Rencontre Trump-Zelensky: une présence et une absence remarquées dans la délégation européenne

Le président finlandais Alexander Stubb, qui a noué une amitié avec Donald Trump, sera aux côtés des principaux dirigeants européens ce lundi 18 août à Washington. En revanche, Donald Tusk, le Premier ministre de la Pologne, soutien de premier plan de l’Ukraine depuis l’invasion russe, n’est pas du voyage.

La délégation qui accompagne le président ukrainien Volodymyr Zelensky ce lundi à Washington pour sa rencontre avec Donald Trump est composée des principales figures européennes : le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le chancelier allemand Friedrich Merz, la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Et d’Alexander Stubb, le président de la Finlande et ses 5 millions et quelques d’habitants. Pas vraiment un poids lourd du Vieux Continent.

Pourtant, la présence du président finlandais est hautement stratégique. La Finlande partage la plus grande frontière avec la Russie et a abandonné sa neutralité en 2023 pour rejoindre l’Otan, alors que son pays se souvient encore des guerres contre le grand voisin de l’Est, comme celle d’hiver (1939-1940) au cours de laquelle elle a dû céder une partie de la Carélie.

Surtout, ces derniers mois, le président finlandais a réussi à avoir l’oreille de Donald Trump sur la Russie, décrypte le Wall Street Journal. Le très policé chef de l’État finlandais, centriste, atlantiste, pro-Kiev, a noué une étonnante amitié avec le milliardaire américain.

Une passion commune

Une relation forte qui n’aurait sans doute jamais vu le jour entre deux hommes qui ont a priori peu de points communs, explique le journal américain, sauf une passion commune : le golf. Dans sa jeunesse, le futur leader finlandais a en effet envisagé de devenir golfeur professionnel et passé plusieurs étés aux États-Unis. En mars, sur les conseils du sénateur Lindsey Graham, le locataire de la Maison Blanche a donc invité Alexander Stubb à faire équipe avec lui au Trump International Golf Club de Palm Beach, un tournoi amateur dont le milliardaire s’est déclaré vainqueur, non sans vanter les qualités de jeu du Finlandais.

Déjà, cet homme politique expérimenté profite de la partie pour murmurer à l’oreille du chef de l’État américain, l’exhortant à adopter une position ferme sur l’Ukraine vis-à-vis de Moscou. Depuis, Alexander Stubb confesse recevoir des appels et des SMS à des heures tardives de la part de Donald Trump, pour parler de golf et de sujets plus sérieux.

Une rencontre qui a fait du discret Alexander Stubb un « intermédiaire clé pour les responsables européens » qui cherchent à influer auprès de Donald Trump dans les discussions sur la guerre en Ukraine. Fort de ce nouveau statut, il a été chargé de jouer les messagers pour les leaders européens sur le dossier auprès de Donald Trump. « Je peux communiquer à Trump ce que pensent les Européens ou Zelensky, puis je peux communiquer à mes collègues européens ce que pense Trump », explique-t-il au Wall Street Journal.

Lors de ce fameux tournoi de golf à Palm Beach, il révèle aussi que Donald Trump lui aurait demandé s’il pouvait faire confiance à Vladimir Poutine. Réponse sans détour de celui qui est partisan de la manière forte à l’égard de Moscou et préconise des sanctions plus sévères : non.

Une relation qui lui permet aussi d’arrondir les angles. Comme après le clash entre le locataire de la Maison Blanche et Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale le 28 février dernier. En juillet, ce dernier a remercié son homologue finlandais de l’avoir aidé à renouer la communication. De quoi justifier largement la présence d’Alexander Stubb pour la rencontre qui s’annonce sous tensions alors que Donald Trump a l’intention de faire pression sur le dirigeant ukrainien pour parvenir à un accord de paix avec Moscou.

Pas de représentant polonais

Lui brille par son absence : le Premier ministre polonais Donald Tusk n’est pas du voyage. Comment l’interpréter alors que la Pologne est un soutien de premier plan de l’Ukraine depuis le début de la guerre en 2022 ?

Mercredi dernier déjà, c’est le président Karol Nawrocki, élu en juin, qui avait pris part à la visioconférence aux côtés des autres dirigeants européens et de Volodymyr Zelensky en amont de la rencontre du président américain avec Vladimir Poutine en Alaska, selon l’agence Reuters. Et ce, à la place de Donald Tusk comme prévu initialement. Une demande expresse de la Maison Blanche, selon le Premier ministre centriste. Lors d’une conférence de presse, l’ancien président du Conseil européen a expliqué avoir été informé que « la partie américaine préférait que la Pologne soit représentée par le président dans ces contacts avec le président Trump ».

Allié du mouvement populiste MAGA, le nouveau président conservateur polonais, apparaît clairement plus en phase avec le président américain. Un choix qui peut sembler logique donc. Sauf que lui non plus n’est pas présent ce lundi à Washington.

Cette absence de représentation polonaise a suscité des critiques dans le pays. Interrogé sur le sujet dans les médias nationaux, le porte-parole de la présidence a assuré que la voix de la Pologne était malgré tout dans ces discussions et rappelé que le président polonais se rendrait à Washington le 3 septembre et qu’il « discutera ensuite avec le président Trump des questions de sécurité, y compris des questions liées à l’Ukraine ».

De son côté, le vice-ministre des Affaires étrangères Wladyslaw Bartoszwski a tenu à souligner que concernant le protocole diplomatique, « les présidents américains n’ont jamais rencontré régulièrement les Premiers ministres polonais. La Pologne est un pays de taille moyenne et ne jouit pas de l’influence internationale de l’Allemagne ou du Royaume-Uni. C’est la réalité. Et le président finlandais s’est lié d’amitié avec le président Trump ».

La présence d’un Européen capable de jouer les intermédiaires avec Donald Trump a donc peut-être être coûté sa place à un représentant polonais.

Source: RFI

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