RDC : sommet africain alors que l’accord de Washington vacille

Treize chefs d’État ont participé virtuellement à une réunion consacrée à la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, au moment où l’accord de paix de Washington est remis en cause. 

Les dirigeants de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) ont tenu mercredi un sommet extraordinaire virtuel pour renforcer le processus de médiation africain dans la crise de l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Le sommet, coprésidé par le président kenyan William Ruto et son homologue zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, a réuni treize chefs d’État et de gouvernement, dont les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.

Cette réunion intervient alors qu’une guerre de communiqués s’est engagée depuis plusieurs jours entre les protagonistes du conflit dans l’Est de la RDC. Chacun rejette les rapports onusiens l’impliquant, ce qui met en péril un accord négocié sous l’égide de partenaires internationaux et destiné à protéger les populations civiles.

L’Alliance fleuve Congo (AFC/M23) a réfuté vendredi dernier les conclusions du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), qui l’accusent d’avoir tué entre 169 et 319 civils entre le 9 et le 21 juillet dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Le mouvement parle d’allégations « non fondées » et « politiquement motivées », dénonçant une « méthodologie défaillante ».

Mardi, l’armée congolaise a accusé l’AFC/M23 de commettre des « massacres ciblés » contre des civils, principalement Hutu, au Nord-Kivu, et d’attaquer à plusieurs reprises ses positions au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Les FARDC dénoncent une « violation intentionnelle » de l’accord de paix de Washington et de la déclaration de principes de Doha.

Le gouvernement rwandais a également récusé les accusations du HCDH affirmant que les Forces de défense du Rwanda (RDF) auraient participé au meurtre de 319 civils dans des fermes situées dans l’est de la RDC. Kigali qualifie ces allégations de « fausses » et « sans aucune preuve ».

Face à cette escalade, les dirigeants ont nommé l’ancien président botswanais Mokgweetsi Masisi au Panel de facilitateurs chargé de guider le processus de résolution du conflit. Cette nomination s’inscrit dans la continuité des précédents sommets conjoints de février et mars 2025.

Le sommet a entériné la fusion des structures EAC-SADC et de l’Union africaine (UA) pour créer un mécanisme unifié de médiation. Un secrétariat technique conjoint, dirigé par la Commission de l’UA à Addis-Abeba, sera mis en place pour opérationnaliser cette nouvelle structure.

Les dirigeants ont approuvé plusieurs documents-cadres, notamment les termes de référence du Panel de facilitateurs à cinq membres, le processus de médiation inclusive pour l’est de la RDC et la structure du secrétariat indépendant de soutien.

Le sommet a salué les initiatives en cours, notamment les Accords de Washington 2025 et la Déclaration de Doha 2025, tout en appelant à leur complémentarité avec le processus mené par l’Afrique. L’accord de Washington, signé pour une durée indéterminée mais résiliable avec un préavis de 60 jours, devait renforcer la protection des civils et préparer un sommet des chefs d’État pour consolider la paix dans la région.

L’AFC/M23 exige le retrait immédiat du rapport onusien, des excuses publiques et l’ouverture d’une enquête indépendante, tout en affirmant rester « engagé à protéger les populations civiles ». Dans une région où le M23, accusé par Kinshasa d’être soutenu par Kigali – ce que le Rwanda nie –, contrôle de vastes zones depuis 2021, la situation pourrait rapidement échapper au cadre de l’accord.

Les participants ont mandaté la Commission de l’UA pour mobiliser immédiatement les ressources, y compris l’aide humanitaire, et coordonner avec les autres initiatives en cours. Ils ont également félicité les présidents Tshisekedi et Kagame pour leur engagement dans la voie du dialogue.

Cette réunion fait suite aux résolutions du Conseil de paix et de sécurité de l’UA du 14 février 2025 et à la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU du 21 février 2025, qui soulignaient la nécessité d’efforts concertés pour résoudre la crise sécuritaire dans l’est de la RDC.

AC/Sf/APA

Source: APANEWS

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