Casamance : accélérer le déminage pour « restituer les terres »
Le Premier ministre sénégalais a affirmé jeudi à Dakar, à l’occasion d’une réception de nouveaux matériels de déminage, que la priorité du gouvernement reste l’accélération de ce processus au sud du pays en vue « de rendre aux populations leurs terres ».
La Casamance vers un nouveau souffle. Le gouvernement du Sénégal a reçu, ce jeudi à Mbao, dans la banlieue dakaroise, deux engins de déminage ultramodernes destinés à renforcer les capacités du Centre national d’action antimines du Sénégal (CNAMS) dans la région méridionale du pays, marquée par plus de quarante ans de conflit armé. Ces machines, d’une valeur de 460 millions de yens (environ 2 milliards FCFA), sont offertes par le Japon dans le cadre de sa coopération bilatérale et visent à accélérer le nettoyage de cette vaste zone composée de trois régions administratives.
« Ces équipements vont assurément apporter un coup d’accélérateur décisif dans le nettoyage de la contamination de la Casamance par les engins explosifs », a déclaré le Premier ministre Ousmane Sonko, présidant la cérémonie en présence de quelques membres de son gouvernement et de l’ambassadeur japonais à Dakar. Il s’est félicité du choix du Japon de ne pas « faire le travail à notre place », mais plutôt de transférer des compétences pour consolider l’expertise nationale. « Une approche hautement louable », a-t-il souligné.
Le chef du gouvernement a réaffirmé que le retour des populations déplacées dans leurs villages constitue une priorité dans le cadre du Plan Diomaye pour la Casamance, un projet du chef de l’Etat visant à réhabiliter durablement cette région longtemps marginalisée.
« Notre priorité demeure le retour des populations, mais dans des conditions qui leur permettent de vivre en sécurité et surtout de travailler dans leur localité, car ce sont des populations majoritairement agricoles », a martelé M. Sonko.
Il a par ailleurs annoncé que l’Etat envisage d’acquérir de nouveaux appareils de déminage sur ses propres fonds, afin d’accélérer le processus. Le geste du Japon, a-t-il insisté, « contribuera à rendre aux populations leurs terres, ce bien fondamental sans lequel il ne peut y avoir ni sécurité, ni dignité, ni développement ».
L’ambassadeur du Japon à Dakar, Takeshi Akamatsu, a rappelé que le déminage ne se limite pas à l’élimination des engins explosifs, mais représente une condition préalable au développement.
« La terre ne peut être cultivée, les routes ne peuvent être construites et les communautés ne peuvent avancer vers un avenir prospère tant que la menace des mines persiste », a-t-il déclaré, évoquant l’expérience de reconstruction post-conflit de son propre pays après la Seconde Guerre mondiale.
M. Akamatsu a mis en avant la philosophie japonaise de développement, basée sur la transmission des savoir-faire : « Ce n’est pas la première fois que nous soutenons de telles initiatives dans le monde. Le Cambodge, le Laos, l’Ukraine ou encore le Bénin ont bénéficié d’un accompagnement similaire, dans une logique d’autonomisation ».
Le diplomate japonais a affirmé que son pays considère le Sénégal comme un partenaire stratégique en Afrique de l’Ouest, et souhaite l’accompagner dans son ambition de devenir un centre d’excellence régional en matière de lutte contre les mines. Il a salué « l’engagement indéfectible du gouvernement sénégalais » et assuré que le Japon continuera à apporter son soutien à travers des formations, des équipements et des échanges d’expertise.
En réponse, le Premier ministre Ousmane Sonko a transmis les remerciements du président Bassirou Diomaye Faye au peuple japonais, soulignant que ce geste « vise à sauver des milliers de vies humaines et à relancer les activités économiques dans la zone ».
ODL/te/Sf/APA