Le parquet fédéral belge a indiqué, ce 17 juin 2025, avoir requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles de l’ancien diplomate belge Étienne Davignon, dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat en 1961 de l’ancien Premier ministre Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise. Étienne Davignon, 92 ans, est le seul encore en vie parmi les dix suspects ciblés dans la plainte pour « crimes de guerre » déposée en 2011 par les enfants Lumumba.
Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet
Soixante-quatre ans après l’assassinat de Patrice Lumumba, premier Premier ministre du Congo (l’actuelle RDC) indépendant le 17 janvier 1961, la justice belge doit décider si un procès va être ouvert.
La famille de Patrice Lumumba avait déposé une plainte il y a quatorze ans et elle a débouché sur une commission d’enquête parlementaire, puis sur une reconnaissance officielle de la responsabilité de la Belgique.
C’est désormais la dernière ligne droite avec l’ouverture ce mardi d’une procédure très formelle, une session de la chambre du conseil. En Belgique, cette instance représente la fin de l’instruction judiciaire et elle doit vérifier s’il existe des « charges suffisantes », c’est-à-dire suffisamment d’indices de culpabilité pour justifier l’ouverture d’un procès.
« Tortures, traitements inhumains et participation à un crime de guerre »
En l’occurrence, le parquet a requis un procès en correctionnelle « pour tortures et traitements inhumains et participation à un crime de guerre » et c’est cela qui se joue à partir de ce mardi devant la chambre du conseil pour le seul suspect encore en vie, Étienne Davignon, devenu par la suite commissaire européen et qui était attaché au ministère des Affaires étrangères en 1961, c’est-à-dire diplomate stagiaire en quelque sorte.

Au moment du dépôt de la plainte, à l’occasion du cinquantième anniversaire de l’assassinat de Patrice Lumumba, neuf autres Belges étaient aussi visés, dont six encore en vie, mais qui sont décédés entre-temps. Diplomates, policiers, militaires… Ils étaient tous liés d’une manière ou d’une autre au soutien de la Belgique à la sécession menée par le Katanga, province où Patrice Lumumba a été assassiné.
Le juge d’instruction a réussi à obtenir les minutes des témoignages à huis clos devant la commission d’enquête parlementaire. Elle avait débouché sur la reconnaissance de la responsabilité morale de la Belgique, puis aux excuses présentées il y a trois ans par le Premier ministre au nom de la Belgique.
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Source: rfi.fr/fratmat.info