RDC : Maria Masson, une vie au service des plus vulnérables du Sud-Kivu

Il y a un an, la nouvelle de son décès avait ému profondément la population du Sud-Kivu.

Maria Masson, infirmière belge et figure emblématique de l’action humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo, s’est éteinte le 26 mai 2024 à Bukavu, où elle résidait depuis plus de quatre décennies.Pendant deux jours, une foule nombreuse s’est pressée à la cathédrale pour lui rendre un dernier hommage, avant qu’elle ne soit inhumée au cimetière de Mwanda-Katana, au bord du lac Kivu.

Née le 6 janvier 1941 à Thirimont, dans la province de Liège (Belgique), Maria Masson grandit à la ferme familiale avant de s’orienter vers les soins infirmiers. Après des études à l’Institut Sainte-Julienne de Liège, elle complète sa formation par une licence en sciences médico-sociales et en gestion hospitalière à l’Université Catholique de Louvain en 1972. Elle exerce notamment comme infirmière-chef à Stavelot, jusqu’au tournant décisif de sa vie : en janvier 1980, à l’appel de l’évêque de Bukavu, elle part pour le Congo.

Installée au Sud-Kivu, Maria Masson rejoint d’abord le Centre OLAME, une structure locale d’action médico-sociale, avant de prendre en 1982 la direction du Bureau Diocésain des Œuvres Médicales (BDOM). Elle y consacrera 35 ans de sa vie à reconstruire un système de santé à genoux.

Sous son impulsion, 13 hôpitaux généraux, 8 centres hospitaliers et plus de 100 centres de santé ruraux — dont 40 maternités — sont réhabilités ou créés. Maria Masson initie également de nombreux projets innovants : fabrication de biscuits nutritionnels, unité de production pharmaceutique, mutuelles de santé, panneaux solaires pour les dispensaires isolés, et même un foyer pour enfants des rues accusés à tort de sorcellerie.

On estime que plus de 1,3 million de personnes ont bénéficié de son action sur les plans médical et social. Elle a également contribué à la formation de dizaines de médecins, de centaines d’infirmiers et d’agents de santé communautaires. Elle a su fédérer autour d’elle un solide réseau de médecins bénévoles et de donateurs, en Belgique, en Allemagne et dans toute l’Europe.

« Elle ne venait pas imposer, mais construire avec nous », témoigne un ancien collaborateur du BDOM. «Elle a toujours agi dans le respect, la discrétion et avec une efficacité remarquable.»

Même après sa retraite en 2017, Maria Masson refuse de quitter Bukavu. Elle s’engage auprès des personnes âgées en grande précarité, à travers l’association Wawa Wetu (“nos vieux”), qu’elle anime avec des jeunes de la région pour améliorer le quotidien des aînés sans ressources.

Discrète, tenace, profondément croyante, elle était considérée comme une mère par beaucoup de ceux qu’elle a accompagnés. Sa foi chrétienne a nourri un engagement sans relâche au service des plus fragiles, dans une région marquée par les conflits armés et la misère.

Aujourd’hui, son nom reste associé à un pan essentiel de l’histoire médicale et sociale de la région du Sud-Kivu. Maria Masson repose désormais à Mwanda-Katana, non loin de ceux pour qui elle a tout donné.

Source:Fratmat.info

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