GGC 2025 : plaidoyer africain pour une croissance souveraine et durable

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La Global Growth Conference 2025 s’inscrit dans une ambition plus large : celle de positionner l’Afrique comme acteur central de l’économie mondiale. 

La Global Growth Conference (GGC 2025), organisée par l’Institut Amadeus, s’est ouverte mardi à Rabat, rassemblant plus de 600 participants issus de plus de 50 pays autour du thème « Financer la croissance, façonner la transition énergétique ». Ce forum, relancé après plusieurs années d’interruption, entend renforcer le dialogue stratégique entre acteurs publics, privés et diplomatiques sur les grands enjeux du développement africain.

La session inaugurale a été marquée par des interventions de haut niveau, notamment celles de ministres africains, d’experts internationaux, de chefs d’entreprises et de représentants de gouvernements européens. Le Maroc y a réaffirmé, par la voix de plusieurs de ses responsables, son ambition d’incarner un modèle régional de transformation économique, dans la droite ligne de la vision de Roi Mohammed VI.

Le ministre marocain de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, a plaidé pour une croissance inclusive, structurée autour d’investissements à fort impact, de politiques fiscales innovantes et d’une vision programmatique claire. Remettant en question les modèles économiques hérités du consensus de Washington, M. Sekkouri a souligné que la stabilité macroéconomique du Maroc repose sur une gestion rigoureuse et sur des réformes structurelles, tout en appelant à une meilleure intégration des PME et à une lutte résolue contre la corruption.

L’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, a pour sa part insisté sur la nécessité d’un développement adapté aux réalités africaines. Selon elle, l’inclusion des femmes constitue un levier économique central, au même titre que la modernisation de l’agriculture et l’investissement dans le capital humain. Elle a également souligné le rôle crucial de l’économie informelle et a dénoncé les ravages de la corruption, évoquant la perte de 4 000 milliards de francs CFA au Sénégal.

Daniel Mukoko Samba, Vice-Premier ministre congolais, a quant à lui défendu une souveraineté repensée, non comme un repli, mais comme une stratégie de coopération régionale. Il a mis en avant le projet du « corridor vert » porté par la RDC, qui vise à bâtir une souveraineté énergétique inclusive. Le ministre malawite de l’Énergie, Ibrahim Matola, a appuyé cette dynamique, appelant à une coordination énergétique accrue entre pays africains.

Dans une intervention, Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a mis en lumière le potentiel stratégique du continent africain en matière d’énergies renouvelables. « 60 % des ressources mondiales dans ce domaine se trouvent en Afrique », a-t-il rappelé. Il a notamment salué l’avancée du Maroc dans le domaine de l’hydrogène vert et appelé à une réforme du Code du travail à l’ère de l’intelligence artificielle.

Investissement privé et diplomatie économique

Représentant l’Égypte, le vice-ministre des Finances, Yasser Sobhi, a défendu une approche économique centrée sur l’investissement privé, qu’il considère comme le véritable moteur de l’emploi et de la compétitivité. Il a appelé à la création d’un environnement des affaires propice, fondé sur des réformes structurelles et une gouvernance efficace.

Ludovic Pouille, Directeur de la diplomatie économique au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, a mis en garde contre les effets de l’unilatéralisme économique, citant l’offensive commerciale américaine lancée sous l’administration Trump. Il a souligné que la France reste le deuxième investisseur en Afrique, avec un stock de 47 milliards d’euros, et a plaidé pour un partenariat euro-africain renforcé, axé sur l’éducation, la santé et la transition énergétique.

La GGC 2025 s’inscrit dans une ambition plus large : celle de positionner l’Afrique comme acteur central de l’économie mondiale. Les débats prévus durant ces deux journées porteront sur la reconfiguration des chaînes de valeur, le financement des infrastructures, la transition énergétique, le rôle de l’innovation digitale et la coopération Sud-Sud.

Soutenue par la vision royale marocaine, cette conférence ambitionne de faire émerger un nouveau narratif sur l’Afrique : celui d’un continent capable de tracer ses propres trajectoires de croissance, en s’appuyant sur ses ressources, ses talents et des partenariats équitables. À Rabat, la voix africaine s’affirme, résolument tournée vers une mondialisation plus inclusive.

MK/ac/APA

Source: APANEWS

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