Quarante jours après son arrestation, Succès Masra, président du parti Les Transformateurs et figure de l’opposition tchadienne, s’adresse à la nation depuis sa cellule à travers une lettre poignante intitulée « Lettre d’une prison du Tchad ». Ce texte, lu ce 24 juin 2025 au siège du parti à N’Djamena, dépasse sa situation personnelle pour porter un message d’espoir et de mobilisation.
Devant des centaines de militants rassemblés dans le quartier Habbena, l’ambiance était empreinte d’émotion. Chants, slogans et hymne national ont précédé la lecture solennelle de la lettre de Dr Succès Mara par la militante Nonyal Félicité.
Dans sa missive, Succès Masra revient sur son arrestation survenue à l’aube du 16 mai. Mais très vite, il élargit la perspective : la vraie prison, affirme-t-il, est celle où vit tout un peuple, enfermé dans la pauvreté, l’injustice, l’exclusion, le chômage, la corruption et l’insécurité.
Il dénonce un système qui asphyxie le Tchad sous des formes multiples de domination — ethnique, religieuse, sociale ou militaire — et appelle à une lutte inclusive et pacifique, rassemblant toutes les composantes de la société. « Ma liberté n’est pas plus importante que celle de tout le peuple », écrit-il.
Il retrace aussi le parcours de son mouvement, marqué par quatre années de résistance, de répression, d’exils forcés. Dans un passage touchant, il évoque sa fille, à qui il explique son absence le jour de son anniversaire : « La liberté n’est pas gratuite », lui dit-elle.
Le leader rend hommage à la jeunesse, à la diaspora et à tous ceux qui, debout malgré les épreuves, refusent de céder. Il exhorte les Tchadiens à se relever et à poursuivre la marche vers un avenir digne et libre : « Quoiqu’il m’arrive, vous devez lever la tête et avancer. »
Succès Masra annonce par ailleurs entamer une grève de la faim, en solidarité avec le peuple et pour dénoncer les injustices qui le frappent : « C’est le seul moyen que j’ai, ici, en prison, pour exiger la libération des énergies de notre peuple. »
Plus qu’un message de détresse, cette lettre est un appel à l’espoir et à l’unité, pour construire un Tchad fondé sur la justice, l’égalité et la fraternité.
« Peu importe le temps que cela prendra », conclut-il, convaincu que la dignité triomphera. Ajoutant: « Quand le chemin est dur, seuls les durs tracent le chemin. »
CA/te/Sf/APA
Source: APANEWS