Tim Tebeila mise sur le charbon

Tandis que l’Afrique du Sud reste dépendante du charbon, le magnat Tim Tebeila estime que l’appétit pour cette ressource n’est pas près de s’essouffler.

 

Dans le cadre de la transition vers la neutralité carbone en Afrique, les institutions financières et les gouvernements soutiennent de moins en moins les projets liés au charbon. Le Plan intégré des ressources de l’Afrique du Sud prévoit la fermeture de 10 000 MW de centrales à charbon et leur remplacement par des centrales au gaz et des énergies renouvelables. Un partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) de plusieurs milliards de dollars, soutenu par de riches États occidentaux, a été engagé pour faciliter la transition, même après que le président américain Donald Trump a retiré les prêts destinés au projet.

« Nous n’avons pas assez de rails ; il y a un goulot d’étranglement dans cette région. Tout le monde se plaint encore du rail. Les rails ont été construits pour les grandes entreprises et ils étaient là bien avant nous. »

Malgré cela, le multimillionnaire Tim Tebeila estime que le charbon polluant reste la principale source d’énergie en Afrique du Sud. « Le charbon est là pour rester pendant plus de 100 ans. C’est un fait : oui, il ne disparaîtra pas de sitôt. De nombreuses industries dépendent du charbon. L’industrie sidérurgique locale repose sur le charbon. Il n’existe aucune énergie verte capable d’alimenter un fourneau », affirme-t-il.

Tim Tebeila joint le geste à la parole. Cette année, il a rouvert son exploitation minière dans l’immense bassin houiller de Waterberg, dans la province septentrionale du Limpopo, en Afrique du Sud. Cette ressource largement inexploitée, estimée à 30 milliards de tonnes de charbon, n’est que partiellement contrôlée par l’industriel, mais elle suffirait à alimenter le pays pendant cinquante ans.

Tim Tebeila a mis en veilleuse son exploitation minière à Waterberg voici trois ans, en raison de la faiblesse des prix du charbon et de problèmes avec les voies ferrées reliant les centrales électriques et le terminal charbonnier de Richards Bay, plaque tournante de l’exportation sur la côte du KwaZulu-Natal. Il possède une usine de lavage de charbon dans le Mpumalanga et exploite huit mines sur 11 000 hectares, avec des réserves estimées à 5 milliards de tonnes dans le Waterberg.

 

Centrales vieillissantes ?

Cette année, les 800 employés de Tebeila ont commencé à extraire 150 000 tonnes par mois du Waterberg, grâce à la résolution des problèmes ferroviaires et à l’ouverture de nouvelles opportunités.

Tim Tebeila

Le meilleur est vendu comme charbon à coke aux aciéries : en mars, un investisseur public a injecté 92 millions $ dans ArcelorMittal South Africa pour maintenir ses activités sidérurgiques dans le pays.

Environ un tiers est destiné à l’exportation, au prix du dollar ; le reste est acheminé par chemin de fer vers les nombreuses centrales électriques au charbon de Mpumalanga, qui soutiennent le réseau national toujours fragile. Tim Tebeila alimente trois centrales électriques au charbon : Kendal, d’une capacité installée de 4 116 MW ; Majuba, d’une capacité de 4 110 MW ; et Arnot, d’une capacité de 2 100 MW. À elles seules, elles peuvent éclairer dix millions de foyers sud-africains.

Voici déjà plusieurs décennies, la compagnie d’électricité publique Eskom avait annoncé son intention de fermer progressivement les centrales à charbon vieillissantes de l’Afrique du Sud, qui assurent la majeure partie de la demande en électricité du pays. Aujourd’hui, le charbon produit encore environ 85 % de l’électricité sud-africaine, malgré la transition prévue vers les énergies renouvelables.

 

Diversifications

Et Tim Tebeila reste optimiste quant à l’avenir de ce combustible noir. « Eskom a un appétit vorace. Les rails sont en bon état et la demande est forte dans les centrales électriques du Mpumalanga », explique-t-il.

Tim Tebeila ne mise pas que sur le charbon. Des années après avoir transformé son succès initial à Soutpansberg en une société minière diversifiée, qui possède également des intérêts au Botswana et au Nigeria, l’industriel est toujours à la recherche d’une occasion en or. Il tente de relancer ses mines de manganèse dans le Cap Nord. Comme pour les mines de charbon, la production a été freinée par les prix et le manque de transport ferroviaire. Le manganèse des mines situées près de Postmasburg, dans le Cap Nord, est de qualité moyenne (environ 38 % de pureté) et convient aux sidérurgistes chinois, les plus gros clients de l’Afrique en minerais. Tim Tebeila prévoit d’augmenter la production à 50 000 tonnes de minerai de manganèse par mois.

Il annonce que de nouveaux puits seront creusés dans les prochains mois, avec l’intention d’embaucher 400 mineurs prêts à entrer en production au premier trimestre 2026. Le plus grand obstacle est l’infrastructure. « Nous n’avons pas assez de rails ; il y a un goulot d’étranglement dans cette région. Tout le monde se plaint encore du rail. Les rails ont été construits pour les grandes entreprises et ils étaient là bien avant nous. Nous espérons qu’une nouvelle fenêtre s’ouvrira pour les nouveaux acteurs, mais cela ne semble pas près d’arriver. »

Tim Tebeila a dû mettre en œuvre une opération de transport routier massive pour acheminer son minerai de manganèse sur près de 900 kilomètres – un trajet de neuf heures aller simple – afin de l’exporter au port de Coega à Gqeberha (Port Elizabeth). Il va engager 150 camions pour transporter 50 000 tonnes. « Un camion devra faire le trajet tous les deux jours. Un jour pour l’aller, un jour pour le retour : un camion transportera quinze chargements par mois », explique-t-il. Le pauvre enseignant qui vendait des tickets de bus a toujours des ambitions à réaliser. Et dans l’un des rares pays au monde où le charbon reste une option intéressante, tout est possible.

 

Article original sur le site African Business.

@AB

Source: NewAfrican/Le Magazine de l’Afrique

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