Tunisie : plan opérationnel pour renforcer la réanimation médicale

 

En Tunisie, pour le renforcement des capacités nationales de réanimation médicale, les acteurs du secteur de la santé attendent désormais des mécanismes précis de financement, un calendrier public et une articulation claire avec les réformes hospitalières en cours.

Le ministère tunisien de la Santé a présenté une nouvelle feuille de route consacrée au renforcement des capacités nationales de réanimation médicale, à l’issue d’une séance de travail présidée par Mustapha Ferjani avec le bureau de la Société tunisienne de réanimation. Cette initiative intervient dans un contexte où les faiblesses structurelles révélées par la pandémie de Covid-19 continuent de peser sur un système hospitalier sous tension.

Le ministre a détaillé un ensemble de mesures jugées prioritaires, centrées sur l’extension rapide des services de réanimation dans les hôpitaux Charles-Nicolle, Aziza Othmana et Nabeul, avant un déploiement dans d’autres régions. Cette montée en capacité, annoncée comme « accélérée », reste toutefois confrontée à des contraintes d’exécution déjà connues : insuffisance chronique des ressources humaines spécialisées, lenteur des procédures administratives et disparités régionales marquées, notamment dans le Centre-Ouest et le Sud.

Le ministère prévoit également un volet technologique ambitieux, avec l’élargissement de l’usage des dossiers médicaux numériques, expérimentés à l’hôpital militaire. S’ils constituent un levier important pour améliorer la coordination et la traçabilité, leur généralisation dépendra de la capacité des établissements à absorber les coûts de formation et de maintenance, ainsi que du niveau d’équipement informatique, encore inégal sur le territoire. La dotation en dispositifs avancés d’hémofiltration figure également parmi les annonces, mais plusieurs experts soulignent que l’investissement matériel sans plan de maintenance et sans équipes formées risque de reproduire les dysfonctionnements observés au cours de la dernière décennie.

Sur le plan de la coopération, Mustapha Ferjani évoque de nouvelles possibilités de partenariats régionaux et africains pour renforcer la formation des équipes et diversifier les échanges d’expertise. Là encore, le défi porte moins sur l’identification de partenaires que sur la capacité à pérenniser des programmes de formation dans un contexte de fuite des compétences et de mobilité accrue des professionnels de santé.

Le suivi périodique annoncé par le ministère sera un indicateur clé pour évaluer la crédibilité de ce plan. Les acteurs du secteur attendent désormais des mécanismes précis de financement, un calendrier public et une articulation claire avec les réformes hospitalières en cours. Ces questions devraient figurer parmi les sujets majeurs du 29ᵉ congrès de réanimation médicale, prévu du 27 au 29 novembre à Hammamet.

SOURCE:APANews

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