Premier Africain directeur général de l’Unesco, Amadou Mahtar Mbow est décédé ce 24 septembre 2024 à l’âge de 103 ans. Ce grand homme qui fut scout, combattant, enseignant, député, opposant, ministre de l’Éducation nationale, puis de la Culture et de la Jeunesse du Sénégal, il aura traversé son époque avec dignité et grandeur.
Né le 20 mars 1921 à Dakar le parcours exemplaire du professeur Amadou Mahtar Mbow s’inscrit dans une période d’importants changements historiques en Afrique et dans le monde, et témoigne des enjeux et des combats de ces époques.
A 18 ans, il s’engage volontairement dans l’armée de l’air française pendant la Seconde Guerre mondiale. Démobilisé en 1945, il commence par entreprendre des études d’aéronautiques, passe un baccalauréat en lettres modernes et rentre à l’Université de la Sorbonne où il obtient une licence ès lettres d’enseignement. Il fonde la « Fédération des étudiants africains en France », prépare une thèse de doctorat d’État en géographie et sort professeur d’histoire et de géographie.
De retour en Afrique, il est de 1951 à 1953 professeur au collège de Rosso en Mauritanie, puis de 1953 à 1957, il crée et dirige un service d’éducation de base – alphabétisation, éducation sociale et développement communautaire – sur plusieurs sites au Sénégal.
Durant la période d’autonomie interne du premier gouvernement sénégalais, il devient de 1957 à 1958, ministre de l’Éducation et de la Culture, mais démissionne très vite, pour s’engager pleinement dans la lutte pour l’indépendance de son pays.
Il redevient alors professeur au Lycée Faidherbe à Saint-Louis du Sénégal et à l’École normale supérieure de Dakar, et à partir de 1966, il est de nouveau ministre de l’Éducation nationale, puis ministre de la Culture et de la jeunesse, et député en 1968, à l’Assemblée nationale du Sénégal.
Le professeur d’histoire et de géographie qui a œuvré avec passion pour l’éveil des consciences et la reprise en mains par les Africains de leur destinée, des petits villages du Sénégal jusqu’à la présidence de l’Unesco, a publié de nombreux ouvrages, de nombreux manuels sur la renaissance de l’Afrique, sur sa philosophie d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication, qui signent les combats du continent.
Le patriarche qui a été de son vivant couvert d’éloges, restera pour tous, un exemple de sagesse et d’engagement aux côtés de son peuple, et aura fait entendre la voix et l’âme de l’Afrique à travers le monde.