Le ministère de la défense australien s’est dit « très confiant », ce jeudi 12 juin, quant à l’avenir du pacte Aukus, ce partenariat stratégique conclut en 2021 entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, et qui visait à équiper la marine australienne d’une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire. L’optimisme affiché intervient en pleine révision de l’accord par Washington.
L’Australie se dotera-t-elle comme prévu d’ici 2030 de cinq sous-marins américains nucléaires de classe Virginia et d’environ huit autres d’une nouvelle classe à l’horizon 2040 ? le doute est désormais permis. Le Pentagone a entamé un réexamen du pacte Aukus et pourrait bien l’abandonner. D’abord parce que l’industrie américaine n’arrive pas à produire suffisamment de sous-marins. Et dans un contexte géopolitique tendu, notamment entre la Chine et Taïwan, Washington veut concentrer les efforts sur la production de ses propres sous-marins nucléaires.
« Je suis très confiant dans le fait que cela va se faire », a cependant assuré le ministre de la Défense, Richard Marles, lorsqu’on lui a demandé s’il pouvait encore garantir que l’Australie obtiendrait les sous-marins américains. « Je pense que l’examen qui a été annoncé n’est pas une surprise », a-t-il déclaré à la chaîne publique ABC. « Nous sommes, poursuit-il, au courant depuis un certain temps. Nous nous en réjouissons. C’est quelque chose de tout à fait naturel pour une nouvelle administration ».
Coup de poignard
Un éventuel retrait américain d’Aukus serait vécu comme un véritable coup de poignard pour Canberra, qui s’était retiré il y a quatre ans du « contrat du siècle », un accord conclu avec la France et qui portait sur la construction en Australie de douze sous-marins conventionnels pour un montant quatre fois inférieur à l’Aukus, soit 56 milliards d’euros.
En Australie, deux anciens Premiers ministres, des deux bords politiques, libéral et travailliste, estiment que Canberra doit procéder à sa propre révision du pacte. Ainsi, l’ancien Premier ministre libéral australien Malcolm Turnbull (2015-2018) a appelé Canberra à réfléchir : « Jusqu’à présent, notre Parlement a été le moins curieux et le moins informé. C’est le moment de se réveiller ? », a-t-il publié sur le réseau social X. Un autre ancien chef du gouvernement, le travailliste Paul Keating (1991-1996), fervent critique de l’Aukus, estime que l’Australie devrait développer sa propre politique de défense « plutôt que de se laisser entraîner sur les traces d’un empire atlantique en déclin ».
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Source: rfi.fr