Côte d’Ivoire : Tout ce qu’il faut savoir sur l’élection présidentielle 2025

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Les électeurs ivoiriens sont appelés aux urnes le 25 octobre 2025 pour élire leur prochain président.

Ce scrutin intervient dans un contexte particulier. Le Président sortant Alassane Dramane Ouattara (RHDP), âgé de 83 ans, est candidat à sa propre succession.

Au pouvoir depuis 2011, il brigue un 4e mandat consécutif à la tête du pays.

Alors que le débat politique reste marqué par la longévité du président sortant, la candidature de Ouattara pour un quatrième mandat structure la compétition marquée par l’exclusion de figures majeures de l’opposition écartées de la course par décision de justice.

BBC News Afrique vous propose un guide détaillé pour comprendre les étapes clés et le fonctionnement du processus électoral.

 

 

La Commission électorale indépendante (CEI) a enregistré une soixantaine de dossiers de candidature dont celles des deux figures de l’opposition, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, pourtant déclarés inéligibles.

La CEI qui va les transmettre au Conseil constitutionnel, chargé de valider la liste définitive des candidats au scrutin du 25 octobre.

Elle sera publiée d’ici le 10 septembre.

Comment se déroule le scrutin ?

Le premier tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire aura lieu le samedi 25 octobre 2025.

En cas de second tour, la Constitution fixe sa tenue au dernier samedi de novembre (soit le 29 novembre).

8,7 millions d’électeurs sont inscrits sur la liste électorale définitive (juin 2025).

Selon la Constitution, sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux ivoiriens des deux sexes âgés d’au moins dix-huit ans et jouissant de leurs droits civiques et politiques.

Qui peut être candidat ?

Les conditions sont fixées à l’Article 55 de la Constitution dite de la 3e République adoptée en 2016 :

 

    • Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois.

 

    • Le candidat à l’élection présidentielle doit jouir de ses droits civils et politiques et doit être âgé de trente-cinq (35) ans au moins.

 

    • Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine.

 

    • Il ne doit jamais avoir renoncé à la nationalité ivoirienne et ne doit s’être jamais prévalu d’une autre nationalité.

 

    • Il doit avoir résidé en Côte d’Ivoire de façon continue pendant cinq (5) années précédant la date des élections et avoir totalisé dix (10) ans de présence effective.

 

 

Caution et parrainages

Pour être recevable, une candidature doit :

 

    • Recueillir le parrainage d’au moins 1% des électeurs inscrits, répartis dans au moins la moitié des régions et districts du pays ainsi que dans les districts autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro.

 

    • Déposer un dossier comprenant une caution de 50 millions de FCFA et la liste des parrainages.

 

Ce système de parrainage qui vise à filtrer les candidatures, est en place pour la deuxième fois après la présidentielle de 2020, où seuls quatre candidats sur 44 avaient vu leurs dossiers validés.

La Commission électorale indépendante (CEI) réceptionne les candidatures et les transmet au Conseil constitutionnel, qui publiera la liste définitive des candidats le 10 septembre 2025.

Mode de scrutin

Les opérations électorales sont supervisées par la Commission Électorale Indépendante (CEI).

Le scrutin est uninominal majoritaire à deux tours.

Chaque votant se rend dans son bureau muni de sa carte d’électeur et d’une pièce d’identité. Le vote se fait à bulletin unique dans l’isoloir, avant le dépôt dans l’urne.

L’électeur trempe ensuite son doigt dans de l’encre indélébile pour éviter les fraudes.

A la fermeture des bureaux de vote, le dépouillement est effectué publiquement, en présence des représentants des candidats et des observateurs.

L’élection du Président de la République est acquise à la majorité absolue des suffrages exprimés.

Si celle ci n’est pas obtenue, il est procédé à un second tour, quinze (15) jours après la proclamation des résultats du premier tour. Seuls peuvent s’y présenter les deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages au premier tour.

La CEI dispose de cinq jours pour proclamer les résultats provisoires, puis le Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs après examen des recours.

Les enjeux du scrutin

Le scrutin intervient après un cycle marqué par des révisions de la liste électorale et des polémiques sur l’inéligibilité de figures de premier plan.

La candidature controversée d’Alassane Ouattara pour un nouveau mandat donne un relief à ces joutes, au sein d’un paysage partisan dominé par le RHDP, face à une opposition divisée.

La présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire se joue sur plusieurs niveaux, chacun comportant des enjeux cruciaux.

Le futur président devra confirmer la position de la Côte d’Ivoire qui aspire à jouer un rôle de locomotive économique et diplomatique de l’Afrique de l’Ouest.

Enjeux économiques :

Croissance : la Côte d’Ivoire affiche l’une des croissances les plus fortes d’Afrique de l’Ouest (en moyenne 6-7% par an depuis 2012), mais les inégalités régionales et sociales persistent.

La flambée historique des prix mondiaux du cacoa en 2024-2025 (récoltes en baisse, maladie des cacaoyers, météo) dope les recettes mais fragilise la filière (disponibilité, revenus paysans, coût de la vie).

Le scrutin portera sur la capacité du futur président à traduire cette croissance en bien-être pour tous.

Emploi des jeunes : plus de 70% de la population a moins de 35 ans. Le chômage et le sous-emploi massif font de l’accès au travail un enjeu majeur.

Diversification économique : dépendance persistante au cacao (40% des exportations mondiales), vulnérabilité face aux fluctuations internationales. Le débat se pose sur l’industrialisation, l’agriculture durable, les mines et les infrastructures.

Dette publique et financement des grands travaux : les emprunts massifs pour financer les routes, ponts et métros posent la question de la soutenabilité de la dette.

Le prochain président sera jugé sur sa capacité à stabiliser les prix et redistribuer les richesses.

(Source : FMI et Banque Mondiale)

Sécurité, paix et stabilité :

Les menaces jihadistes et la porosité frontalière avec le Burkina Faso restent un défi pour l’État et les communautés locales (prévention, renseignement, développement).

L’instabilité dans la région renforce la dimension sécuritaire du scrutin. Une présidentielle contestée pourrait fragiliser encore plus l’espace ouest-africain, dans un contexte de coups d’État répétés dans la sous-région.

Le futur président sera jugé sur sa stratégie antiterroriste et sa capacité à assurer la paix et la sécurité dans un pays qui a connu des troubles dans le passé.

Crédibilité du processus :

Les radiations sur la liste d’opposants de premier plan et le filtre du parrainage polarisent le débat dans cette pré-campagne.

Depuis 1995, aucune élection présidentielle n’a donné lieu à une alternance pacifique. La candidature controversée d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat et l’exclusion de certaines figures de l’opposition peuvent relancer les tensions.

L’indépendance et la crédibilité de la Commission électorale indépendante (CEI), du Conseil constitutionnel et du système judiciaire seront scrutées, surtout dans le traitement des candidatures rejetées et des résultats contestés.

La transparence du processus électoral, l’accès équitable aux médias et la gestion des contentieux feront aussi l’objet d’une attention particulière.

Cohésion nationale :

Le pays porte encore les traumatismes post-électoraux des années 2010 et 2020 ; la prévention des violences, la justice et la réconciliation restent des priorités.

Réconciliation nationale : les fractures issues de la guerre civile (2002-2011), des crises postélectorales et des violences de 2020 restent vives. Les élections cristallisent toujours la mémoire des conflits.

Cohésion ethnique et régionale : l’instrumentalisation politique des identités demeure un risque.

Accès aux services publics : santé, éducation et logement sont perçus comme insuffisants malgré la croissance. Les promesses électorales se focaliseront sur ces priorités.

Participation des femmes et des jeunes : leur poids démographique et social peut faire basculer l’élection, mais leur représentativité politique reste limitée.

L’élection présidentielle du 25 octobre 2025 représente un moment crucial pour la Côte d’Ivoire, avec des enjeux majeurs sur les plans politique, économique et social.

L’un des principaux défis est d’assurer une élection transparente et inclusive, afin d’éviter les tensions post-électorales qui ont marqué l’histoire récente du pays.

Depuis l’instauration du multipartisme en 1990, les crises électorales sont récurrentes, avec des scrutins marqués par la violence, la disqualification de candidats et les contestations de résultats.

La crise la plus meurtrière, celle de 2010-2011, a fait environ 3 000 morts et a découlé du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.

Malgré les efforts de réconciliation, ces crises ont laissé des cicatrices profondes, avec des tensions sociales persistantes et une méfiance entre les communautés.

 

Source:news.abidjan.net

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