’un système de défense encore fortement dépendant des importations.
En première ligne : les drones turcs Bayraktar TB2, dont le Maroc a acquis treize unités en 2021 pour quelque 70 millions de dollars, avant de compléter la flotte par six unités supplémentaires. Ces équipements sont utilisés principalement dans les opérations de surveillance et de riposte contre les groupes séparatistes actifs dans le sud du pays, accusés de bénéficier d’appuis extérieurs. D’autres modèles plus avancés, comme le Bayraktar Akinci, auraient également été livrés, bien que le nombre exact demeure confidentiel.
En parallèle, le partenariat avec Ankara prend une nouvelle dimension : le constructeur Baykar prévoit l’ouverture d’un centre de maintenance et de production au Maroc courant 2025. Une initiative qui pourrait marquer le premier jalon vers une industrie de défense locale.
Au-delà de la Turquie, Rabat diversifie ses fournisseurs : des accords ont été noués avec les États-Unis, la France, Israël, la Chine et l’Inde. Parmi les acquisitions notables figurent le système d’artillerie israélien Atmos 2000, à longue portée, qui vient compléter les obusiers français Caesar réceptionnés en 2022. Le 27 septembre 2024, le Maroc a également signé un partenariat stratégique avec l’indien Tata Advanced Systems Limited (TASL) pour la production sur place de blindés WhAP 8×8.
Cette diversification, estiment les auteurs du rapport, vise à réduire les risques de dépendance vis-à-vis d’un seul pays fournisseur, un choix stratégique à l’heure des tensions géopolitiques mondiales. Toutefois, la capacité industrielle locale reste limitée. Le royaume ne dispose pas encore des compétences techniques ni des infrastructures nécessaires à la fabrication d’équipements sophistiqués, comme les systèmes de défense Patriot PAC-3.
Le volet naval constitue également un défi. Bien que le Maroc joue un rôle clé dans la sécurisation du détroit de Gibraltar, notamment depuis les installations de Tanger-Med et la base navale de Ksar Sghir, ses moyens maritimes restent à renforcer. Une frégate de nouvelle génération, actuellement en construction chez l’espagnol Navantia, devrait rejoindre la flotte dans les prochains mois.
Le rapport souligne que le royaume peut s’appuyer sur un écosystème technologique national dynamique pour combler ce retard. En formant des experts en cyberguerre, espionnage numérique et guerre électronique, le Maroc serait mieux armé face aux menaces contemporaines.
MK/ac/Sf/APA
Source: APANEWS