Le Dialogue national sur le système politique s’est officiellement achevé mercredi 4 juin à Diamniadio, à l’issue de cinq jours de concertation intense entre les forces vives de la Nation, marquée par des avancées majeures sur les réformes institutionnelles, le processus électoral et la gouvernance démocratique.
Selon Cheikh Gueye, facilitateur général du Dialogue national au Sénégal, cette séquence « historique », ouverte le 28 mai 2025 à Diamniadio, près de Dakar, a permis de dépasser les clivages pour poser les bases d’un système politique renouvelé au Sénégal. Elle an mis en exergue l’esprit de fraternité, de vérité et de dépassement qui a guidé les échanges.
Sur les trois commissions thématiques, celle dédiée aux réformes institutionnelles a trouvé un consensus total, celle sur le processus électoral un accord à 94%, tandis que les discussions sur la démocratie et les droits humains ont révélé plus de tensions avec seulement 26% de points d’accord. Plus de 15 000 contributions citoyennes ont été recueillies via la plateforme Jubbanti, signe d’un fort engagement populaire.
Présidant la rencontre au nom du chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, Jean-Baptiste Tine, a salué « la profondeur et la rigueur » des débats. Il a mis en lumière les avancées concrètes obtenues sur plusieurs points essentiels : la création d’une Cour constitutionnelle indépendante, la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante (CENI), la dématérialisation du processus électoral, la rationalisation des partis politiques, l’inscription permanente sur les listes électorales, ainsi que l’encadrement du financement public des formations politiques. Le gouvernement s’est engagé à mettre en œuvre les recommandations issues des travaux, conformément à la volonté du président de la République.
Le journal Sud Quotidien souligne que le Sénégal est désormais « à l’écoute » de Bassirou Diomaye Faye, chargé de trancher sur la suite du processus politique. Walf Quotidien parle de conclusions « mi-figue, mi-raisin » du dialogue national, marquées par des revendications de l’opposition, notamment sur la libération des détenus d’opinion et la réforme de la Haute cour de justice.
Les exigences de l’opposition républicaine
Dans une déclaration solennelle lue par l’ancien ministre Cheikh Tidiane Gadio, le groupe de l’opposition ayant pris part aux travaux a salué l’initiative du dialogue, auquel il a participé « sans préalable », estimant qu’il s’agit d’un acte fort en faveur de la cohésion nationale. Il appelle maintenant le président Diomaye Faye à poser des « gestes forts d’apaisement » et à traduire la dynamique de dialogue en actes de réconciliation nationale.
Parmi les mesures urgentes souhaitées figurent la libération des détenus pour délit d’opinion, notamment de jeunes chroniqueurs comme Abdou Nguer, Oumar Sow et Assane Diouf. L’opposition demande également que la justice sénégalaise, forte de son indépendance, accompagne la pacification du climat politique par la fin des détentions provisoires de personnalités politiques et administratives, tout en assurant la continuité des procédures judiciaires dans le cadre de la reddition des comptes entamée par les nouvelles autorités.
Elle a également exhorté le président de la République à protéger la liberté de la presse, en mettant fin aux convocations policières répétées de journalistes et aux fermetures jugées arbitraires de certains médias. Enfin, une réforme « en profondeur » de la Haute cour de justice est réclamée, dans le sens d’un renforcement de l’État de droit et du droit à un recours pour tous les justiciables.
« Ce dialogue est une victoire du peuple sur la résignation », a souligné Cheikh Gueye. Pour l’opposition, cette victoire sera pleinement acquise si elle s’accompagne d’actes de concorde nationale. En tendant la main à toutes les composantes de la société, le président Faye a, selon ses opposants d’hier, une opportunité historique de devenir l’artisan d’un Sénégal démocratique, réconcilié et exemplaire.
ODL/te/Sf/APA
Source: APANEWS