Burkina : traçabilité renforcée des ONG

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Le gouvernement burkinabè a adopté, jeudi en Conseil des ministres, un projet de décret rendant obligatoire pour les Organisations non gouvernementales (ONG) et associations agréées l’ouverture et la domiciliation de leurs comptes de disponibilités auprès de la Banque des dépôts du Trésor (BDT).

Désormais, toutes les opérations financières des ONG et associations – y compris les dotations, subventions, dons et autres ressources – devront transiter exclusivement par ces comptes ouverts à la BDT,  a rapporté le communiqué parvenu à APA.

Selon les autorités, cette mesure vise à assurer une meilleure traçabilité des fonds reçus et utilisés par ces structures, à prévenir les risques de blanchiment de capitaux, de détournement de fonds et de financement d’activités contraires à l’ordre public.

Le gouvernement précise que ce dispositif contribuera également à renforcer la confiance des partenaires techniques et financiers, tout en s’inscrivant dans le respect des engagements internationaux du Burkina Faso en matière de lutte contre le terrorisme et les flux financiers illicites.

Cette décision intervient dans un contexte marqué par le démantèlement d’un réseau présumé d’espionnage opérant sous couverture humanitaire, impliquant plusieurs ressortissants étrangers membres de l’ONG International NGO Safety Organisation (INSO).

Selon les autorités, sept personnes – dont des ressortissants français, tchèque et malien – ont été interpellées pour « collecte d’informations sensibles » sur les Forces de défense et de sécurité (FDS). Elles doivent être poursuivies pour espionnage et trahison. Les personnes mises en cause travaillaient pour l’ONG INSO, basée à La Haye, aux Pays-Bas. Présente au Burkina Faso depuis 2019, l’organisation disposait d’une convention d’établissement lui permettant d’appuyer les ONG humanitaires en matière de sécurité.

D’après le ministre Mahamadou Sana, les services de renseignement ont découvert, à la suite d’une dénonciation citoyenne, que l’ONG aurait mené des activités de collecte d’informations liées aux opérations sécuritaires, politiques et administratives du pays. Les autorités affirment qu’INSO aurait notamment recueilli des données sur les déplacements des convois militaires, les moyens déployés, les zones d’opération et les incidents liés aux engins explosifs improvisés.

Le ministère évoque une structure en trois niveaux : d’anciens membres des FDS agissant comme conseillers, des agents de terrain chargés de la collecte de données, et des relais communautaires implantés dans plusieurs régions du pays, ces derniers ayant perçu une rémunération pour leurs contributions.

Le directeur pays d’INSO, Jean-Christophe Emile Pegon, de nationalité française, aurait reconnu avoir demandé à son personnel de recueillir des informations, sans en préciser la finalité exacte. L’organisation, suspendue depuis le 31 juillet 2025, est accusée d’avoir poursuivi certaines activités malgré cette mesure. Parmi les personnes arrêtées figurent Aminata Marianne Guissé, directrice adjointe de nationalité franco-sénégalaise, Thomas Muzik, ressortissant tchèque et directeur général adjoint, ainsi que plusieurs collaborateurs burkinabè et un Malien.

L’adoption du décret de jeudi vient ainsi renforcer la régulation et le contrôle des activités et financements des ONG et associations, dans un climat de vigilance accrue vis-à-vis des structures opérant sur le territoire national.

SOURCE : APA News / Ouagadougou (Burkina Faso)

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