Depuis le 27 février, syndicats et patronats discutent pour trouver un accord afin d’améliorer la réforme des retraites adoptée en 2023. Leur dernier rendez-vous a lieu ce lundi. Cette fois-ci ça passe ou ça casse. Le cadre avait été fixé par le Premier ministre : pas de tabou, mais rien qui ne remette en cause l’équilibre financier du régime. La quadrature du cercle en quelque sorte.
La semaine dernière, les partenaires sociaux ont fait le constat de leurs désaccords à l’issue de ce qui devait être l’ultime round de négociation. Incapables de s’entendre, ils se sont tout de même laissés une chance en se fixant in extremis encore un rendez-vous. Une séance de rattrapage qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Le Medef a même hésité jusqu’au dernier moment avant de confirmer sa participation, car les patrons ne veulent pas lâcher sur des point clefs, au-delà même d’un recul sur l’âge légal de départ à la retraite – 64 ans – qui est exclu, ils n’acceptent pas les demandes des syndicats sur certaines avancées sociales sur la pénibilité, les carrières des femmes, l’âge de départ sans décote. La CFDT demande 66 ans au lieu de 67.
Quelles seraient les conséquences d’un échec ?
Pour les partenaires sociaux, le risque est de porter la responsabilité d’avoir manqué une occasion d’améliorer une réforme décriée. La CFDT a joué le jeu en restant dans les négociations, quand la CGT par exemple les avait quittées, risque de perdre en crédibilité. Le Medef risque lui d’être accusé de n’avoir jamais voulu réellement aboutir à un accord. D’un autre côté, prendre le risque de signer un mauvais accord de leurs points de vue respectifs n’est pas une bonne option non plus.
Sur le plan politique, l’échec du conclave sera directement celui de François Bayrou. C’est en effet le Premier ministre qui avait fait cette proposition : donner aux partenaires sociaux la possibilité de rediscuter entre eux de la réforme Borne. Il avait présenté cette initiative comme représentative d’une nouvelle méthode de négociation, symbolique de sa volonté de remettre au centre du jeu les partenaires sociaux. C’était aussi un geste envers les socialistes, pour les convaincre de ne pas le censurer au moment du vote du budget 2025, en promettant que si un accord était trouvé, les conclusions seraient transcrites dans un texte qui serait présenté au Parlement pour être voté.
Menace de censure
Du coup, est-ce que la menace de censure pèse à nouveau très fort sur François Bayrou ? La France insoumise a déjà annoncé qu’elle en déposerait une. Toute la question est de savoir qui s’y associera. Les socialistes ont remis la pression sur le Premier ministre, le patron du groupe à l’Assemblée nationale a fait de la présentation d’un texte sur les retraites une exigence, même si un accord n’était pas trouvé, agitant la menace d’une censure. Iront-ils jusqu’à la mettre à exécution ? Une ministre veut croire qu’ils ne prendront pas le risque d’apparaitre comme un « facteur d’instabilité ». L’autre groupe clef, c’est le Rassemblement national, il ne semble pas vouloir aller vers une censure sur les retraites. L’espoir, peut-être, d’un sursis pour François Bayrou qu’un accord sorte du conclave ou pas.
Source: rfi.fr