Alors que la Mpox touche Dakar et que la Fièvre de la vallée du Rift (FVR) sévit dans plusieurs régions du pays, une large partie de la population demeure encore mal informée sur les modes de transmission et les mesures de prévention.
Le Sénégal doit composer avec deux épidémies simultanées : la Fièvre de la vallée du Rift et la Mpox. Pourtant, sur le terrain, la sensibilisation peine à atteindre la population. Une enquête menée à Dakar révèle que la majorité des habitants ignore encore comment ces maladies se transmettent et quelles précautions adopter, malgré la présence de cas confirmés de Mpox dans la capitale.

Sur la VDN, artère très fréquentée par les Dakarois pour se rendre au centre-ville ou en sortir, Matar Dramé, marchand ambulant de citrons originaire de Kaffrine, confie : « Je ne connais pas bien la Mpox ni la Fièvre de la vallée du Rift. J’en entends parler, mais je ne sais pas vraiment de quoi il s’agit… » Il ajoute : « Même si je ne connais pas les modes de transmission, il faut prendre des précautions pour éviter la propagation. »
Au rond-point de l’École Sénégal-Japon, Ibrahima Ba, conducteur de moto-taxi, exprime lui aussi son inquiétude. Il souligne la vulnérabilité liée à son métier : « Nous transportons toutes sortes de personnes sans savoir si elles sont malades. Ce n’est pas facile. Il faut porter un masque et rester vigilant. »
Thiané Faye, étudiante en commerce international, déplore le manque de communication des autorités sanitaires : « Beaucoup ignorent que ces maladies sont arrivées à Dakar. Alors que la FVR était connue à Saint-Louis, peu savent qu’elle est désormais présente ici. Il est urgent que les autorités intensifient leurs efforts de communication. »

Les chiffres officiels confirment l’ampleur de la situation. Selon le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, 277 cas de FVR ont été recensés depuis le début de l’épidémie, dont 22 décès et 207 guérisons. L’épicentre reste la région de Saint-Louis, avec 240 cas répartis entre Richard-Toll (126), Saint-Louis (71), Dagana (20), Podor (16) et Pété (7). D’autres régions touchées comprennent Matam (13), Louga (12), Fatick (8), Dakar (2) et Kaolack (2).
Pour la Mpox, 7 cas confirmés et 2 cas probables ont été signalés à Dakar depuis le 22 août 2025. Huit patients sont guéris et 30 contacts font l’objet d’un suivi médical. Ces chiffres montrent que si la FVR affecte plusieurs régions, la Mpox reste principalement concentrée dans la capitale, soulignant l’urgence d’une sensibilisation ciblée à Dakar.
Face à cette situation, le ministre de la Santé, Ibrahima Sy, a tenu à rassurer lors d’une conférence de presse le 20 octobre. Il a souligné que dans les zones les plus touchées, notamment le district de Saint-Louis, le nombre de cas de FVR a nettement diminué. « Le taux de létalité s’améliore, mais il ne faut pas baisser les bras », a-t-il affirmé, rappelant que la vigilance demeure essentielle.
Le ministre a précisé que la FVR se transmet principalement par le moustique Culex ou par contact avec des animaux infectés, insistant sur l’importance de bien cuire la viande et de pasteuriser le lait pour réduire les risques.
Le Dr Boly Diop, responsable national de la riposte contre la FVR, a détaillé les symptômes : fièvre, maux de tête et courbatures. Il a également recommandé une vigilance accrue pour ceux qui manipulent de la viande ou du lait cru, ainsi que l’usage de moustiquaires, car le moustique vecteur pique principalement la nuit.
Concernant la Mpox, le ministère rappelle que la maladie peut se transmettre de l’animal à l’homme et d’homme à homme, par contact rapproché, sécrétions respiratoires, lésions cutanées, objets contaminés ou voie sexuelle. Pour se protéger, il est conseillé de se laver régulièrement les mains, d’éviter les contacts rapprochés, de porter des gants et de consulter rapidement une structure de santé en cas de symptômes.
Le ministère appelle la population à collaborer activement avec les agents de santé et les relais communautaires afin de limiter la propagation de ces deux épidémies et de protéger les groupes les plus vulnérable
SOURCE : APA News / DAKAR ( SENEGAL)