Commerce intérieur: la modernisation à sens unique de l’Algérie

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Sous couvert de « transformation économique » et de « souveraineté », Alger tente de présenter comme une modernisation ambitieuse ce qui relève surtout d’un contrôle accru, d’une bureaucratie étouffante et d’un marché structurellement dysfonctionnel.

L’intervention de la ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Amel Abdellatif, devant la Commission des affaires économiques de l’APN, illustre une nouvelle fois la stratégie récurrente du gouvernement : habiller d’un discours technocratique des mécanismes de contrôle conçus avant tout pour compenser les fragilités chroniques d’un système économique en perte de vitesse.

Si la ministre affirme que « l’Algérie est engagée dans une transformation économique axée sur la souveraineté et la production nationale », cette rhétorique masque mal l’incapacité persistante à assurer un fonctionnement fluide du marché, marqué par des ruptures d’approvisionnement récurrentes et une inflation qui fragilise le pouvoir d’achat.

Derrière les annonces sur la « stabilité des paramètres de l’offre et de la demande », se profile un paradoxe bien connu en Algérie : l’État se présente comme régulateur alors qu’il demeure la première source de rigidités. La régulation évoquée consiste surtout à multiplier les textes, les dispositifs et les contrôles, sans résoudre le cœur du problème, à savoir l’absence d’un tissu productif solide et d’une logistique performante.

Les « nouvelles règles de fonctionnement du marché » annoncées ne font qu’ajouter des strates supplémentaires à un cadre réglementaire déjà hypertrophié. Quant aux actions de contrôle, elles semblent davantage orientées vers la sanction et la surveillance que vers la facilitation du commerce et la création de valeur.

L’emphase sur la numérisation participe, elle aussi, d’un discours qui peine à convaincre. La ministre évoque la création de « systèmes numériques de suivi des marchandises et de surveillance des prix en temps réel », mais sans expliquer comment un marché informel dominant, une chaîne de distribution fragmentée et une absence de culture de facturation pourraient soudainement se conformer à des exigences technologiques avancées. À défaut d’une réforme en profondeur du système productif et logistique, la numérisation risque de rester une façade moderne sur des pratiques archaïques.

Les dispositifs annoncés, tels que les banques de données, l’identification des circuits d’approvisionnement ou la traçabilité des prix, semblent davantage conçus pour renforcer le contrôle administratif que pour libérer les forces du marché.

SOURCE : APA News/MK/ak/ac/-Alger (Algérie)

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