La prise en charge de la fistule obstétricale était au cœur d’une rencontre régionale de partage d’expériences, ce jeudi 22 mai 2025, à Abidjan, dans l’optique de stimuler de nouvelles techniques de prévention, de traitement et d’élimination de cette pathologie.
Depuis deux jours, notamment du 22 au 23 mai 2025, des experts chirurgiens de la sous-région, des représentants des ministères en charge de la Santé et de la Femme, des ONG, des partenaires techniques et financiers, et les spécialistes de l’UNFPA, se penchent sur la prise en charge de la fistule obstétricale.
A l’ouverture des travaux, Mme Cécile Compaoré Zoungrana, représentante résidente de l’UNFPA Côte d’Ivoire, a indiqué que les résultats de l’élimination de la fistule obstétricale en Côte d’Ivoire sont « appréciables ».
Avec une baisse de la mortalité maternelle de 37% en dix ans, de 614 à 385 pour 100 000 naissances vivantes entre 2012 et 2021, et de la mortalité infantile estimée à 52 pour 1 000 naissances vivantes en 2021, la Côte d’Ivoire enregistre des progrès, a-t-elle fait observer.
Elle a noté également un « recul substantiel » des déterminants de la fistule obstétricale, notamment au niveau des mariages précoces et des mutilations génitales, avec des taux qui sont respectivement passés de 36 % en 2016 à 23 % en 2021 au niveau national.
En dépit de ces résultats, elle a déclaré que la pathologie est encore « trop présente » en Côte d’Ivoire comme dans de nombreuses régions d’Afrique, appelant au renforcement des programmes de santé maternelle, la multiplication des centres de traitement de la fistule.
Mme Cécile Compaoré Zoungrana encourage, par ailleurs, les Etats à mettre l’emphase sur la formation des professionnels de santé ainsi que l’inclusion de cette question dans les politiques publiques de santé, de développement et de protection sociale.
Mme Kim Yesong, la représentante pays adjointe de KOICA, l’agence coréenne de coopération internationale, a souligné l’importance « de passer du traitement à la prévention », affirmant que l’éradication de ce mal demande un effort collectif de tous les partenaires.
De son côté, la ministre ivoirienne de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Mme Nassénéba Touré, a précisé que la conférence s’inscrit « dans un élan mondial, soutenu par la Cédéao, dont la résolution du 8 juin 2018 invite les États membres à renforcer leur engagement politique, à investir et à mobiliser des ressources pour éradiquer la fistule obstétricale. »
Selon la ministre Nassénéba Touré, grâce au partenariat avec l’UNFPA et au financement continu de la KOICA, plus de 16 millions de dollars ont été investis entre 2012 et 2024. Ces efforts ont permis de renforcer le système de santé national et de créer neuf centres de prévention.
Ces appuis ont permis également la prise en charge de patientes, de renforcer la formation des prestataires, d’impliquer davantage les communautés et de traiter environ 4 409 femmes atteintes de fistules obstétricales, a-t-elle affirmé.
Malgré les progrès réalisés, Mme Nassénéba Touré a déploré la « persistance des défis », relevant que jusqu’en 2018, entre 600 000 et 1 million de femmes étaient en attente de traitement en Afrique de l’Ouest et du Centre, auxquelles s’ajoutent des difficultés de réinsertion, faute de ressources.
En Côte d’Ivoire, la prévalence de cette pathologie est estimée à 1 % chez les femmes en âge de procréer, soit environ 74 000 femmes vivant avec cette maladie, a fait savoir Mme Nassénéba Touré.
Elle a insisté sur l’urgence de poursuivre les approches de prévention et de prise en charge, en privilégiant un partenariat élargi, d’abord entre pays africains, en maintenant une coopération étroite avec les pays qui disposent déjà d’une expérience avérée en la matière.
M Soro Kountélé Gona, directeur de cabinet, représentant le ministre de la Santé, a salué les experts venus de dix pays de la sous-région, « dans un esprit de coopération Sud-Sud et de partage d’expériences », afin que la fistule obstétricale, considérée comme une fatalité, soit prise en charge partout.
Il a souhaité que de ces échanges sortent des recommandations que « le ministre tient à considérer comme sa feuille de route pour accompagner tous ces experts et pour aider toutes ces femmes qui souffrent dans leur chair de la fistule obstétricale. »
AP/Sf/APA